Quelques pays arabes se sont empressés de reconnaître le Conseil national de transition (CNT), comme seule autorité légitime en Libye et ce, suite à l’effondrement du régime de Mouammar Kadhafi, notamment après l’entrée des troupes rebelles à Tripoli, la capitale.
Une attitude qui contraste, comme l’ont souligné beaucoup d’analystes, avec la position de l’Algérie, qui ne s’est pas prononcée pour le moment sur la situation dans ce pays voisin alors que la situation est allée s’accélérant ces denières heures. Cette attitude est, en soi, révélatrice de la difficulté qu’éprouve l’Algérie à s’adapter à ce nouveau contexte.
Il faut dire que depuis le début de la révolte en Libye, au mois de février dernier, l’Algérie a toujours eu des rapports «tendus» avec les animateurs de la rébellion regroupés au sein du CNT. Ces derniers ont, en effet, presque d’emblée déclenché les hostilités en s’attaquant à l’Algérie qu’ils accusent de soutenir le régime Kadhafi.
«Nous avons des morts algériens identifiés qui faisaient partie des troupes de Kadhafi», a affirmé à maintes reprises Abdelhafidh Ghoka, le vice-président du CNT. Cette accusation de l’envoi de mercenaires par l’Algérie a été une accusation récurrente.
Ce même responsable est allé jusqu’à affirmer que les rebelles ont également «des prisonniers algériens parmi les milliers de prisonniers arabes et des pays voisins». Le gouvernement algérien a dû apporter, à plusieurs reprises, des démentis aux déclarations des dirigeant du CNT. Le ministre des Affaires étrangères a fait, à ce sujet, plusieurs déclarations dans lesquelles il réfutait avec force ces
«accusations infondées» sur l’envoi de mercenaires algériens combattre aux côtés des troupes de Kadhafi. L’Algérie reçoit alors un soutien de poids lorsque le commandant du commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), le général de corps d’armée Carter F. Hanna a affirmé lors de sa récente visite à Alger qu’il n’existait pas de mercenaires envoyés par l’Algérie en Libye. Mais rien n’y fait, le CNT persiste et signe et les accusations se poursuivent en dépit de tous les démentis apportés par les autorités algériennes.
Ces dernières ont annoncé leur respect de la légalité internationale puisqu’elles ont scrupuleusement appliquées les décisions de l’Onu portant sur l’embargo sur la Libye. Cette campagne contre l’Algérie s’est poursuivie même lorsque les troupes rebelles ont pénétré à Tripoli, comme l’attestent ces informations colportées par certains organes selon lesquelles le guide libyen se serait enfui en Algérie.
Des informations vite démenties. Cette campagne a eu, à l’évidence, des effets néfastes, puisque dès l’entrée des rebelles dans la capitale Tripoli, l’ambassade d’Algérie a été attaquée par «une bande d’individus qui a emporté plusieurs véhicules appartenant à la mission», a indiqué le ministère des Affaires étrangères.
Le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a de suite adressé une correspondance au secrétaire général des Nations unies pour «prendre les mesures nécessaires afin d’assurer la protection des diplomates et des locaux de la mission algérienne ainsi que ses biens, conformément aux règles du droit international» ; Un incident qui prouve que les relations entre l’Algérie et son voisin de l’Est, maintenant qu’il est quasi certain que les rebelles du CNT sont en train de prendre le pouvoir en Libye, seront compliqués, à tout le moins les premiers temps.
Les dirigeants du CNT, qui sont en train d’être reconnus par tous les pays arabes, comme cela a déjà été le cas avec la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, la Jordanie, le Qatar et l’Autorité palestinienne, vont certainement en vouloir à l’Algérie pour n’avoir pas fait de même.
Car, jusqu’à hier, et à l’heure ou nous mettons sous presse, l’Algérie n’avait pas encore reconnu le CNT en tant que gouvernement légitime en Libye, même s’il est vrai que la situation restait encore confuse dans ce pays. De toutes les manières, la diplomatie algérienne, qui a de tout temps prouvé ses capacités à gérer des situations bien plus complexes, a sûrement de bonnes raisons d’adopter une telle position.
Kamal Hamed