Après le drame des 2 enfants fauchés par un bus à Eckmühl, Comment mettre fin au diktat des transporteurs privés ?

Après le drame des 2 enfants fauchés par un bus à Eckmühl, Comment mettre fin au diktat des transporteurs privés ?

Le drame des deux enfants fauchés à Eckmühl par un bus desservant la ligne 37, qui a défrayé la chronique durant les derniers jours, a remis au-devant de la scène l’anarchie qui règne dans le secteur du transport, notamment les lignes urbaines dont les transporteurs imposent leur diktat.

La grogne des habitants d’Eckmühl va passer, mais l’anarchie et le laisser-aller demeureront, tant que la tutelle n’a pas frappé d’une main de fer ces transporteurs privés, en appliquant réellement les lois en vigueur que les transporteurs ont bafouées par leur attitude.

Cet accident grave perpétré par le chauffeur de bus, qui vient, rappelons-le, d’être arrêté par la police après quelques jours de cavale, n’est pas le premier, et ne sera sans doute pas le dernier, puisque aucune mesure n’a été prise par une direction des Transports qui donne l’impression d’être passive et impuissante face à ces transporteurs.

Sinon, comment expliquer le laisser-aller et les scènes indignes de bagarres au sein des bus pleins à craquer, sales, et des chaises détériorées ? Ce sont des preuves que la situation est hors de contrôle. «Parfois, le receveur nous ordonne de descendre du bus et de monter à bord d’un autre, pour lui permettre de faire demi-tour, cette situation est souvent suivie par des altercations entre les usagers et le receveur, et même entre les citoyens, où est la loi et où sont les responsables de la Direction des transports ? Car cette attitude dure depuis des années sans que ces transporteurs mafieux ne soient sermonnés», dira un jeune universitaire qui prend quotidiennement la ligne 51 pour rejoindre l’USTO.

«Certes, si je prends le tramway, ce sera plus facile pour rejoindre mon université, mais mes conditions financières ne me permettent pas de payer un abonnement, pour cela, je suis contraint de supporter quotidiennement les tracas de ces bus», ajoutera-t-il. Le problème du transport à Oran est tenace pour les responsables du secteur.

Ces derniers n’arrivent même pas à mettre les transporteurs privés dos au mur, et les solutions pour réguler le trafic des lignes urbaines dans la deuxième ville du pays sont là pour remettre de l’ordre. Le bon exemple nous vient des bus de la société étatique de transport d’Oran (ETO) qui se distingue par une meilleure prestation des services avec des tenues uniformes pour les chauffeurs et les receveurs, ponctuée par un respect des usagers et du temps d’attente à chaque arrêt, choses positives qu’on ne voit jamais au sein des bus privés.

Selon un ex-cadre de la direction des Transports: «Ces transporteurs privés ont mis des pieds et des mains pour s’imposer, ils ont profité durant les années 90 du retrait progressif de l’Etat de la gestion du transport, à l’instar de tous les autres secteurs, du coup, les lobbys privés ont dicté leur loi et ont dominé la plupart des lignes grâce aux crédits octroyés par l’Etat à l’époque, mais au retour de la société ETO qui souffre financièrement, les dés étaient déjà jetés, c’était impossible de remettre la main sur ce secteur, et les résultats sont-là sur le terrain pour prouver que ces transporteurs privés sont hors de contrôle», conclura notre interlocuteur.

L’application de la loi reste la dernière alternative pour que la direction des Transports remette de l’ordre au sein d’un secteur à deux visages, le négatif représenté par les bus privés et le positif représenté par ceux de la société ETO et le tramway qui demeure l’arbre qui cache la forêt.

Jalil Mehnane