L’alerte au niveau des frontières algéro-tunisiennes est renforcée conjointement par les deux pays à la suite de l’embuscade tendue contre l’armée tunisienne au djebel (mont) Chambi, en terre tunisienne, et qui a coûté la vie à neuf militaires tunisiens.
Une embuscade qui a eu lieu en sol tunisien dans le secteur du djebel Chambi, massif montagneux qui culmine à plus de 1500 mètres et où l’armée tunisienne combat des djihadistes depuis plusieurs mois.
L’Armée nationale populaire (ANP), de son côté, surveille étroitement, en utilisant des hélicoptères notamment, les déplacements le long des frontières, afin d’empêcher toute tentative d’intrusion d’éléments «djihadistes» de part et d’autre des frontières. Les armées des deux pays patrouillent parfois ensemble dans le cadre de la coopération sécuritaire entre les deux Etats.
L’Algérie et la Tunisie sont conscientes des défis sécuritaires lancés par la circulation des armes libyennes et le déplacement de djihadistes entre les frontières. L’Algérie qui continue à porter des coups sévères à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) avait déjà arrêté sur le sol algérien, des djihadistes tunisiens arrivés en Algérie pour se rejoindre les maquis d’AQMI.
Profitant de la disponibilité des armes libyennes et d’une certaine instabilité politique en Tunisie, les terroristes d’Al Qaïda, défaits en Algérie et chassés du nord du Mali, tentent de s’implanter en Tunisie pour y installer leurs campements. Il y a plusieurs mois, des dizaines d’éléments d’AQMI ont été interceptés par l’armée algérienne en cours de route vers Tébessa, fuyant les bombardements militaires dans les monts de Khenchela. Ces djihadistes étaient en route vers la Tunisie.
Il y a moins de deux semaines, les forces combinées de l’ANP ont, rappelle-t-on, abattu, au lieudit Souaïdia, sur l’axe Sidi Aïssa-Dirah, dans la wilaya de Bouira, l’«émir» Bourihan Rabah, alias Ayadh Abou Abderrahmane, son bras droit Lafi Lakhdar, alias Abou El Walid Touhami, responsable des communications au sein d’Aqmi, et deux autres terroristes tandis qu’ils se rendaient à Tébessa, ville frontalière avec la Tunisie. Selon les renseignements obtenus par l’ANP, ces terroristes se dirigeaient vers Djebel Boukhil (entre M’sila et Djelfa) dans une première étape pour continuer ensuite vers Tébessa. Se dirigeaient-ils au djebel Chambi pour aider les djihadistes tunisiens déjà installés en Tunisie?
Le centre-ouest de la Tunisie et le sud de la Libye investis par les terroristes
Le général-major Ahmed Bousteila, commandant de la Gendarmerie nationale, a reçu le 20 mai de l’année en cours à Alger son homologue tunisien, le directeur général, commandant de la Garde nationale tunisienne, le général Mountasser Essakouhi. Selon un communiqué de la Gendarmerie nationale rendu public, à l’époque, cette visite s’inscrivait dans le cadre de l’échange d’expérience en matière de sécurité publique et de lutte contre la criminalité organisée, tout comme elle visait à consolider et promouvoir les relations bilatérales entre les deux institutions dans le domaine de la formation et l’échange d’expériences professionnelles.
La surveillance des frontières et la lutte contre le terrorisme ont été parmi les thèmes les plus importants discutés par la Gendarmerie nationale et la Garde nationale. L’expérience algérienne dans le domaine de la lutte antiterroriste intéresse les Tunisiens qui désormais font face à un terrorisme qui est apparu au djebel Chambi et qui s’est déplacé depuis dans les villes, faisant un nombre croissant de victimes. L’Algérie et la Tunisie savent que les terroristes défaits en Algérie et chassés du nord du Mali cherchent à établir de nouveaux campements au djebel Chambi qui se trouve au centre-ouest de la Tunisie et au sud de la Libye.
Des craintes sont exprimées quant au retour des djihadistes tunisiens et libyens partis renforcer les rangs des terroristes de «djabhat Al Nosra» en Syrie. Selon l’agence américaine de statistiques Pentapolis, 1902 djihadistes tunisiens et 1807 djihadistes libyens sont morts en Syrie.
M. A.