Après le cinglant revers du Rwanda face à la Tunisie : «Micho» n’y croit plus

Immobile, le regard dans le vide, le sélectionneur du Rwanda est resté pendant un bon moment debout sur la main courante, ne comprenant pas trop ce qui est arrivé à son équipe qui venait d’essuyer un cinglant revers face à la Tunisie (5-1). Milutin Sredovic, alias «Micho» était abattu, comme si le ciel venait de lui tomber sur la tête. En plus de l’ampleur de la défaite, le Serbe n’a tiré aucune satisfaction sur le plan du jeu. Cette catastrophe est d’autant plus inquiétante, qu’elle intervient à une semaine du rendez-vous face à l’Algérie au stade Tchaker de Blida pour le compte des éliminatoires de la Coupe du monde 2014.

Il se rend compte de la difficulté de sa mission à Blida

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Micho n’y croit plus. Il l’a d’ailleurs fait savoir à deux journalistes rwandais qui se sont approchés de lui à l’issue de la rencontre, pour au moins le réconforter. Il était inconsolable, mais réaliste aussi, en avouant à ses deux interlocuteurs, en notre présence : «Vu ce rendement pitoyable, il est impossible de réaliser un bon résultat en Algérie». Il n’y a eu rien qui puisse le rassurer en effet, d’autant que les Tunisiens ont évolué amoindris de pas moins de neuf titulaires, sans oublier la facilité dans laquelle sont tombés les camarades de Issam Djoumaâ en ratant un nombre incalculable d’occasions. La facture aurait été plus salée en effet, si les Tunisiens avaient pris les choses plus au sérieux, et c’est ce qui a inquiété le plus le Serbe. Ce dernier pense plus à limiter les dégâts pour son déplacement à Alger, que de rentrer avec un bon résultat.

En colère contre ses joueurs, il a tout fait pour les éviter

Micho était tellement en colère qu’il n’a pas voulu se rendre aux vestiaires, pour parler à ses joueurs. Il était resté sur le terrain au moment où son équipe regagnait son vestiaire, et s’est rendu directement par la suite à la salle des conférences pour répondre aux questions des journalistes. A la fin du point de presse, Milutin Sredovic a rejoint directement le bus où il était le premier à avoir pris place. Il a tout fait pour éviter ses joueurs, et s’il y avait un moyen de rentrer seul à l’hôtel, il l’aurait certainement fait.

«Cette défaite me rend très inquiet avant d’affronter l’Algérie»

La conférence de presse qu’avait animée le Serbe Milutin Sredovic après le match amical Tunisie-Rwanda, n’a pas trop duré. Le sélectionneur rwandais, qui avait le moral dans les chaussettes, était tellement abattu qu’il n’a pas voulu répondre à toutes les questions des journalistes. Il avait plus besoin de se retirer et rester seul, que d’affronter les gens de la presse avec des questions auxquelles il n’avait pas trop de réponses.

«Je n’aurai pas le temps de tout corriger avant le match contre l’Algérie»

Micho a commencé par féliciter son adversaire. «Je dois reconnaître la supériorité de notre adversaire, qui a livré un bon match et qui mérite amplement sa victoire, et je tiens à les en féliciter», a-t-il dit, et d’ajouter : «Mon équipe a été très loin de son niveau habituel, elle n’a pas eu le rendement que j’attendais d’elle. Je ne vous cache pas que je ne suis guère satisfait de ce que j’ai vu aujourd’hui, il y a eu beaucoup d’erreurs et de lacunes qu’on va essayer de corriger. Même si je dois avouer qu’on n’aura pas le temps nécessaire pour revoir toutes les insuffisances que nous avons constatées avant le match contre l’Algérie.»

«C’est la première fois qu’on perd sur un tel score et je dois prendre des décisions urgentes»

Toujours en parlant de son équipe, Sredovic s’est dit très déçu par l’ampleur de la défaite. «C’est la première fois que je perds sur un tel score, depuis que j’ai pris la sélection en main. C’est ce qui explique ma grande déception et ma colère à la fois, mais aussi mon inquiétude. J’attendais un meilleur rendement de mon équipe par rapport à sa production contre la Libye, mais j’ai eu droit à une prestation plus faible. Et c’est ce qui va me pousser à prendre des décisions urgentes, car je me suis rendu compte que la situation est très critique et qu’il va falloir y remédier rapidement.»

«Prenez l’exemple de Manchester U, ils ont pris 6 buts à l’aller face à City, mais ils se sont battus jusqu’à la fin»

Cette défaite va-t-elle altérer le moral de ses troupes, à six jours du match contre l’Algérie ? «Non», répond le Serbe qui a voulu tout d’un coup se montrer plus optimiste en indiquant : «La compétition n’est même pas commencée, je vous donne un exemple. Vous savez tous que Manchester United s’est vu infliger une lourde défaite sur son terrain à l’aller face à son concurrent direct Manchester City par six buts à zéro, mais cela ne l’a pas empêché de lutter jusqu’à la dernière minute pour la course au titre, et c’est ce que nous allons faire, on ne va pas baisser les bras.»

«Je ne change pas mon discours, on ira en Algérie pour ramener un bon résultat»

Et à une question que nous lui avons posée, celle de savoir quelles seraient les chances de son équipe à quelques jours de son déplacement à Alger, le Serbe s’est montré réaliste : «Il est clair que cette défaite me rend très inquiet à une semaine du match contre l’Algérie, d’autant que les deux équipes ont le même style de jeu et ont presque le même niveau. Mais cela ne va rien changer à mon discours initial, à savoir aller ramener un bon résultat face à l’Algérie, et n’altérera en rien notre détermination à le réaliser.»

