De nombreux chauffeurs de taxi commencent à ressentir ce recul des revenus. L’explication de cette situation est que de nombreux usagers habitués de ce moyen de transport préfèrent prendre le bus en raison de l’augmentation du prix des courses, estimée à 50% par rapport aux anciens tarifs. Une simple course en taxi urbain entre un quartier à Oran-Est et le centre-ville coûte en moyenne 170, voire 180 dinars, pour une distance d’une dizaine de kilomètres.
Les habitants de Haï El-Menzah (ex-Canastel) ou ceux du quartier de la Poste sur la route de douar Belgaïd doivent débourser quant à eux 220 jusqu’à 300 dinars pour se rendre au centre-ville. Pour les courses en tarifs de nuit, entre 21h00 du soir et 5h00 du matin, le client devra dépenser quasiment le double ! Aussi de plus en plus de citoyens boudent ce moyen de transport devenu un luxe.
La corporation des chauffeurs de taxis urbains de la ville est mise à rude épreuve ces dernières semaines. De nombreux chauffeurs de taxi interrogés s’accordent à dire que cette révision à la hausse des prix est un «cadeau empoisonné». Les «taxieurs» vivent désormais un paradoxe : la hausse des tarifs a eu pour effet une baisse des recettes quotidiennes.
Les opérateurs exerçant sur ces lignes risquent dans la meilleure des situations une baisse de leurs recettes ou pire ils pourront être transférés vers d’autres lignes moins rentables de la périphérie dans le cadre du nouveau plan de transport. Même si du côté des services concernés on se montre rassurant en estimant qu’«il y aura du travail pour tous», nombreux transporteurs privés appréhendent mal la prochaine mise en service du tram.
Outre la saturation du secteur du transport par taxi en raison de la multiplication des sociétés privées, les chauffeurs de taxis individuels souffrent de la hausse du bail des licences ainsi que la concurrence sauvage imposée par les taxis fraudeurs et les clandestins. Il faut avouer que le pouvoir d’achat des clients des taxis recrutés généralement parmi la couche moyenne (fonctionnaires, enseignants, petits commerçants?) est déjà rongé par la flambée spectaculaire du coût de la vie. «Je dois me rendre quotidiennement à mon travail au centre-ville. Avant, je prenais souvent le taxi pour être à l’heure. Avec ces nouvelles augmentations des tarifs, je dois débourser un gros budget sur ce moyen de transport.
Entre prendre des taxis et boucler la fin du mois, le choix ne se pose même pas», affirme ce père de famille. La prochaine mise en service du tramway risque en fait de chambouler totalement la donne dans le secteur et essentiellement sur les lignes urbaines qui traversent le tracé de ce moyen de transport. Quelque 400 transporteurs privés devront subir un lourd manque à gagner après la mise en service du tram (les lignes urbaines 11, U, 51 et 34). Le rétrécissement de la clientèle de ce moyen de transport se fait ressentir sur le terrain.
Des taxis maraudent à longueur de journée dans les rues de la ville à la recherche de clients. Les représentants syndicaux des chauffeurs de taxi restent sceptiques quant à l’avenir de cette corporation. Ils regrettent surtout une saturation du secteur de transport par taxi à Oran en raison de l’injection de centaines de nouveaux véhicules par les sociétés de taxis dont le nombre croit de jour en jour.
Il existe aujourd’hui une quarantaine de sociétés de taxis opérationnelles, précise-t-on. Fin 2012, elles étaient 28 sociétés en exercice avec 913 voitures et 1.182 emplois et 39 autres ayant obtenu le feu vert ou approbation préliminaire de la DTWO (460 et 520 postes), alors que 14 dossiers étaient en étude (216 et 215 postes).
Au total, le nombre des sociétés de taxis devra atteindre les 81 avec un parc de 1.588 voitures et 1.927 emplois directs. Et les mauvaises nouvelles continuent de pleuvoir sur cette corporation avec l’annonce de 2.000 nouvelles licences (450 ont été déjà attribuées à des ayants droit) et la mise en service prochaine du tramway d’Oran qui va à coup sûr concurrencer les taxis en particulier au centre-ville. Le tramway qui offre de nombreux avantages côté tarifs et temps devra détourner une bonne partie de la clientèle des taxis.
Mourad Belkaïd