Après l’effet de la dernière apparition d’Abdelaziz Bouteflika 4e mandat : les limites d’un scénario

Après l’effet de la dernière apparition d’Abdelaziz Bouteflika  4e mandat : les limites d’un scénario

Le scénario du 4e mandat appelle nécessairement des modifications. La toute indiquée, du moins la plus sage, est que la situation d’empêchement soit déclarée et le mandat écourté.

Un mandat de trop, le quatrième auquel Bouteflika a prétendu et obtenu en 2014, malgré les avertissements appuyés d’une l’opposition, justement, consciente des risques que cela comportait, l’est assurément. La preuve en est faite, si besoin est, avec l’image twittée par le Premier ministre français, Manuel Valls, qui montrait le président de la République physiquement diminué et, vraisemblablement, fort peu lucide pour assumer comme il se doit des charges aussi hautes que celles qui incombent à un chef d’État. Si “la scène de trop”, car c’en était vraiment une, autorise à conclure qu’il ne peut être question désormais d’un cinquième mandat, comme évoqué d’ailleurs, çà et là, elle ne manque pas aussi d’inviter à s’interroger sur l’accomplissement du mandat en cours. Un accomplissement qui n’est pas du tout évident, surtout que le mode de communication qui a permis, jusqu’ici, d’entretenir une visibilité du chef de l’État, dont la motricité en est réduite, depuis son accident vasculaire cérébral au printemps de l’année 2013, ne pourrait plus faire recette.

Car, à moins de prendre le risque d’aggraver le sentiment de vacance du pouvoir fortement répandu et largement partagé, on voit mal comment reproduire encore un mode opératoire dont le revers, tout récemment éprouvé, s’est avéré plus dévastateur que les critiques  acerbes de l’opposition réunie. C’est là, d’ailleurs, la nouvelle et, certainement, la plus pénible des difficultés à laquelle les détenteurs actuels de la décision politique se retrouvent  confrontés, eux, qui s’entêtent à repousser l’idée d’une éventuelle anticipation de passage de relai. Il leur est, certainement, difficile de sortir du dilemme épineux dans lequel ils se retrouvent, à savoir leur désir de maintenir et donc entretenir le statu quo pendant que la situation leur recommande plutôt de mettre en marche une option alternative. Mais, ont-ils vraiment d’autres choix que de se plier à cette contingence politique qui, visiblement, est intervenue au moment où ils l’attendaient le moins, sinon pas du tout.

Par le dommage collatéral qu’elle a entraîné, la visite du Premier ministre français, déjà problématique, puisqu’elle devait intervenir dans le sillage des révélations des Panama Papers, qui impliquent, pour ne citer que lui, le ministre de l’Industrie et des Mines, et largement traitées par la presse de l’Hexagone, les a plus desservis que servis. En ce sens qu’elle évacue  désormais la possibilité de se servir à nouveau de l’image de Bouteflika recevant en audience  en guise d’illustration aux propos qui décrivaient un chef d’État hautement lucide car “travaillant avec sa tête et non avec ses pieds”, pour paraphraser un ex-ministre. Le scénario du 4e mandat appelle, nécessairement, des modifications. La toute indiquée, du moins la plus sage, est que la situation d’empêchement soit déclarée et le mandat écourté. Une décision pas si simple à prendre, ne serait-ce que parce qu’elle donnerait finalement raison à ceux, partis et organisations de la société civile, qui ont alerté sur les risques de ce mandat, jugé, à raison, de trop. Mais, en même temps, quelle magie pourrait-assurer la prolongation sans risque du mandat jusqu’à son terme, soit jusqu’en 2019, avec un Président qui non seulement ne s’adresse pas directement à son peuple, mais aussi ne se déplace pas et, qui plus est, se soustrairait aux caméras ?