Après l’attentat ayant fait plus de 41 morts à Benghazi : Libye : regain de tension sécuritaire et surplace politique

Après l’attentat ayant fait plus de 41 morts à Benghazi : Libye : regain de tension sécuritaire et surplace politique

La situation sécuritaire en Libye tend à se durcir alors que le pays est toujours à la recherche d’une stabilité politique. La ville de Benghazi, deuxième de Libye, a été secouée par de nouveaux attentats ayant fait plus de 41 morts, ajoutant un regain de tension dans cette zone contrôlée par les forces du maréchal Khalifa Haftar.

Le double attentat à la voiture piégée s’est produit mardi soir dans le centre de ville de l’est du pays.

Pour les observateurs «la méthode utilisée dans les attaques, parmi les plus meurtrières ces dernières années en Libye, vise clairement à faire le plus grand nombre de morts possibles». Mardi soir, au moment où les fidèles sortaient d’une mosquée dans le quartier Al-Sleimani, un véhicule piégé a explosé. Trente minutes plus tard, une seconde voiture explosait alors que les forces de sécurité et civils s’étaient rassemblés pour venir en aide aux victimes de la première attaque. Le bilan pourrait s’alourdir, plusieurs blessés étant dans un état grave. Miné par les rivalités depuis l’intervention de l’Otan et la chute du régime de Kadhafi ce vaste pays d’Afrique du Nord ne trouve toujours pas un début de stabilité. La mission de l’ONU en Libye (Manul) et le gouvernement d’union nationale (GNA), basé dans la capitale Tripoli ont condamné l’attentat. La région de Benghazi est connue pour être sous le contrôle de Haftar l’homme fort de l’est libyen et cet attentat est considéré comme un message de ses adversaires. Ahmad Al-Fitouri, un responsable des services de sécurité dépendant des forces du maréchal a été tué dans l’attentat. Selon les observateurs la mosquée près de laquelle le double attentat s’est produit est connue pour être un fief de groupes salafistes. Ces derniers ayant un rôle politique particulier pour avoir combattu les extrémistes de Daech à Benghazi aux côtés du maréchal Haftar. Ce dernier considère les salafistes comme faisant parties de ses alliés.

Salafistes vs djihadistes

Haftar soutient un gouvernement parallèle au GNA, qui a décrété trois jours de deuil dans l’est libyen. Il a ordonné l’ouverture d’une enquête pour identifier les auteurs de ces attentats terroristes. Ces attentats ont lieu alors que le maréchal Haftar avait annoncé à l’été 2017 avoir débarrassé Benghazi des « groupes extrémistes djihadistes » après plus de trois ans de combats meurtriers dans la région. Mais ses forces accusent des cellules dormantes qui visent régulièrement les commandants et membres de l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal. L’ONU a établi un plan d’action qui prévoit notamment des élections en 2018, afin de tenter de sortir le pays de la crise. Les deux principaux pôles politiques le chef du GNA, Fayez Al-Sarraj, et le maréchal Haftar, se sont engagés sur un processus de sortie de crise prévoyant notamment des élections au courant de l’année. Mais leur rapprochement reste depuis difficile et empreint d’incertitudes. Le maréchal Haftar est accusé par ses détracteurs de vouloir prendre le pouvoir par la force et instaurer une dictature militaire. Son armée a également annoncé il y a une semaine le début d’une offensive dans le désert libyen près de la frontière égyptienne visant des rebelles soudanais du mouvement Justice et égalité. Cette opération militaire apparait comme une réponse directe à l’assassinat de six soldats de la brigade 106 de l’armée libyenne. C’est dire la complexité de la situation libyenne. De ce fait les efforts notamment des pays voisins se font persistantes afin d’aider les libyens à se parler et trouver une solution consensuelle, avant qu’il ne soit trop tard. Samedi l’Algérie et l’Italie se sont dit partager « l’urgence et l’exigence » de la stabilisation de la Libye. Le ministre italien des Affaires étrangères Angelino Alfano présent à Alger pour la conférence des 5+5 a affirmé partager avec l’Algérie le principe que « la destinée de la Libye doit être entre les mains des Libyens».