Les six agents de la Garde nationale ont été tués et trois autres blessés après que leur véhicule ait subi une attaque avec un engin explosif artisanal dans la commune de Aïn Soltane, dans le gouvernorat de Jendouba.
L’attaque terroriste qui a eu lieu dimanche dernier, dans l’Ouest du pays, contre la Garde Nationale (six morts et des blessés graves) met en lumière les faiblesses de l’appareil sécuritaire tunisien, sept ans après le départ du président Ben Ali.
La Tunisie a été surprise par une attaque terroriste ayant entraîné la morts de six soldats de la garde nationale. Cette attaque, la plus meurtrière depuis deux ans, intervient alors que le pays, secoué par une crise politique permanente, s’attend à une relative reprise de l’activité touristique dont dépend grandement l’économie tunisienne. D’énormes efforts ont en effet été consentis pour parvenir à rassurer les tours operateurs et obtenir ainsi leur retour en force.
Les six agents de la Garde nationale ont été tués et trois autres blessés après que leur véhicule ait subi une attaque avec un engin explosif artisanal dans la commune de Aïn Soltane, dans le gouvernorat de Jendouba. L’attentat a été confirmé par le ministère tunisien de l’Intérieur qui a confirmé que des assaillants ´´ont ouvert le feu sur les forces de sécurité´´ après l’explosion, et que des ´´opérations de recherche des terroristes´´ étaient en cours avec l’aide de l’armée. Quelques heures plus tard, dans la nuit de dimanche à lundi, la branche tunisienne du groupe terroriste Aqmi, Okba ibn Nafaa, a revendiqué l’attaque, déclarant avoir saisi plusieurs armes de la patrouille visée. Aqmi et Jund al-Khilafa, affilié au groupe État islamique (EI), sont effectivement implantés dans cette zone frontalière montagneuse. ´´Nous sommes conscients du fait que la guerre contre le terrorisme sera longue´´, a énoncé sur place le ministre de l’Intérieur par intérim, Ghazi Jeribi. ´´Nous irons jusque dans les repaires (des combattants) et nous vengerons le peuple tunisien´´, a-t-il promis.
Le fait est que cette attaque risque d’aggraver la crise politique aiguë que traverse la Tunisie, alors que le Premier ministre Youssef Chahed, récemment débarrassé d’un ministre de l’Intérieur jugé encombrant, fait l’objet d’une violente campagne dirigée par le directeur exécutif du parti Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi qui réclame son départ. Il y a eu quelques affrontements ponctuels dans cette même zone du mont Chaambi, non loin de la frontière algéro-tunisienne, mais c’est la première fois que les forces de sécurité tunisiennes subissent une telle perte.
Des heurts ont régulièrement lieu à la frontière algérienne mais c’est la première fois depuis plus de deux ans que les forces de l’ordre essuient de telles pertes. A Alger, le ministère des Affaires étrangères a ´´condamné avec force l’attaque terroriste´´. L’Union européenne, présentant ses condoléances, a assuré son ´´plein soutien´´ à la Tunisie.
La France ´´se tient résolument aux côtés de la Tunisie dans la lutte contre le terrorisme et face à toute tentative de porter atteinte à ce pays ami, à sa sécurité et à la vitalité de sa démocratie´´, a indiqué le Quai d’Orsay. La dernière attaque de grande ampleur en Tunisie remonte à mars 2016, lorsque des terroristes avaient lancé des opérations coordonnées contre des installations sécuritaires à Ben Guerdane, près de la frontière avec la Libye, entraînant la mort de 13 membres des forces de l’ordre et de sept civils. Depuis 2011, la Tunisie reste confrontée à un essor de la mouvance terroriste, responsable de la mort de plusieurs dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de civils et de touristes étrangers. Même si la situation sécuritaire s’est nettement améliorée, le pays est toujours sous état d’urgence depuis l’attentat suicide commis en plein Tunis contre la sécurité présidentielle (12 agents tués), en novembre 2015. Les forces de sécurité estiment que les principaux groupes armés sont actuellement affaiblis et déstructurés. Mais des incidents perdurent, notamment dans les maquis du nord-ouest où la majorité des membres des forces de l’ordre tués depuis la révolution l’ont été dans cette région. Malgré l’embellie réelle de la lutte anti terroriste, les forces sécuritaires tunisiennes peinent encore à lutter contre le péril, surtout après l’affaire Jeraya suivie du licenciement de plus de 200 cadres de la police et de la garde nationale au lendemain de la fin de fonction du ministre de l’Intérieur Lotfi Braham.
Le MAE condamne et exprime son «entière solidarité»
Réagissant à l’attaque terroriste perpétrée, dimanche matin, contre une patrouille de la Garde nationale tunisienne, dans le gouvernorat de Jendouba, le ministère des Affaires étrangères, par la voix de son porte-parole, Abdelaziz Benali Cherif, a condamné «avec force» cet attentat et il présente ses condoléances aux familles des victimes, ainsi qu’au peuple et au gouvernement tunisiens frères. «Tout en réitérant notre entière solidarité avec la Tunisie, nous demeurons convaincus que le terrorisme haineux et aveugle ne saura entamer la détermination de ce pays frère, de ses dirigeants et de son peuple à combattre ce fléau et à le défaire», indique le porte-parole du MAE dans une déclaration.