Les islamistes ne perdent pas espoir de pouvoir réussir à se serrer les coudes pour faire cause commune. En annonçant un deuxième conclave de trois jours les 19, 20 et 21 de mois dans la commune d’Echât, dans la wilaya d’El Tarf, Abdallah Djaballah, le chef de file de cette initiative, fait savoir que lui et ses ouailles sont déterminés à constituer un «front de refus» pour peser, espère-t-il, sur la décision politique.
Lors d’une conférence de presse qu’il a organisé lundi au siège de son parti «El Adala», Djaballah s’est présenté en maitre de cérémonie pour appeler à cette « rencontre nationale de consultation sur l’Algérie d’aujourd’hui et demain». Tout un programme politique qui devrait s’appuyer d’après lui sur «ceux qui sont concernés par le projet islamiste sans distinction ni favoritisme».
Il est donc clair que cette initiative qui se veut trans-partisane, vise en définitive à mettre en place un bloc islamiste capable de s’imposer comme un partenaire incontournable vis-à-vis du pouvoir. C’est en quelque sorte une manière subtile de tenter un rassemblement des troupes islamistes en dehors des chapelles partisanes. Cela, même si Abdallah Djaballah se défend de vouloir substituer cette incitative aux partis politique existants.
Et à ceux qui l’accusent de vouloir faire une OPA sur ce projet après l’échec de son parti à s’imposer sur la scène politique, Djaballah, soutient qu’il « y a pas de place aux intérêts personnels étroits» dans cette initiative.

Djaballah en promoteur
Dans sa volonté de ratisser le plus large possible et de convaincre les récalcitrants de le rejoindre, le chef d’El Adala brandit les slogans chers aux islamistes. «Notre objectif est de travailler pour redorer le blason de l’islam, la gloire de la Oumma, le développement de la patrie et la force de l’Etat» a-t-il asséné devant les journalistes. Inutile de sortir de Saint-Cyr pour décrypter le message de Djaballah à savoir qu’il étale un véritable programme politique d’essence religieuse de prise de pouvoir.
Son ancien lieutenant, aujourd’hui cadre du parti Ennhada, Mohamed Boulahia s’est d’ailleurs trahi en décrétant séance tenante : «Les initiateurs ne voient pas de solution en dehors de l’islam pour régler les problèmes du pays». Ce fut, curieusement le slogan fétiche du FIS dissous qui avait mis l’Algérie à feu et à sang…
Boulahia en a profité pour inviter «ceux qui veulent faire redécoller l’Algérie» de rejoindre les initiateurs « pour concrétiser ce projet». Il a affirmé que cette initiative est ouverte «au courant nationaliste honnête», allusion au FLN et au RND, voire même aux laïcs avec lesquels il faut d’après lui dialoguer.
«L’islam est la solution»
Un propos qui a semblé froisser Djaballah, lequel a repris au vol que le projet est destiné «à ceux qui croient que l’islam est religion et Etat». Quoi qu’il en soit et au-delà de la nature clairement politique de cette initiative, Djaballah et ses troupes se donnent rendez-vous la semaine prochaine à El Tarf pour tenter de rassembler le maximum d’alliés.
En effet, la première rencontre organisée à Alger a été un fiasco, puisque Djaballah n’a reçu comme invités que ses proches collaborateurs et certaines personnalités islamistes en rupture de ban avec leurs partis respectifs.
Le MSP de Makri, le front du changement de Menasra, le mouvement el Binaa de Rebai n’ont pas jugé utile de se joindre à la table de Djaballah. Pis encore, Bouguera Soltani a flingué diplomatiquement son homologue en affirmant que «notre génération a échoué à rassembler le courant islamiste et qu’il fallait attendre la nouvelle génération. Il n’est pas sûr donc que Djaballah réussisse à El Tarf ce dont il a échoué à Alger.