«Les syndicats autonomes seront partie prenante dans l’élaboration du Code du travail», a promis El Ghazi.
Le changement de l’ordre du jour de la rencontre d’information à laquelle a appelé le ministère de l’Emploi, du Travail et de la Sécurité sociale avec les représentants des syndicats autonomes pour hier a fortement déplu à ces derniers.
S’attendant en fait à un ordre du jour portant sur la nouvelle loi sur la retraite comme c’est indiqué sur les invitations, les représentants des différents syndicats autonomes se sont retrouvés avec un autre ordre du jour portant sur l’importance et les vertus du dialogue devant caractériser la relation tutelle -syndicats.
Désagréablement surpris par ce changement, les syndicats ont profité de l’occasion pour vider leur sac et interpeller le ministre de tutelle, Mohamed El Ghazi, sur les véritables problèmes dans lesquels se débattent les syndicats, et les revendications des travailleurs.
«Nous sommes tous pour le dialogue M.le ministre. Mais pour dialoguer, il faut une volonté politique permanente et non pas conjoncturelle. Le dialogue ne peut pas s’ouvrir sans l’ajustement des erreurs commises justement par la tutelle», a clamé Méziane Mériane, coordinateur national du Snapest lors de son intervention, ajoutant que les syndicats autonomes ont toujours appelé au dialogue.
La relation s’est détériorée entre les syndicats et la tutelle, précise Mériane, à cause de l’exclusion et de la diabolisation longtemps pratiquée par la tutelle. Lui succédant, Ali Merabet porte-parole du Syndicat national des praticiens de la santé(Snps), a déploré lui aussi l’opportunisme des pouvoirs publics. Pour Merabet, avant de parler des vertus du dialogue, les pouvoirs publics doivent réunir d’abord un terrain adéquat pour l’exercice syndical en Algérie. «Jusqu’à ce jour, il y a des syndicalistes qui sont poursuivis en justice et risquent l’emprisonnement.
Jusqu’à ce jour il y a des syndicalistes qui ont été licenciés et n’ont plus rejoint leurs postes. Jusqu’à ce jour il y a des syndicalistes qui sont privés de leurs salaires depuis des mois. Les ponctions sur salaires sont systématiques après chaque mouvement de grève», a-t-il déploré sur un ton des plus coléreux, avant d’interpeller le ministre: «Vous parlez de nationalisme! Le nationalisme, M. le ministre, pour le travailleur c’est de faire son travail convenablement et non pas de le chanter!». Prenant ensuite la parole, Idir Achour, secrétaire général du Conseil des enseignants des lycées d’Alger (CLA), a abondé dans le même sens, en ajoutant que les acquis du mouvement syndical reculent d’année en année, et ce, malgré leur garantie par la nouvelle constitution.
«Après la répression, la tutelle ne donne plus d’agréments aux syndicats», dira-t-il, en précisant que le nationalisme, c’est «l’application des lois de la République et la consécration du principe de transparence». De leur côté, Sadak Ziri, Boualem Amoura, Abdelkrim Boudjnah, Saïda Akali, Mourad Nekkache, respectivement des représentants de l’Unpef, Satef, Snte, Snv, Snap, ont tous déploré après avoir salué l’initiative tardive de la tutelle quant à l’ouverture du dialogue, la fuite en avant des pouvoirs publics s’agissant des revendications des travailleurs allant dans le sens de l’amélioration du pouvoir d’achat.
«Certes le gouvernement a procédé à la révision des statuts particuliers de plusieurs corps ces dernières années, mais ces révisions se sont vite avérées obsolètes devant la cherté de la vie et l’augmentation de toutes les charges, introduites dans les différentes lois de finances.» La nouvelle loi sur la retraite adoptée récemment, a fait l’objet aussi des critiques de la part des représentants syndicaux. «Nous ne sommes pas des fainéants ou des bras cassés, mais suspendre le départ à la retraite sans condition d’âge est injuste et irrationnel en même temps», ont-ils déploré, tout en dénonçant leur exclusion dans l’élaboration de cette loi.
Réagissant aux propos du ministre lors de son intervention inaugurale évoquant la nécessité de placer l’intérêt de l’Algérie au-dessus de tout qui est visée par de nombreux ennemis dans sa stabilité, certains syndicalistes ont tenu à rassurer le ministre sur la conscience des travailleurs de ces risques. «Que le gouvernement soit tranquille de ce côté. Les syndicalistes et les travailleurs seront dans les premiers rangs pour défendre ce pays. Nous sommes tous des fils de chahids et de moudjahidine», ont-ils répliqué.
Prenant la parole en dernier, Mohamed El Ghazi a tenu à rassurer les syndicalistes quant à la transmission d’une synthèse de toutes les revendications et préoccupations exprimées au Premier ministre. «D’autres préoccupations seront transmises à d’autres départements ministériels concernés par ces questions.» Cela avant de tranquilliser les syndicalistes quant au Code du travail. «Ce dernier est encore en phase d’élaboration.
Les syndicats seront partie prenante dans son élaboration. Les intérêts des travailleurs seront au centre de notre intérêt», promet El Ghazi, tout en soulignant que l’adoption du Code du travail interviendra après les législatives. El Ghazi a profité de l’occasion pour informer les syndicats de l’installation à partir d’hier de M. Berkati, inspecteur central au niveau du ministère en tant qu’intermédiaire entre le ministère et les syndicats autonomes, afin de cordonner les réunions et les concertations entre les deux parties, au profit, souligne-t-il «des travailleurs et de l’Algérie».