La cour d’Oran a subi, samedi après-midi, les ravages d’un curieux incendie qui s’est déclenché dans le service des archives de l’immeuble. Simple incident ou acte criminel ? L’attrait pour la seconde hypothèse est d’autant plus fort que cela intervient une semaine après le cambriolage qui avait ciblé la cour d’Alger.Kamel Amarni –
L’opinion nationale, fortement marquée par les colossales révélations de ces dernières semaines sur de gros dossiers de la corruption, ébranlant surtout la Sonatrach, n’a pas manqué, tout naturellement, de faire le lien entre tous ces faits. Même si le raccourci est un peu prématurément fait, l’interrogation demeure légitime : par quel miracle se pouvait-il qu’en une semaine, les cours de justice des deux plus grandes villes du pays, Alger et Oran, subissent-elles un acte de vol pour l’une, un incendie pour l’autre et qui cibleront le même service des archives, comme par hasard ? Hâtivement, d’aucuns étaient allés jusqu’à soupçonner une gigantesque opération consistant à faire disparaître des dossiers liés à la corruption. Or, tout le monde sait que ces dossiers-là sont traités par les services de sécurité et non pas par les cours de justice ordinaires.
N’empêche, le mystère est entier et qui interpelle directement le ministère de la Justice. La chancellerie se doit d’éclairer l’opinion sur des faits aussi graves. Une opinion qui, déjà, par nature est suspicieuse, à plus forte raison quand il s’agit de la justice. Pour le moins, le ministère ne peut passer sous silence un acte de cambriolage qui a ciblé la cour la plus importante du pays, celle d’Alger. Le seul fait que cela puisse se produire dans un pays qui a vécu, il y a à peine deux mois, l’affaire Tiguentourine avec tout ce que cela suppose comme mesures prises en matière de sécurité, a de quoi inquiéter.
Pour ne s’en tenir qu’au seul aspect lié à la sécurité, et si l’on prend pour vraie la version officielle selon laquelle le cambriolage de la cour d’Alger «était l’œuvre d’un repris de justice multirécidiviste», qu’en serait-il alors si c’était l’œuvre d’un groupe terroriste armé ? Ce genre de négligence, dans un pays comme l’Algérie qui a connu deux décennies de terrorisme ininterrompues, est absolument intolérable.
A moins, bien sûr, qu’il s’agisse d’autre chose. Et à ce titre, difficile de ne pas se rappeler une autre affaire «équivalente», celle à laquelle faisait face le même ministère de la Justice, dirigé alors par Ahmed Ouyahia : les incendies à répétition dans plusieurs prisons du pays durant l’année 2002. Une autre affaire restée mystérieuse et jamais élucidée à nos jours.
K. A.