«Les pouvoirs publics ont accordé des avantages qu’aucun citoyen au monde ne pouvait espérer. D’abord, la capacité d’acquérir le terrain qu’ils ont pris au moment où ils devraient être sanctionnés.
Les constructions sans permis destinées à être démolies auront des certificats de conformité. De plus, les bénéficiaires pourront contracter des crédits auprès des banques».
Les citoyens ayant construit des habitations sans permis de construire, ni même de titre de propriété vont bénéficier de toutes les largesses des pouvoirs publics. Cet état des lieux a été fait par l’inspecteur même de l’urbanisme au niveau du ministère de l’Habitat, Makhlouf Naït Saâda, lors de son intervention hier sur les ondes de la Radio nationale. Invité pour parler du parachèvement des habitations, Naït Saâda a implicitement reconnu le laisser-faire des autorités, qui n’arrivent pas à appliquer leurs propres lois, notamment dans un contexte caractérisé par des turbulences généralement liées à la question épineuse du logement. «Les pouvoirs publics ont accordé des avantages qu’aucun citoyen au monde ne pouvait espérer. D’abord, la capacité d’acquérir le terrain qu’ils ont pris au moment où ils devraient être sanctionnés. Les constructions sans permis destinées à être démolies auront des certificats de conformité. De plus, les bénéficiaires pourront contracter des crédits auprès des banques», a-t-il expliqué. Dans le cadre de la loi sur le parachèvement des habitations, plus de 50 000 dossiers de régularisation de logements ont été déposés en vue de l’obtention du certificat de conformité au niveau des APC, a confirmé Naït Saâda.
Tout en mettant en avant les vertus de l’achèvement des constructions, l’inspecteur de l’urbanisme a affirmé que «beaucoup de constructions sont réalisées sans permis de construire ni titres de propriété, soit sur des terrains publics de l’Etat, soit sur des terrains communaux et privés». Constatant que cette spirale qui consiste à promulguer des lois interdisant les constructions illicites, puis l’adoption quelques années plus tard de textes permettant aux contrevenants de régulariser leur situation risque de se perpétuer en donnant des idées à d’autres citoyens, l’invité de la rédaction a reconnu l’existence du risque. «C’est vrai que c’est un risque», a-t-il admis, en justifiant que la finalité de cette procédure «incite à un minimum de civisme de la part des citoyens, notamment en matière de parachèvement externe des habitations».
Evoquant le sujet des habitats précaires, l’hôte de la Chaîne III les évalue à 560 000, répartis en 3 types. «Il existe 92 000 bidonvilles à l’échelle nationale», a fait savoir Naït Saâda qui explique que les autres types de construction précaires représentent du bâti sans chaînage et aussi le vieux parc des wilayas du Sud.
L’autre volet évoqué par l’intervenant est celui des peintures utilisées sur les façades des habitations. En dépit de l’existence d’une charte de quatre teintes qui devraient être utilisées dans l’immobilier et ce, en fonction de la région, les constructeurs utilisent chacun selon son goût, la couleur à son gré, ignorant l’harmonie des teintes dans la ville.
Par Hafid Mesbah