Après la Tunisie, l’Egypte, l’Algérie : Le vent de contestation gagne la Libye du dictateur Kadhafi

Après la Tunisie, l’Egypte, l’Algérie : Le vent de contestation gagne la Libye du dictateur Kadhafi

Et maintenant la Libye. Plusieurs centaines de Libyens sont descendus mercredi 16 février dans les rues de Benghazi (1.000 km à l’est de Tripoli), la deuxième ville du pays, pour demander le départ du gouvernement, sur le modèle du soulèvement égyptien.Trente huit personnes ont été blessées au cours d’affrontements. Agé de 69 ans, le colonel Mouamar Kadhafi, « guide de la révolution », est au pouvoir depuis septembre 1969 date du coup d’état militaire qui l’a porté au pouvoir.

Selon des témoins, les protestataires ont scandé des slogans réclamant la démission du Premier ministre Baghdadi al-Mahmoudi. La colère des manifestants ne semblait cependant pas dirigée contre Mouammar Kadhafi, qui tient les rênes du pouvoir depuis plus de 40 ans.



Achour Chamis, un militant de l’opposition libyenne à Londres, a déclaré que les manifestations avaient commencé mardi dans la ville portuaire, mais que la police et des partisans armés du gouvernement avaient rapidement sévi, procédant à des tirs de balles en caoutchouc.

Un responsable des services de sécurité libyens a expliqué sous couvert de l’anonymat que 14 personnes, dont dix policiers, avaient été blessées mardi dans les heurts. D’après lui, les protestataires étaient armés de couteaux et de pierres et la police a tenté de disperser la foule en faisant usage de canons à eau.

Trente-huit personnes ont été blessées, a indiqué à l’AFP le directeur de l’hôpital Al-Jala de Benghazi.

« Trente-huit personnes ont été admises à l’hôpital pour des blessures », a déclaré Abdelkarim Gubeaili, précisant que toutes les blessures étaient légères et résultaient de « bagarres entre manifestants qui en étaient venus aux mains ». Un précédent bilan donné par le journal libyen Quryna faisait état de 14 blessés.

Les forces de l’ordre étaient intervenues, selon le journal, pour mettre fin à des affrontements entre des partisans du leader libyen Mouammar Kadhafi et des « saboteurs » parmi des manifestants qui s’étaient rassemblés pour réclamer la libération d’un avocat représentant des familles de prisonniers tués en 1996 dans une fusillade dans la prison d’Abou Salim à Tripoli.

L’agence de presse officielle libyenne n’a diffusé aucune information sur le rassemblement anti-gouvernemental, faisant seulement état de manifestations de partisans de Kadhafi à Tripoli, la capitale, Benghazi et dans d’autres villes.

L’Union européenne a appelé mercredi la Libye à autoriser « l’expression libre » et à éviter « toute violence »après la dispersion par la force d’un sit-in contre le pouvoir à Benghazi (est).

« Nous appelons les autorités à écouter tous les gens qui participent aux protestations et ce que la société civile dit, et à permettre l’expression libre », a souligné la porte-parole de la Haute Représentante de l’Union européenne aux Affaires étrangères Catherine Ashton, Maja Kocijancik.

« Nous appelons également au calme et à ce que toute violence soit évitée », a-t-elle précisé. L’Union européenne « suit la situation de très près », a-t-elle précisé.

Ancien capitaine autoproclamé colonel, Kadhafi s’est emparé du pouvoir le 1er septembre 1969, à l’âge 27 ans, après un coup d’État contre le roi Idris Ier, alors que celui-ci était en Turquie pour un traitement médical. Depuis, il ne l’a plus jamais lâché.

Mégalomane, brouillant, insaisissable, le guide de la Révolution libyenne a privatisé son pays pour le transformer en propriété familiale. A moins d’un renversement de son régime ou d’un départ négocié, sa succession devrait se décider parmi sa nombreuse progéniture, sans doute Seïf el Islam.