Après que le corps du jeune Ryad Chehri, 25 ans, eut été rejeté par la mer, dans la matinée de jeudi, un groupe de jeunes locataires du quartier de Draâ Essouk, armé de pelles et d’autres objets contondants, ont entamé une expédition punitive.
Dans leur marche en direction de la compagnie de gendarmerie, «qu’ils accusent d’être à l’origine de la noyade de Ryad», un policier en faction sur la route nationale a été pris pour cible.
Quelques minutes plus tard, ces mêmes jeunes ont, à l’aide de cailloux, brisées des vitres de la compagnie de gendarmerie, proférant des menaces et autres injures. Pris de court, les gendarmes, conscients de la tension qui ne cessait de monter, ont préféré se barricader à l’intérieur et faire appel aux services d’intervention des groupes d’intervention rapide (GIR) et aux services de police.
Par ailleurs et par mesure de prévention, des consignes ont été données aux employés des pompes d’essence «de ne pas servir de l’essence dans les jerricans». L’attaque n’a durée que quelques minutes.
Après quoi, le groupe de jeunes s’est dispersé. A la mi-journée, le dispositif de sécurité déployé autour de la compagnie était encore en alerte. Les rumeurs les plus folles sur la cause du décès amplifiaient la colère et le mécontentement.
A la morgue, où le corps de la victime a été transféré, la consternation était à son paroxysme. Ce n’est qu’après que les services de sécurité permirent aux parents d’identifier leur proche que les rumeurs se dissipèrent. Des rumeurs qui, entre autres, «faisaient état de la mort de Ryad par balle» et que «les gendarmes l’avaient sciemment jeté à la mer».
Par ailleurs, une tranche de la population, bien qu’attristée par le mort du jeune Ryad, a fermement condamné l’acte d’agression dont il s’était rendu coupable sur la personne d’un citoyen et de son épouse qui se prélassaient sur la plage de Zéralda.
Devant le domicile du défunt, une foule nombreuse s’était amassée pour assister à l’enterrement du jeune Ryad.
Une atmosphère de deuil baignait. Du côté des forces de sécurité, toutes les hypothèses étaient envisageables. Ce qui expliquait la présence, jusqu’à une heure tardive, du dispositif de sécurité.
On apprend de source sûre que, bien après l’enterrement du jeune délinquant, les éléments de la Gendarmerie nationale s’apprêtent à procéder à l’arrestation des personnes ayant fait partie du groupe d’assaillants. Pour l’heure, aucune information faisant état d’arrestation n’est parvenue.
Zéralda entre tension et mécontentement
Dans la matinée du mercredi 15 septembre, la ville côtière baignait dans une atmosphère de tension. La route nationale menant vers la compagnie de gendarmerie de Zéralda était presque inaccessible. L’incident, qui s’était produit mardi sur la plage, était à l’origine de cette tension et de la colère des riverains
Selon les témoignages recueillis auprès des citoyens, «le jeune Ryad et son complice, sous l’effet de psychotropes, ont agressé un couple, et, après avoir délesté le mari de ses biens, ils voulaient violer la femme». Selon bon nombre d’autres témoignages, «les gendarmes qui étaient en patrouille vers 14h ont surpris les agresseurs en flagrant délit»,
précisant que «l’un des deux délinquants s’était rendu sans résistance tandis que Ryad Chahri s’est enfui, et en dépit des tirs de sommation, a préféré se jeter à la mer, croyant échapper aux gendarmes». Selon des témoins oculaires,
«les gendarmes ont fait appel aux gardes-côtes, en vain, car, entre temps, le jeune Ryad s’était noyé». Les mêmes témoins indiquent qu’en dépit des recherches effectuées par les gardes-côtes, le corps du jeune délinquant n’a pas été retrouvé.
D’un autre côté, la population et plus particulièrement les parents du jeune Ryad accusent les gendarmes d’avoir provoqué la noyade. Pour l’oncle de la victime, Messaoud Chahri, les gendarmes seraient à l’origine de la mort de son neveu. «Quand il a plongé dans l’eau, les gendarmes lui ont dit, on t’attend ici», témoigne-t-il d’une voix pleine d’émotion, ajoutant :
«Puisqu’ils l’avaient identifié, ils auraient pu se cacher ou faire appel aux pompiers, ou en dernier recours, procéder à son arrestation le soir.» Mercredi soir encore, soit une nuit après sa disparition, le corps n’avait pas été repêché.
Cela exacerbait la tension déjà très vive dont étaient en proie les parents et la population. Selon des sources dignes de foi, «une enquête judiciaire a été déclenchée pour faire la lumière sur les conditions à l’origine de ce drame qui met en émoi toute la population de Zéralda».
Toutefois, une grande frange de la population condamne et réprouve la dangereuse floraison du crime et plus particulièrement des agressions qui se sont succédé à Zéralda et particulièrement sur les plages qui, dans le temps, jouissaient d’une réputation de havre de paix et de loisir.
«Les gestionnaires et les services de sécurité sont les principaux responsables de la dégradation de la situation», accusent unanimement des citoyens de cette commune.
Par M. Bouguerfa