Après l’Afghanistan, l’Algérie est le 2ᵉ pays le plus touché au monde par cette maladie

Après l’Afghanistan, l’Algérie est le 2ᵉ pays le plus touché au monde par cette maladie
Leishmaniose cutanée en Algérie

En 2025, l’Algérie se classe au deuxième rang mondial après l’Afghanistan pour l’incidence de la leishmaniose cutanée. C’est ce qu’a confirmé Dr Nacira Seklaoui, cheffe du service de parasitologie-mycologie médicale au CHU de Tizi-Ouzou.

Cette maladie parasitaire, transmise par les phlébotomes (de petits moucherons hématophages), est devenue un problème majeur de santé publique dans le pays.

En Algérie, trois formes de leishmaniose cutanée sont recensées. La forme dite « du Sud » sévit dans le nord du Sahara, en particulier à Biskra et M’sila. La leishmaniose cutanée sporadique du Nord, quant à elle, affecte plusieurs wilayas septentrionales comme Tizi-Ouzou, Bouira ou encore Boumerdès. Enfin, une forme anthroponotique, liée à l’éspèce Leishmania tropica, est présente dans la région de Ghardaïa.

L’inquiétante progression de la leishmaniose cutanée en Algérie

Les données de l’Observatoire régional de la santé d’Oran (ORS), publiées sur Promed, montrent une évolution inquiétante sur les dix dernières années. 

L’incidence est passée de 0,6 cas pour 100 000 habitants en 2014 à 2,8 cas pour 100 000 habitants en 2019. Dans les dix wilayas de l’Ouest, le nombre de cas recensés a connu une forte progression, passant de 46 en 2014 à 251 en 2019. En outre, la wilaya de Saïda est la plus touchée, avec 26,5 cas pour 100 000 habitants, suivie de Tiaret (10,5), Sidi Bel-Abbès (1,7) et Tissemsilt (1,3).

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En outre, cette maladie endémique affecte principalement les enfants de moins de 14 ans et reste plus fréquente chez les hommes. Cette tendance révèle non seulement une vulnérabilité particulière des plus jeunes, mais aussi une différence de répartition selon le sexe. Ce qui interpelle sur les facteurs sociaux, environnementaux ou comportementaux qui pourraient influencer l’exposition et la transmission.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la leishmaniose est associée à la pauvreté, à l’insalubrité et à la malnutrition. Chaque année, 700 000 à 1 million de nouveaux cas apparaissent dans le monde, toutes formes confondues. La forme cutanée, la plus fréquente, cause des ulcères de la peau qui laissent souvent des cicatrices définitives et sources de stigmatisation.

Environ 95 % des cas de leishmaniose cutanée surviennent dans les Amériques, le bassin méditerranéen, le Moyen-Orient et l’Asie centrale. La région de la Méditerranée orientale, qui inclut l’Algérie, concentre 80 % des cas mondiaux.

Facteurs environnementaux et sociaux : quelles sont les causes de la propagation de la leishmaniose en Algérie ?

La maladie est causée par un protozoaire du genre Leishmania, transmis par la piqûre de phlébotomes femelles infectées. Ces insectes prolifèrent dans les fissures de murs ou dans les terriers d’animaux servant de réservoirs.

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Les piqûres surviennent surtout le soir et la nuit, favorisées par :

  1. Facteurs environnementaux : les changements climatiques (augmentation des températures, sécheresse) favorisent l’expansion géographique des phlébotomes et de leurs rongeurs réservoirs.
  2. L’urbanisation rapide et non planifiée repousse les écosystèmes naturels avec la construction de nouveaux logements en périphérie des villes. Créant ainsi des interfaces homme-rongeurs qui facilitent la transmission.
  3. Problèmes de gestion des déchets : les décharges sauvages et la mauvaise gestion des ordures attirent et nourrissent les populations de rongeurs réservoirs.
  4. Mauvaise gestion de l’eau : les eaux usées stagnantes et les fuites d’eau créent des zones humides propices à la reproduction des phlébotomes.
  5. Mobilité des populations : le déplacement de personnes non immunisées vers des zones d’endémie augmente le nombre de cas.

Leishmaniose cutanée en Algérie : comment se protéger et réduire les risques de transmission ?

L’OMS et l’Institut Pasteur rappellent que la lutte repose sur plusieurs leviers :

  • Protection individuelle : privilégier le port de vêtements longs, utiliser des répulsifs cutanés à base de DEET et dormir sous des moustiquaires imprégnées d’insecticide dans les zones à risque.
  • Lutte contre le vecteur : recourir à la pulvérisation d’insecticides et améliorer l’environnement domestique afin de limiter la prolifération des phlébotomes.
  • Diagnostic et prise en charge précoces : détecter rapidement les cas pour réduire la transmission et prévenir les séquelles graves.

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Enfin, la leishmaniose cutanée reste largement sous-déclarée. Sur environ un million de nouveaux cas annuels estimés dans le monde, seuls 200 000 sont notifiés à l’OMS. En Algérie, la progression observée dans l’Ouest illustre les défis à relever. Surveillance accrue, amélioration des conditions de vie et renforcement de la prévention.