Même s’il ne s’agissait que d’un match amicalLes Rwandais ne

Le premier adversaire des Fennecs en éliminatoires de la Coupe du monde 2014 n’est finalement pas terrible. La prestation de la sélection rwandaise dimanche dernier face à la Tunisie, n’est pas pour inquiéter les hommes d’Halilhodzic qui devront passer ce cap sans grandes difficultés. L’équipe de Milutin Sredovic n’a rien montré dimanche soir, en effet, qui puisse mettre en garde les Verts, tant cette sélection rwandaise s’est montrée incapable de créer la moindre occasion de but, hormis celle qui lui a permis de sauver l’honneur à la 57’. Elle avait pourtant résisté, tant bien que mal, durant toute la première mi-temps où elle n’avait encaissé qu’un seul but et ce, en dépit d’un siège permanent des Tunisiens, pourtant amoindris de plusieurs éléments clés, neuf en tout. Mais elle a complètement sombré en seconde période, encaissant quatre buts à la fois. N’étaient le manque de lucidité des joueurs de Sami Trabelsi et la facilité dans laquelle ils sont tombés, l’addition aurait été plus importante sans que personne puisse crier au scandale.

Un axe central défaillant et un arrière droit faible

Loin de nous de pouvoir porter un jugement sur cette sélection rwandaise, du fait qu’il ne s’agissait que d’un match amical, mais cela ne nous empêche pas de dresser un constat sur son rendement de dimanche dernier. Et ce qui a pu attirer le plus notre attention, c’est le flottement de l’axe central de sa défense qui n’a pu développer aucune résistance face aux incursions des attaquants tunisiens qui en ont profité pour planter trois banderilles. En effet, trois des cinq buts marqués l’ont été sur des incursions au niveau de l’axe central, et les deux autres l’ont été suite à des erreurs de débutants du latéral droit Fabrice Twajizyamana, qui porte le numéro 2, et qui a été, selon les observateurs, le joueur le plus faible de la sélection rwandaise.

Caractères particuliers, nervosité et jeu musclé

Ce qui a pu attirer également notre attention, c’est que les Rwandais ont montré tout au long de la partie une nervosité inexplicable. La moindre décision de l’arbitre est suivie automatiquement de contestations. Ce qu’il y a lieu de noter aussi, c’est que cette équipe, contrairement à ce que prétend son sélectionneur lorsqu’il dit qu’elle a le même style de jeu que l’Algérie, est très faible techniquement. A aucun moment, ses joueurs n’ont pu faire la différence techniquement. Aucune prouesse technique, aucun dribble et pas le moindre exploit individuel. Leur seule arme, c’est l’engagement physique qui constitue leur principal atout. Ils en ont fait une victime d’ailleurs, lorsque le défenseur Boullaâbi a été évacué d’urgence à l’hôpital suite à une grave blessure à la 67’.

Même Micho a fait des siennes

Il n’y a pas que les joueurs rwandais qui se sont montrés très nerveux, même leur entraîneur a donné le mauvais exemple en contestant lui aussi toutes les décisions de l’arbitre, comme s’il avait perdu son self-control. Au lieu de rappeler à l’ordre ses joueurs qui usaient de jeu dangereux, il en rajoutait avec ses gesticulations sur la main courante au point d’influencer tous ceux qui étaient sur le banc qui se sont mis à l’imiter.

Trabelsi met en garde les Algériens

A la fin de la conférence de presse qui a eu lieu à l’issue du match Tunisie-Rwanda, nous nous sommes rapprochés du sélectionneur de la Tunisie pour qu’il nous donne son avis sur le prochain adversaire des Verts. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Sami Trabelsi a voulu mettre en garde les Algériens. «Je ne pense pas que les Rwandais ont joué avec leur vrai niveau. Je crois qu’ils pensaient beaucoup plus à leur match contre l’Algérie, et c’est ce qui a fait qu’ils n’ont pas voulu tout donner contre nous. Cela dit, je ne m’explique pas le fait qu’ils se soient complètement effondrés en seconde mi-temps où ils n’ont montré aucune résistance.»

«Soyez patients et votre public pourrait être la clé»

Sami Trabelsi s’est abstenu de faire la moindre remarque concernant la sélection algérienne, du fait qu’elle a un grand entraîneur, mais a tenu à mettre les Verts en garde. «Il faut qu’ils sachent que leur match ne sera pas facile et que les Rwandais vont fermer le jeu, comme ils l’ont fait avec nous en première mi-temps. Les Algériens doivent se montrer patients, il ne faut pas qu’ils tombent dans le piège de la nervosité. La patience sera la clé, et avec votre merveilleux public, vous allez pouvoir débloquer la situation. Il faut juste se mettre dans la tête que ce n’est pas le vrai niveau du Rwanda. N’oubliez pas qu’ils avaient joué un match mercredi passé, et qu’ils étaient un peu fatigués. Je vous souhaite bonne chance.»

Tasfaout : «Je n’ai aucun problème avec Halilhodzic»

Le manager de la sélection nationale, Abdelhafid Tasfaout, qui se trouvait à Monastir pour superviser la sélection rwandaise, a profité de notre présence dans la tribune de presse lors du match Tunisie-Rwanda pour s’approcher de nous et démentir tout ce qui a été dit à son sujet, à propos d’un supposé désaccord avec Halilhodzic. «Je n’ai aucun problème avec le sélectionneur, et je ne comprends pas où ces gens sont allés chercher ça. Si je n’ai pas été présent au stage de Lisses, c’est parce qu’on ne pouvait pas tous y aller. Chacun a ce qu’il a à faire, on ne peut pas faire tous la même chose», nous a-t-il fait savoir, avant d’ajouter : «Dieu merci, tout le monde est au courant de la raison de mon absence du match contre le Niger, sinon, on en aurait fait tout un plat.»