Les cambistes affichent pour l’heure une indifférence qui s’explique par le fait que l’information a été bien digérée depuis novembre ainsi que par l’absence d’indicateurs fiables confirmant des velléités d’action contre l’informel, à en croire notre interlocuteur.
Lors de la présentation des deux nouveaux billets de banque de 500 et de 1 000 dinars ainsi que de la nouvelle pièce de monnaie de 100 dinars, dont la mise sur le marché est prévue dès la seconde moitié du mois en cours, les responsables de la Banque d’Algérie ont insisté sur le fait qu’il ne s’agit que d’une opération de rafraîchissement, voire d’une substitution progressive en matière de recyclage des billets en circulation.
Dit autrement, il n’est point question d’un changement de la monnaie nationale. Il ne s’agit non plus d’un moyen à même d’absorber les montants en dinar en circulation dans les réseaux informels. Il serait prématuré de parier sur un quelconque comportement du marché informel. Il y a deux raisons pour ça, nous explique un cambiste : d’abord, parce que le marché a eu à digérer cette information depuis son annonce en novembre dernier. A ce moment-là, l’information s’est répandue comme une traînée de poudre et chacun y est parti de sa propre interprétation, ce qui a fait que le dinar chutait vertigineusement face aux principales devises. Les choses se sont, ensuite, décantées, en attendant la seconde moitié de février, date prévue pour la mise en circulation des nouveaux billets de banque. Cette indifférence s’explique ainsi par le fait que l’information a été bien digérée depuis novembre ainsi que par l’absence d’indicateurs fiables confirmant des velléités d’action contre l’informel, à en croire notre interlocuteur.
N’empêche, la monnaie nationale a atteint des plus bas historiques face aux principales devises, sur le marché parallèle des changes. Un dollar s’échange contre 187 dinars, alors qu’une pièce de un euro valait 214 dinars. Jamais le dinar n’a atteint des niveaux aussi bas contre le billet vert et la monnaie unique européenne. «Cette hausse n’est guère attribuable aux récentes annonces de la banque centrale, même si les précédentes, datées de novembre, ont créé un climat de suspicion et de doute quant aux véritables intentions de cette institution», nous confie un autre cambiste, qui reconnaît que les taux appliqués actuellement sur le marché tirent leur source, en partie, de cette psychose qui s’est emparée des milieux de change informels au lendemain de l’annonce, en novembre, de l’intention de la Banque centrale d’émettre de nouvelles coupures de billets.

Mais l’attention des cambistes reste focalisée sur le comportement des détenteurs de capitaux en dinars non bancarisés et qui sont, de coutume, les plus gros demandeurs de devises sur le marché informel. Un autre cambiste évoque ainsi l’impact de ce genre d’annonces sur le comportement des détenteurs de capitaux en dinars. «L’impact sur le comportement du demandeur est plus important que l’influence que cela pourrait avoir sur l’offreur», soutient notre interlocuteur. Il explique qu’il est encore prématuré d’évaluer le comportement des gros demandeurs et que le marché traverse un passage à vide après que la psychose provoquée en novembre se soit estompée.
Les cambistes sont pour ainsi dire dans une posture attentiste à quelques jours de la mise en circulation des nouveaux billets de banque, alors que la grande interrogation porte plutôt sur le comportement des gros demandeurs de devises à des fins de thésaurisation. C’est un phénomène qui s’est accentuée depuis la dépréciation du dinar ; les détenteurs de capitaux en dinars non bancarisés se ruaient vers les devises, y voyant une valeur refuge contre un dinar malmené à la fois par les dévaluations officielles que par les rumeurs.