Après l’empêchement d’un avion algérien de survoler le territoire saoudien, Alger calme le jeu

Après l’empêchement d’un avion algérien de survoler le territoire saoudien,  Alger calme le jeu

d-alger-calme-le-jeu-bd29f.jpgIl aura fallu une protestation ferme du ministère algérien des Affaires étrangères pour que la situation se dénoue sans fracas diplomatique. Le nuage qui a plané sur la relation algéro-saoudienne a fini par se dissiper après une journée de haute tension entre Alger et Riyad.

Depuis le dernier Sommet de la Ligue arabe à Charm Al-Cheikh en Égypte, qui a vu la création, sous l’impulsion de l’Arabie saoudite, de l’armée panarabe d’intervention au Yémen, entre Alger et Riyad, c’est le froid. Ayant vraisemblablement vécu le refus de l’Algérie de souscrire à l’intervention militaire au Yémen comme un crime de lèse-majesté, le royaume d’Arabie saoudite s’est illustré dans une attitude outrancièrement vengeresse dès la première occasion qui s’était présentée à lui.

Et cette occasion s’était justement présentée jeudi dernier, jour où l’Algérie a dépêché un avion spécial pour rapatrier ses ressortissants depuis la capitale yéménite, Sanaâ. Les Saoudiens, qui se sont engagés militairement au Yémen, ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour rendre la mission algérienne difficile, voire carrément la faire capoter. Il aura fallu une protestation ferme du ministère algérien des Affaires étrangères pour que la situation se dénoue sans fracas diplomatique. Le nuage, qui a plané sur la relation Alger-saoudienne, a fini par se dissiper, après une journée de haute tension entre Alger et Riyad. Il faut dire que ni l’une ni l’autre des deux capitales n’a souhaité l’escalade. Les autorités algériennes, qui ont vivement protesté auprès des autorités saoudiennes, ont décidé de considérer l’incident comme clos, apprend-on d’une source proche du ministère des Affaires étrangères.

Les choses ont d’ailleurs repris leur cours normal dès samedi. Les dessertes d’Air Algérie vers l’Arabie saoudite ont repris normalement. Les plans de vol pour les hadjis ont été maintenus. Dimanche, plusieurs avions ont décollé depuis les aéroports algériens.

Le film de l’incident

Suite à la dégradation de la situation sécuritaire au Yémen, où l’aviation militaire saoudienne est intervenue contre les positions de la rébellion houtie, l’Algérie, qui avait mis en place une cellule de crise pour suivre l’évolution de la situation, prend la décision de rapatrier ses ressortissants par avion spécial. Comme il s’agit d’un vol spécial, il fallait solliciter l’autorisation de survol des territoires tunisien, maltais, égyptien et saoudien. Chose qui a été faite. Mercredi soir, apprend-on de bonnes sources, toutes les autorisations ont été obtenues. Y compris celle concernant le survol du royaume d’Arabie saoudite. Jeudi, l’avion d’Air Algérie, un A330, décolle de l’aéroport international d’Alger en direction de la capitale yéménite, Sanaâ. Tout se déroule normalement jusqu’après le survol d’une bonne partie du territoire saoudien.

Alors que l’équipage se préparait à mettre le cap sur Sanaâ selon le plan de vol retenu, le contrôle saoudien lui signifie l’interdiction de survol de territoire et le somme de rebrousser chemin. L’équipe, surprise par l’interdiction, alors que l’autorisation de survol du territoire saoudien avait été obtenue la veille, décide d’atterrir au Caire. À Alger, l’état est en état d’alerte. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, prend attache avec son homologue saoudien, l’émir Saoud Ben Faycal Ben Abdelaaziz Al-Saoud, auprès duquel il sollicite des explications. Le ton chez Lamamra est ferme.

L’incident provoqué par les autorités saoudiennes est d’une gravité telle que la présidence de la République, à travers le ministre d’État, le directeur de cabinet à la Présidence, Ahmed Ouyahia, s’est mobilisée. La réaction algérienne fera fléchir les autorités saoudiennes qui affichèrent une meilleure attitude. Mais cela ne rattrape pas le mal causé. L’avion algérien  et son équipage resteront immobilisés au Caire jusqu’à samedi. La cause ? Une tempête de sable qui s’était levée au Caire et à Sanaâ rendait le décollage de l’avion et son atterrissage dans la capitale yéménite impossible.

Finalement, le ciel s’est dégagé samedi, et l’avion a pu quitter Le Caire, atterrir à Sanaâ et regagner Alger le jour même avec à son bord, comme on le sait, 160 passagers. À l’arrivée des rapatriés à Alger, le ministre algérien des Affaires étrangères a reconnu les conditions difficiles dans lesquelles a eu lieu cette mission de rapatriement. Des conditions difficiles au double plan sécuritaire et climatique.

S. A. I.