La communauté internationale a accentué hier ses pressions sur lé régime de Bachar Al-Assad, qui recevait l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe pour défendre sa position, devenue intenable après le massacre de Houla attribué à ses forces armées.
Combien tiendra encore Bachar Al-Assad au pouvoir, maintenant que son régime est aux abois au vu de la multiplication des pressions internationales suite au massacre de civils à Houla, dont une bonne partie aurait été exécutés sommairement ? La question mérite d’être posée car de concert l’ONU et l’UE ont lancé hier des opérations visant à l’affaiblir davantage.
En effet, plusieurs pays de l’Union européenne, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie, ont décidé hier de coordonner l’expulsion des ambassadeurs de Syrie en poste dans leurs capitales. “L’idée est sur la table”, a indiqué un diplomate européen à l’AFP, alors que les ambassadeurs des 27 pays de l’UE devaient se réunir dans l’après-midi pour évoquer la situation en Syrie après le massacre de Houla qui a provoqué la mort de quelque 108 personnes, dont 49 enfants. La Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie sont passés à l’action en expulsant simultanément hier les diplomates syriens en poste dans leurs capitales. Pendant ce temps, le médiateur international Kofi Annan rencontrait le président syrien Bachar Al-Assad. Pour rappel, le Conseil de sécurité des Nations unies avait condamné samedi Damas pour les “bombardements par les chars et l’artillerie gouvernementaux” contre un quartier résidentiel de Houla, sans toutefois préciser si ce pilonnage avait causé un carnage. “Moins de 20 des 108 assassinats peuvent être attribués à des tirs d’artillerie et de chars”, a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Rupert Colville. Cependant, les habitants de Houla ont affirmé que “la plupart des autres victimes (…) ont été sommairement exécutées lors de deux incidents différents” qui ont été perpétrés par des “chabbiha”, les miliciens pro-régime. Rupert Colville a ajouté qu’“au moins une partie substantielle” du massacre “absolument abominable” de Houla “étaient des exécutions sommaires de civils, y compris de femmes et d’enfants”. “À ce stade, il semble que des familles entières ont été tuées dans leurs maisons”, a-t-il dit. Évidemment, Damas a de son côté nié l’implication de ses troupes.
À son arrivée lundi en Syrie, Kofi Annan s’était dit “horrifié” par ce massacre qui a mis encore un peu plus en péril son plan de paix. La trêve instaurée théoriquement le 12 avril en vertu de ce plan semble de plus en plus caduque avec 19 nouveaux morts hier dans la répression et de violents combats entre rebelles et soldats. “Ceux qui sont responsables de ces crimes brutaux devront en répondre”, avait déclaré Kofi Annan en référence au massacre au cours duquel une cinquantaine d’enfants ont été tués. Une commission conjointe armée-justice, chargée par Damas d’enquêter, doit publier ses conclusions aujourd’hui. La Russie, alliée de Damas, avait estimé que régime et rebelles étaient impliqués dans le massacre, arguant de la présence de blessures à bout portant en plus des tirs d’artillerie.
šMoscou, sous une pression croissante pour lâcher Damas, a pris ses distances, tout en accusant certains pays d’alimenter les violences en visant avant tout un changement de régime à Damas. Par ailleurs, le président français, François Hollande, a confirmé la tenue début juillet à Paris de la troisième conférence des “Amis du peuple syrien”, après que le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, ait réclamé à ces pays des “moyens efficaces d’autodéfense” pour faire face à la répression. Ceci étant, son chef de la diplomatie, Laurent Fabius, a réaffirmé au quotidien le Monde que Bachar Al-Assad “doit quitter le pouvoir”, excluant toutefois dans l’immédiat toute livraison d’armes à l’opposition. En 14 mois, les violences ont fait plus de 13 000 morts, dont plus de 1 800 depuis le début de la trêve, selon l’OSDH.
M T