Après l’avènement de la 3G et de la 4 G La déprime des cybercafés

Après l’avènement de la 3G et de la 4 G La déprime des cybercafés

De plus, l’avènement de la 4 G n’est qu’à ses premiers balbutiements en Algérie. En d’autres termes, les cybercafés vont encore résister et c’est fort possible pour longtemps.

«Autres temps, autres moeurs.» Cet adage qu’on emploie pour regretter généralement la vie d’antan, semble s’appliquer également désormais pour les cybercafés. En effet, le nombre de ces derniers se rétrécit de jour en jour au profit des nouveaux réseaux mobiles de la 3 G et de la 4 G, en l’occurrence. Si cette transition s’avère tout à fait ordinaire pour certains, ce n’est guère le cas pour les propriétaires de ces espaces. En interrogeant hier quelques cybernautes à Alger dans le cadre de notre reportage, beaucoup de nos interviewés ont accepté d’en parler avec une certaine amertume dans la voix. Dans la localité de Bab Ezzouar, à l’est d’Alger où le nombre de cybercafés se comptait par dizaines il y a quelques années de cela, leur nombre se compte désormais sur les doigts d’une seule main. C’est le constat que nous avons fait hier. Pour les trouver, il est vraiment conseillé de les chercher à proximité de l’université et de préférence l’après-midi. Oui, ces derniers n’ouvrent pas comme il y a quelques années dès 9h du matin. Ce n’est pas un choix que les cybernautes ont fait là, mais c’est une adaptation aux exigences du «marché». Seddik, qui venait d’ouvrir un peu plus tôt son local à midi, à la cité du 1er Novembre faisant face à la cité universitaire Cub 1, nous a bien expliqué ce changement d’horaires. «J’ouvre à midi, parce que la clientèle ne commence à se manifester qu’à partir de cette heure-ci. J’ai adapté mes horaires d’ouverture après expérience. J’ai beau ouvrir à 9h durant ces dernières années, je me retrouvais à chaque fois seul jusqu’à l’après-midi», déplore Seddik qui nous apprend qu’il n y a pas si longtemps il était lui aussi étudiant et ainsi savait exactement comment cela fonctionnait dans les cités universitaires. Pour notre interlocuteur, il y a un détail important dont il faut tenir en compte en parlant, de nos jours, des étudiants. «Ces derniers possèdent tous des PC et des smartphones qui leur permettent de se connecter sans éprouver le besoin de se rendre dans les cybercafés comme c’était le cas il y a 5 ans», précise-t-il. Et d’ajouter: «Les étudiants sollicitent les cybernautes maintenant juste pour les besoins d’impression de leurs documents ou dans le meilleur des cas pour télécharger des films ou les regarder sur place».

«A cause de cette nouvelle donne, mon chiffre d’affaires a baissé de deux tiers», a ajouté Seddik qui se souvient tristement des jours et des nuits où son cybercafé ne désemplissait pas. «C’était l’époque où la connexion n’était possible qu’à partir d’un cybercafé. De même pour les recherches et la préparation des exposés», a-t-il poursuivi. Notre interviewé ne regrette pas l’avènement des nouveaux réseaux, mais le sort des gérants de ces espaces détenus dans leur grande majorité par des diplômés universitaires en chômage. «Je ne vous cache pas, du temps où mon cybercafé ne désemplissait pas, je ne ressentais pas mon chômage et je n’en voulais pas à l’Etat, mais depuis que la clientèle a baissé et du coup mon chiffre d’affaires, je ressens ma situation de chômeur et je commence à avoir mal». Ce qui fait le plus du mal pour Seddik, ce sont les charges inhérentes à la gestion d’un cybercafé. «Les frais de loyer, de l’abonnement à Algérie télécom et autres charges qui ne cessent d’augmenter m’étranglent à chaque fin de mois», se désole-t-il, soulignant que s’il n’a pas encore fermé boutique, c’est grâce notamment à l’apparition de certaines prestations qu’un cybernaute peut fournir à sa clientèle, tels que la prise d’un rendez-vous auprès des ambassades, la réservation d’un billet d’avion, d’une chambre d’hôtel, l’enregistrement pour avoir les documents biométriques. etc. Seddik, qui connaît la situation des autres cybernautes de Bab Ezzouar nous a conseillé de ne pas les entendre pour avoir leur avis, car ils sont tous dans la même situation et ils vont nous dire la même chose. De l’avis de notre vis-à-vis, il serait mieux indiqué d’interroger d’autres cybernautes dans d’autres localités où il n’y a pas d’universités ou de cités universitaires. Suivant le conseil de Seddik, nous nous sommes rendus dans la localité voisine d’El Mohamadia et plus précisément dans le quartier populaire «Cinq maisons». A 14 heures tapantes, un seul cybercafé sur les trois que compte le quartier était ouvert. Demandant à certains riverains si c’est toujours le cas ou juste une exception aujourd’hui, nos interlocuteurs se sont tous accordés à dire que c’est toujours le cas ces dernières années. Comme à Bab Ezzouar, nous sommes entrés au cybercafé et interrogé son gérant. Un peu plus âgé que Seddik, Adel nous a indiqué d’emblée que nous avons de la chance de le trouver ouvert à cette heure-ci. «Vous avez de la chance. D’habitude j’ouvre à partir de 16 h. Ce n’est pas par fainéantise que je le fais, mais faute de clients», précise-t-il, rappelant que beaucoup de cybercafés ont fermé ces trois dernières années. Avant de poursuivre: «Depuis l’avènement de la 3 G, je ne travaille qu’avec ceux qui veulent imprimer des documents ou se faire délivrer des documents, -les gens d’El Houma quoi-(quartier ndlr)».

Outre les raisons que Seddik a citées par rapport à l’avènement de la 3G et de la 4G, Adel a fait ob-

server que certains cybernautes ont baissé rideau en raison des poursuites judiciaires qu’auraient engagées à leur encontre les

services de police et ceux du Commerce, à cause particulièrement de leur non-disposition de registre du commerce. Par ailleurs et contrairement à Seddik, Adel reste optimiste quant à l’avenir des cybernautes.

«Le nombre de ces cybercafés va certainement se rétrécir davantage dans les prochaines années. Néanmoins, ils ne vont pas disparaître et ce, pour la simple raison que la numérisation de l’administration va favoriser la délivrance des documents à distance. Autrement dit, le recours aux cybercafés». De plus, l’avènement de la 4 G n’est qu’à ses balbutiements en Algérie. Selon les experts, sa généralisation nécessitera encore du temps. En d’autres termes, les cybercafés vont encore résister et c’est fort possible pour longtemps.

M. B.