Après l’élection de saïdani à la tête du FLN, Benbouzid pressenti pour prendre la direction du RND Chronique d’une «troisième voie» annoncée

Après l’élection de saïdani à la tête du FLN, Benbouzid pressenti pour prendre la direction du RND Chronique d’une «troisième voie» annoncée
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Ceux qui lisent «Le Courrier d’Algérie» avec assiduité, doivent se souvenir que notre journal, il y a de cela quelques jours, avait déjà annoncé que Saïdani prendra la tête du FLN, et qu’il sera suivi de près par Benbouzid à la tête du RND (cela devrait se faire avant la fin de ce mois de septembre). Il avait également promis que des explications relatives à ce scénario pour le moins inattendu et intriguant seront fournies dans une prochaine édition. Dont acte…

Il est quasi acquis aujourd’hui que le chef de l’État ne briguera pas un quatrième mandat. Et cela n’est pas seulement lié à son état de santé. «Au regard de ce qui se passe autour de nous, en effet, le retour à l’alternance au pouvoir est devenu une nécessité quasi incontournable », nous expliquent plusieurs acteurs politiques de premier plan, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat.

La question, la seule, la vraie, qui se pose, donc, est donc celle de savoir qui pourrait avoir le maximum de chance de succéder à Abdelaziz Bouteflika et même d’avoir quelque chance de préserver et de renforcer tous les acquis qu’il nous laisse. Car, il faudrait vraiment être myope, et ingrat en sus, pour oser affirmer de manière péremptoire aujourd’hui que le bilan de l’actuel chef de l’État serait catastrophique.

Pour ne citer que quelques acquis, car là n’est pas le propos du moment (à ceci près que les plumes nécrophiles qui se plaisent à tirer sur les ambulances donnent l’air d’avoir la peau vraiment dure, d’autant que ce sont toujours les meilleurs qui s’en vont), citons l’autoroute Est- Ouest, le nouvel aéroport d’Alger, la formule AADL (qui abrite pour une bouchée de pain, par exemple, une bonne partie des journalistes qui tirent présentement sur Bouteflika), le tramway, le métro…

LG Algérie

Il n’est pas nécessaire, en revanche, de parler de rétablissement de la paix civile, car la manière avec laquelle cela avait été fait (et nous faisions partie de ceux qui avaient dénoncé cela en son temps, contrairement à tous ceux qui applaudissaient durant cette période le roi du moment avant de se mettre à lui tirer dessus aujourd’hui, croyant que son temps est fini et que ses jours sont comptés), a permis aux intégristes de reprendre du poil de la bête au détriment des démocrates et des laïcs.

Bref, les spéculations vont bon train par rapport à la personne idoine qui aurait quelque chance de succéder à Bouteflika. Est-il envisageable que cela soit un islamiste, afin de ne pas faillir à cette « règle » choisie par nos voisins, en butte à ce maladif printemps arabe ?

Certainement pas. Non pas seulement parce que l’Algérie, qui a déjà connu son printemps, est définitivement vaccinée contre le risque d’une poussée de fièvre islamiste, mais aussi et surtout parce que les derniers scrutins, relativement libres et transparents, avaient bien montré que ce courant a fini par s’effilocher au sein de la société algérienne.

Ni Saâd Abdallah Djaballah le président du FJD, ni Abderrezak Mokri chef de file du MSP ne peuvent espérer décrocher le jackpot, estiment ainsi plusieurs sources. Il en va de même pour le «patron» du TAJ, Amar Ghoul.

Autant la naissance de son parti avait été gargantuesque, et prédisait que son parti succèderait au RND en devenant la seconde formation politique à naître en Algérie avec des moustaches, autant ses résultats lors des derniers scrutins ont été décevants, cela même si Ghoul et les siens avaient mis le paquet, n’hésitant pas très souvent à mettre la main à la poche autant de fois que nécessaire.

ENTRE COUPS DE THÉÂTRE ET OUTSIDERS EN EMBUSCADE

Les mêmes observateurs estiment, par ailleurs, que Mouloud Hamrouche, qui s’est gardé «en réserve de la République», fait désormais partie de cette vieille génération appelée à céder sa place aux générations montantes.

Quant à Ali Benflis, son silence qui a perduré pendant près d’une dizaine d’années a fini par le faire disparaître des écrans-radars. Preuve en est qu’il n’a même pas eu droit de cité dans cette homérique crise qui a déchiré le FLN pendant de nombreux mois alors qu’il aurait pu en être l’arbitre et le sauveteur.

Et c’est à la faveur de tous ces « attendus» que l’on peut aborder de manière plus sereine et, surtout, plus lucide, la raison qui a fait tomber le choix sur un Amar Saïdani, particulièrement controversé pour prendre la tête du FLN. Tout porte à croire, en effet, et c’est là que réside le machiavélique paradoxe, que c’est justement l’impopularité de ce monsieur qui a prévalu dans le choix.

Cela permet de facto de «neutraliser » la formidable machine électorale du FLN, en attendant de la mettre en marche en faveur d’une… troisième voie. Car, et la confirmation de cette lecture, renforcée par plusieurs sources dignes de foi, lorsque le RND, seconde force politique du pays, se sera à son tour doté d’un nouveau secrétaire général.

Cela devrait se faire dans le courant de ce mois, et le choix devrait porter sur Abou Bakr Benbouzid, le bourreau de l’école algérienne, un homme également très impopulaire au sein de la société algérienne.

Reste donc à se demander pour qui pourraient rouler ces deux formations politiques dirigées par des hommes «imprésidentiables»… Les cas Belkhadem et Ouyahia s’avèrent ainsi tout aussi symptomatiques qu’énigmatiques.

L’un a été «chassé» via la voie des urnes et continuait de s’accrocher jusqu’à un passé très récent, alors que l’autre a claqué la porte sans jamais préciser si son rendez-vous avec son destin avait été annulé.

Ni l’un ni l’autre, de par leurs parcours respectifs, ainsi que leurs couleurs politiques, ne sauraient prétendre bénéficier du soutien du FLN et du RND en même temps, et encore moins espérer se draper de l’habit spécifique du futur «candidat consensuel». Ne reste alors que la piste Sellal.

L’homme, en train de sillonner le territoire national, distribuant à chaque fois de très conséquentes rallonges budgétaires, se trouve peutêtre en pleine pré-campagne électorale.

L’homme, qui a les faveurs des hauts responsables de l’État, et que rue ne rejette pas (atout incommensurable de nos jours chez nos hommes politiques), jouit également d’un atout de taille, celui d’être non partisan, et donc de prétendre décrocher les soutiens du FLN et du RND en même temps.

Il s’agit là d’un scénario fort plausible, qui a donc toutes les chances de se concrétiser sur le terrain. Reste à se demander si c’est le bon, si de nouveaux rebondissements ne sont pas au programme, et si des «outsiders » de dernières minute ne sont pas tapis, prêts à bondir et à s’imposer au moment voulu…

Wassim Benrabah