L’accord de partenariat stratégique dans le domaine de l’énergie entre l’Algérie et l’Union européenne était pratiquement bouclé à la fin de l’année 2012.
Un membre de la délégation algérienne avait déclaré, le 6 décembre dernier, à la veille de la tenue de la 7e session du Conseil d’association Algérie-UE à Bruxelles, que l’accord avait été finalisé par les experts et qu’il pourrait être signé, à Alger, au début de l’année 2013. Le rendez-vous du début de l’année semble raté mais les choses se mettent en place.
Le Conseil européen a en effet approuvé l’accord énergétique stratégique entre l’Algérie et les 27 pays de l’Union européenne. Le feu vert a été donné le 15 avril dernier, indique l’APS en citant une source proche du dossier. Il reste encore à être approuvé par le Parlement européen.
Il devrait être signé avant le mois de ramadhan, soit avant la mi-juillet, au cours d’une visite à Alger du Commissaire européen à l’énergie, M. Gunther Oettinger. Le «retard» est lié aux procédures assez complexes de la validation de l’accord par les institutions européennes.
L’accord, avait-on souligné, devait permettre de «structurer les relations énergétiques algéro-européennes» et d’ouvrir des «possibilités de développement en Algérie de l’énergie conventionnelle, des énergies nouvelles et renouvelables, de la pétrochimie et de la transformation des hydrocarbures en général ».
L’effet attendu par l’Algérie, qui a changé sa loi sur les hydrocarbures pour gagner en attractivité, est un accroissement des investissements européens et un transfert de technologie. L’Algérie a régulièrement critiqué les restrictions d’accès au marché de distribution de l’Europe imposées à Sonatrach.
DE NOUVEAUX CONCURRENTS
L’UE a mis en vigueur une directive qui interdit aux producteurs et aux transporteurs d’énergie de distribuer directement leurs produits sur le marché, et ce à travers l’obligation de scinder les trois activités.
Une démarche qui pénalise Sonatrach, tout comme Gazprom, qui ont beaucoup investi dans les infrastructures de transport. Entre-temps, l’Europe a accepté de lever une taxe antidumping imposée aux engrais produits en Algérie. L’accord stratégique, dont on ne connaît pas encore les détails, est une bonne nouvelle dans un contexte énergétique aux perspectives plutôt déprimantes.
L’Union européenne, déjà liée par des accords de ce genre avec la Russie et le Qatar, devrait sécuriser ses approvisionnements en énergie. Va-t-elle permettre à l’Algérie qui assure entre 13 et 15% des besoins européens en gaz de préserver, voire d’étendre ses parts de marché ?
C’est la question centrale sachant que l’Europe encourage fortement la concurrence entre les pays producteurs. Le marché européen est très convoité par la Russie et le Qatar. Mais pas les seuls. Le marché gazier européen pourrait voir dans les prochaines années l’entrée en lice de nouveaux concurrents comme Israël, Chypre, le Mozambique, l’Australie.
Les Américains n’importent plus de gaz mais vont devenir exportateurs alors que certains pays européens comme la Grande-Bretagne pourraient devenir des producteurs.
Ce sont des perspectives peu réjouissantes. Non seulement l’exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis pèsera lourdement sur le prix du gaz, mais le rush vers le pétrole de schiste va également impacter notre seconde ressource d’exportations.
L’AIE le confirme: l’exploitation du pétrole de schiste aux États- Unis va créer une «onde de choc» pour le marché pétrolier mondial, comparable dans ses effets à la hausse de la demande chinoise pour l’or noir. «L’Amérique du Nord a déclenché une onde de choc qui se répercute dans le monde entier», a résumé la patronne de l’AIE, Maria Van der Hoeven. Cela vaut pour l’Algérie et Sonatrach.
Salem Ferdi