Après l’«échec» du dialogue avec la ministre, elle tient aujourd’hui une réunion décisive : L’Intersyndicale de l’éducation opte pour la radicalisation

Après l’«échec» du dialogue avec la ministre, elle tient aujourd’hui une réunion décisive : L’Intersyndicale de l’éducation opte pour la radicalisation

Houria Moula

Le secteur de l’Education va renouer avec la protesta et c’est vers la radicalisation que le mouvement se dirige. Les syndicats autonomes se sont fixés rendez-vous, aujourd’hui au siège de l’Unpef à Alger, pour décider des suites à donner au mouvement initié le 21 janvier. Mais, tout porte à croire qu’il ne s’agit que d’une simple formalité pour valider un plan d’action et fixer la date et les modalités de son application sur le terrain. Le Cnapeste a donné le ton hier en annonçant la décision adoptée par son conseil national réuni samedi.

Analysant la situation qui prévaut dans le secteur, le syndicat estime qu’elle « prélude à une explosion sur le terrain ». «Devant les dangers qui menacent les acquis des enseignants, l’arbitraire de l’administration, le silence du ministère de tutelle et l’absence d’un dialogue sérieux pouvant mener à la prise en charge des revendications, le conseil national a décidé d’une grève dans le cadre de l’Intersyndicale de l’Education nationale», écrit ce syndicat représentatif dans un communiqué, ajoutant que « la date et les modalités seront décidées ultérieurement ». L’adhésion du Cnapeste, qui n’a pas observé le mot d’ordre de grève le 21 janvier, est de nature à faire basculer les établissements scolaires dans une paralysie totale.

Lors de cette grève, le taux de participation avait à peine avoisiné les 9% selon le ministère, rappelle-t-on. Le Cnapeste justifie sa décision par « le musèlement des libertés syndicales par le ministère de l’Education » et

«les dépassements et entraves contre des enseignants dans plusieurs wilayas et « les décisions unilatérales de la tutelle sur plusieurs questions sans recourir aux partenaires sociaux ». La réunion de l’Intersyndicale, composée de l’Unpef, le Cnapeste, le Satef, le Snapest, le Snte et le Cela, n’a, de l’avis de Boualem Amoura, pas d’autre choix que d’adopter un plan d’action.

Le secrétaire général du Satef ne voit aucune alternative à la grève. « Nous allons nous réunir pour décider d’une action de protestation.

Au sein de la base militante, la tendance penche vers la radicalisation », affirmait hier le syndicaliste, joint par nos soins. Amoura justifie la position par l’échec des réunions avec la tutelle. « Les P-V des réunions bilatérales avec le ministère n’ont rien apporté de nouveau. Nous sommes toujours face aux mêmes revendications », explique-t-il, ajoutant qu’« après ce dialogue, il ne peut y avoir d’autre choix que la radicalisation ». C’est le même sentiment que partage Sadek Dziri de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef), pour qui, les travailleurs sont déjà prêts pour d’autres actions après l’avertissement du 21 janvier.

Commentant la décision du Cnapeste, le président de l’Unpef dira : « Nous ne pouvons qu’applaudir. Nous concernant, nous avons déjà consulté la base et décidé de recourir à la protesta et tous les membres de l’Intersyndicale étaient dans l’attente du Cnapeste qui était retenu par son conseil national ». Sadek Dziri, contacté hier, considère que « le dialogue avec la tutelle n’a pas donné satisfaction, les revendications sont les mêmes et rien n’a changé puisque les problèmes ne sont pas pris en charge ». Le syndicaliste rappelle en outre que la grève du 21 janvier « était un avertissement » et du moment que le ministère de l’Education n’a montré aucune volonté à solutionner les problèmes, « on se dirige vers la radicalisation du mouvement».

Interrogé sur les propos de Benghebrit, qui affirme que les portes du dialogue restent ouvertes et que certaines revendications ne relèvent pas de ses prérogatives, il répond que « le ministère fuit ses responsabilités en se justifiant avec la couverture du gouvernement». Ceci dit, la ministre « n’a fait aucune démarche auprès du gouvernement justement pour avoir des réponses à nos doléances», note-t-il, non sans rappeler que les syndicats de l’éducation sont limités à ce secteur et «nous sommes donc obligés de discuter avec notre tutelle qui, elle, doit transmettre au gouvernement nos revendications». Sinon, estime Dziri, «on restera dans un cercle vicieux».