Après l’arrestation de deux de ses membres: La LADDH dénonce les dépassements de la police

Après l’arrestation de deux de ses membres: La LADDH dénonce les dépassements de la police

Hier, au niveau du siège de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme ont eu lieu les premières déclarations suite aux arrestations du journaliste et membre de la LADDH Saïd Boudour et du lanceur d’alerte Noureddine Tounsi, ex-cadre du port d’Oran, également membre de la ligue. Des arrestations qualifiées par Kaddour Chouicha, représentant du bureau de la LADDH à Oran, comme étant un «kidnapping puisqu’ils ont été arrêtés dans le non-respect des lois et sans aucune convocation écrite».

Amel Bentolba – Oran (Le Soir) – Présents durant ce point de presse qui s’est voulu, dès le départ, précis quant aux propos qui s’y tiendront où il n’était pas question d’évoquer le contenu de l’instruction. «Heureusement qu’ils sont tombés sur un juge d’instruction qui a écouté sa conscience et la loi, puisqu’il a remis l’affaire dans sa dimension réelle. A savoir qu’il ne s’agit en fait que d’un journaliste et d’un lanceur d’alerte qui avaient une information et qui l’ont transmise. Suite à quoi, le juge d’instruction avait décidé de les libérer et de les considérer comme témoins.»

Le point de presse était organisé davantage pour dénoncer une procédure de police qui a, selon les témoignages de Saïd Boudour et de Noureddine Tounsi, mené deux interrogatoires parallèles. Tout d’abord des questions bien évidemment concernant leurs sources et le contenu des informations qu’ils avaient eues concernant un article de presse et à qui ils avaient transmis ces informations.

Mais ce qui est bizarre, dira le représentant de la LADDH, M. Chouicha, «et le comble et qui relèvent d’un travail de la police politique, ce sont les questions qui leur ont été posées de manière générale et plus précisément sur leur affiliation à la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme».

Des questions concernant les autres membres, leurs réunions, le financement de la ligue. «On les met au défi de faire des enquêtes sur nos comptes bancaires, nous ne sommes financés par personne ni aucun appui de l’étranger», dira Kaddour Chouicha. Des questions ont également été posées à Saïd Boudour sur son rôle dans la question des migrants. «On m’a signifié au niveau de la police qu’en dehors de cette affaire liée à des informations publiées autour de l’affaire des 700 kilos de cocaïne, on voulait me convoquer pour le dossier des migrants sauf qu’ils n’ont pas eu d’autorisation signée pour cela», lui expliquant, dit-il, qu’il était accusé de porter atteinte à l’image de l’Algérie. «Je leur ai simplement expliqué que je défendais des migrants ouvertement et dans un cadre légal et transparent». Il indiquera que les questions ont également tourné autour de son appartenance au Syndicat des éditeurs de la presse électronique, sur ses membres, le motif de création de ce syndicat.

De son côté, le lanceur d’alerte a été interrogé dans le cadre des informations en lien avec des écrits de presse qui ont fait suite à la saisie de la cocaïne, mais lui aussi a eu droit à un questionnaire sur la coordination des lanceurs d’alerte, quel était son rôle, ses membres, ses liens avec l’étranger, avec certains journalistes étrangers, sa relation avec la plateforme des lanceurs d’alerte en Afrique…Saisissant l’occasion, Noureddine Tounsi a tenu à lancer un appel aux plus hautes autorités de l’Etat « étant un lanceur d’alerte qui a dénoncé la corruption et des scandales au niveau du port d’Oran, mais personne ne m’a écouté, j’ai même évoqué l’une des pires gestions au port et des plus douteuses celle des conteneurs, une véritable bombe à retardement. Je crains aujourd’hui pour ma vie et celle de ma famille. Ces gens derrière l’affaire de la cocaïne voudront se venger de moi ayant dénoncé des scandales liés au port».

Au final, la seconde partie des interrogatoires concernant la migration et leur affiliation et activité au sein de la LADDH n’ont pas été retenus comme chefs d’inculpation et ne seront considérés seulement comme étant des témoins dans une affaire où deux personnes sont sous contrôle judiciaire.

A. B.