Un retour progressif au calme est constaté dans la ville de Ghardaïa. « La situation est en voie d’apaisement. Il y a une reprise partielle de l’activité au niveau des écoles et des commerces, mais les gens craignent toujours d’éventuelles attaques contre eux et leurs biens », a indiqué M. Doudou, du conseil des ibadites.
« La reprise se fait de façon progressive, et c’est tout à fait naturel », a précisé, pour sa part, Bouameur Bouhafs, de la fondation des Chaâmbis. Les instructions données, jeudi dernier, par Tayeb Belaïz, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, sont appliquées sur le terrain. « Un important dispositif de sécurité est déployé dans tous les quartiers de Ghardaïa », a assuré M. Doudou. « La région est fortement sécurisée. La présence des forces de l’ordre est visible dans tous les quartiers à risque.
Il y a une meilleure couverture, comparativement aux jours précédents », a fait remarquer M. Bouhafs. M. Doudou a, toutefois, estimé que « cette présence massive des forces de sécurité n’est pas la solution idoine au problème de la région ». Ces problèmes sont, entre autres, relatifs au manque de foncier, à la surcharge des classes, notamment dans les quartiers où résident les deux communautés.
« L’administration n’a pas réussi à trouver des solutions aux problèmes longuement évoqués par les habitants, ce qui a compliqué davantage la situation », a-t-il rappelé. La manipulation, les fausses informations diffusées par les médias et les mensonges proférés sur les réseaux sociaux contribuent à aggraver la situation. « Pour nous, la sécurité contribue au retour au calme. Ce sont ces forces qui vont arrêter les hostilités et les attaques de part et d’autre », a soutenu M. Bouhafs.
L’installation du conseil des sages tarde
L’installation du conseil des sages, une initiative du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, fait l’unanimité dans les deux camps. « Nous ne sommes pas contre cette initiative mais sa concrétisation a encore besoin de temps et d’une réflexion approfondie », a réaffirmé M. Doudou. « Nous avons une responsabilité devant notre communauté.
La douleur des familles des victimes, toutes mozabites, est toujours vive. Ce qui fait que nous sommes tenus de respecter leur deuil et d’attendre à ce que les esprits se calment avant de parler et de s’assoir autour d’une même table pour évoquer les modalités de l’installation de ces instances », a-t-il expliqué. Mais pour lui, la question de la représentativité se pose avec acuité. « Il faut faire attention à ne pas mettre des personnes qui n’ont aucune influence sur la population au risque de discréditer ces instances ».
Les Mozabites réclament l’« équité » et tiennent à ce que les responsabilités soient situées dans les évènements qui ont occasionné tant de mal. « Nous avons eu des morts, et il n’est pas normal et juste d’acvoir le même traitement que ceux qui ont subi seulement des dégâts matériels », a indiqué M. Doudou. « Nous ne sommes pas pour l’impunité. Bien au contraire, nous tenons à ce que tous ceux ayant participé à ces évènements malheureux soient sévèrement punis », a répliqué M. Bouhafs. Pour lui, il y a eu une « manipulation grave » des jeunes de la région et le travail de l’Etat consiste justement à « identifier les responsables de ces drames ».
La justice condamne quatre personnes
Le tribunal correctionnel de Ghardaïa a condamné, hier, quatre personnes, impliquées dans les récents incidents de Ghardaïa, à quatre mois de prison ferme, a-t-on appris auprès d’une source judiciaire. Dix autres personnes, également impliquées dans ces événements, ont écopé, quant à elles, de trois mois de prison avec sursis, précise la même source. Au total, 26 personnes ont été interpellées par les services de sécurité, ces derniers jours, et l’enquête suit son cours pour déterminer les responsables des incidents qu’a connus la région de Ghardaïa depuis décembre dernier.