Après l’attaque d’In Amenas L’analyse du Congrès américain

Après l’attaque d’In Amenas L’analyse du Congrès américain

Il s’agit d’un document intitulé « Algeria, current issues »  (Algérie, dossiers d’actualité), daté du 18 janvier et élaboré par le service de recherches du Congrès américain, sous la direction d’Alexis Arieff, spécialiste des Affaires africaines. D’emblée, le rapport rappelle que, pour les Etats-Unis, la prise d’otages du 16 janvier dernier, a mis en relief « le défi d’assurer la sécurité de ses intérêts dans la région », tout comme cela pose de nouveaux défis pour la coopération sécuritaire entre Washington et Alger.

Le procédé de la prise d’otages, attribué par le document à AQMI, est, souligne-t-on, « le même que celui utilisé par ce groupe depuis des années, aussi bien en Algérie, dans certaines régions du Nord que dans le Sahel), avec généralement la demande de rançons ». Il est relevé que l’Algérie, en tant que « puissance économique et militaire, avec une expérience dans la lutte antiterroriste, a tenté de jouer un rôle de coordination des efforts dans la région », avec, en parallèle, « les résultats mitigés obtenus par les pays ouest-africains environnants ». Il est dit,  dans ce cadre, que les Etats-Unis qui disposent de leur propre stratégie face au terrorisme dans le Sahel, devraient s’interdire toute approche unilatérale, option qualifiée de « risquée et de coûteuse », par ledit rapport.

« Les relations entre les Etats-Unis et l’Algérie ont évolué durant la dernière décennie », ajoute-t-on, Washington voyant en Alger « un partenaire clé dans la lutte contre les groupes liés à Al Qaïda en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest ». Et de dire aussi que le lourd héritage colonial en Algérie interdit toute ingérence dans les positions d’Alger par rapport aux affaires régionales, qu’il s’agisse du monde arabe (Syrie) ou d’Afrique (Mali).

S’agissant de la situation sécuritaire, le Congrès américain estime que « la situation s’est grandement améliorée depuis les années 1990, mais le terrorisme subsiste ». Pour les Etats-Unis, les groupes comme celui de Mokhtar Belmokhtar, responsable de l’attaque du site d’In Amenas, sont désormais désignés dans la case du « terrorisme global ». Retraçant l’évolution de ces groupes, le rapport rappelle qu’après la vague d’attentats à l’explosif en 2007, AQMI a commencé à opérer en dehors de la capitale, avant d’intensifier son activité dans les massifs montagneux de Kabylie et dans la bande frontalière du Sahel. Aqmi et Mujao, de création récente, se sont redéployés dans le Sud à la recherche de nouvelles recrues et de nouvel armement.

LG Algérie

En décembre 2011, le Département d’Etat a estimé la force d’Aqmi à près de 1000 éléments en Algérie et au Sahel, tout en avouant une confusion dans la direction de cette organisation, où le leadership d’Abdelmalek Droukdel n’est plus aussi évident. « Il continue peut-être à jouer à l’idéologue de l’organisation, mais il a maintenant plusieurs rivaux dans le Sahel », estime-t-on. « Les cellules du Sud d’Aqmi vivent des rançons obtenues en échange d’otages occidentaux et du trafic d’armes, de cigarettes et de véhicules, et de trafic de drogues selon certains rapports ». Pour Washington, Aqmi est une organisation « hybride », ou « une organisation criminelle ayant des liens avec Al Qaïda ».

S’agissant des efforts algériens de lutte anti-terroriste, le rapport constate que les services de sécurité mènent des opérations incessantes autour d’Alger et des sites sensibles, priorité d’Aqmi, ainsi que dans certaines zones frontalières ciblées. Plusieurs responsables et éléments d’Aqmi ont été condamnés par contumace par la justice algérienne et certains d’entre eux ont été éliminés, rappelle-t-on. Par ailleurs, l’on souligne qu’ »Alger est pleinement consciente de la situation et fait beaucoup d’efforts pour prévenir l’activité d’Aqmi, y compris la prise d’otages occidentaux, afin de les empêcher de constituer un trésor de guerre et d’acheter de nouvelles armes ». A ce titre, le document insiste pour finir sur les efforts d’Alger de coordonner, dès janvier 2009, la lutte anti-terroriste avec le Mali, le Niger, la Libye et la Mauritanie, dans le cadre du Plan de Tamanrasset.

Le même rapport ouvre, par ailleurs, une parenthèse sur « l’Algérie et le printemps arabe », considérant que le pays a été loin des troubles qu’a connus la région en raison de l’aversion de la population à toute forme d’instabilité, notamment après la décennie 1990, même s’il est admis l’existence d’un malaise social et d’une rupture entre la société et l’élite politique.

Par Nabil Benali