Après l’attaque terroriste AU musée du Bardo, Les Tunisiens optent pour la voie de la résistance

Après l’attaque terroriste AU musée du Bardo, Les Tunisiens optent pour la voie de la résistance
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L’avenue Bourguiba, principale artère de la capitale tunisienne et fief préféré de tous les manifestants depuis janvier 2011, ne désemplit pas. Et pour cause. Sans encadrement politique préalable, les citoyens y accourent, depuis mercredi dernier, jour du carnage du musée du Bardo, pour crier leur colère face à l’hydre terroriste qui investit désormais les villes.

 

Cela dépasse l’entendement, s’écrie Mohamed, enseignant. “On avait de l’espoir tant que le terrorisme frappait loin des villes, dans les montagnes. Aujourd’hui, il menace nos vies et celles de nos enfants.” Ahmed, ouvrier, lui emboîte le pas. “La misère nous entoure de toutes parts. Au coût de la vie exorbitant s’ajoute, désormais, le terrorisme urbain. Peut-on dormir tranquille alors que nos vies sont menacées à tout instant ?” Certains passants ne se limitent pas au superficiel pour condamner le terrorisme ou exprimer leur peur.

Un groupe de jeunes et de moins jeunes, attablés autour d’un café, interpelle le gouvernement en insistant sur la nécessité de tout changer. L’un d’eux, Abdelkader (Kader pour les intimes), cadre dans une entreprise publique, qualifie d’“incompétents” les gouvernements qui se sont succédé depuis la “révolution” au palais de la Kasbah. “Il fallait sévir dès le premier attentat, a-t-il dit, accusant la troïka conduite par le parti islamiste d’être à l’origine du mal qui ronge le pays. Liberté s’est engagé dans un quartier à haut risque pour tâter le pouls de ses habitants à majorité barbus. Grand fut notre étonnement quand les jeunes abordés n’ont fait montre d’aucune réticence pour s’exprimer. Trois jeunes gens ont condamné à l’unanimité l’acte terroriste du musée du Bardo, affirmant qu’ils respectent tout autant les principes républicains que la religion islamique.

LG Algérie

Le carnage du musée du Bardo a suscité un large courant de sympathie à travers le monde à l’égard de la Tunisie. Nombreux étaient les messages et les personnalités étrangères reçus par le président Béji Caïd Essebsi témoignant leur soutien à la Tunisie et à son peuple. L’originalité est venue de la part d’une délégation de la communauté algérienne de Tunisie.

La délégation, dont faisait partie une députée algérienne de l’émigration, s’est déplacée, samedi, au musée du Bardo pour y déposer une gerbe de fleurs et surtout pour lancer un appel à toutes les autres communautés pour soutenir la Tunisie sur les plans moral et matériel.

Ce qui pour d’autres pays serait un motif de tristesse, l’attaque terroriste du Bardo était pour les Tunisiens le déclic donné à un processus de solidarité qui mettrait le pays sur la voie du salut. Aucun report des divers festivals dans plusieurs villes du pays. Ces manifestations ont été exploitées à bon escient, pour en faire des canaux de condamnation du terrorisme.

À Tunis, ou ailleurs, dans le centre du pays, à l’Ouest ou au Sud, des manifestations spontanées à caractère politique ou culturel ont offert autant d’espaces pour condamner l’acte barbare du Bardo avec la participation, souvent, de touristes venus réaffirmer leur confiance en la destination Tunisie.

Au plan politique et sécuritaire, le paysage a rapidement changé. Le soir même de l’attaque, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), dont le siège est mitoyen du musée, a tenu une séance plénière extraordinaire consacrée à l’évènement. Le lendemain, le président de la République a présidé une réunion conjointe des Conseils supérieurs de l’armée et de sécurité. De nombreuses décisions ont été prises, en particulier celle destinée à consolider les moyens dont disposent ces deux corps.

La décision d’augmenter, dans les meilleurs délais et à travers la loi de finances complémentaire, le budget alloué à l’armée et aux forces de sécurité, a aussi été prise.

Ainsi, des armes sophistiquées, qui font défaut actuellement, seront acquises avec le soutien de pays frères et amis. Cela permettra de mieux contrôler la frontière sud avec la Libye de jour comme de nuit.

Cependant, toutes ces mesures n’auraient pas d’impact positif sur la situation générale dans le pays si elles ne sont pas précédées d’une prise de conscience collective de l’intérêt qu’il y a à consolider l’unité nationale. Ce à quoi le président de la République a appelé dans le discours qu’il a prononcé le 20 mars à l’occasion de la Fête de l’indépendance.

Son appel à tous les partis et à toutes les composantes de la société à mettre de côté divergences et tiraillements, et s’engager, main dans la main, au service de la Tunisie.

Cet appel a trouvé rapidement écho chez le parti islamiste dont le conseil consultatif (majless choura), réuni samedi, a tenu le même langage que le président de la République. Cependant, les observateurs s’accordent à dire que rien ne sera plus, en Tunisie, comme avant l’attaque du musée du Bardo.

M. K.