Après la Tunisie et la victoire des islamistes au Maroc,Vague verte sur le Maghreb

Après la Tunisie et la victoire des islamistes au Maroc,Vague verte sur le Maghreb

Le Maroc remet sur le tapis l’avenir politique de toute une région

Il reste à savoir si l’Algérie va sauver la mise ou suivra-t-elle les modèles tunisien et marocain

Assiste-on à un remodelage de la carte politique du Maghreb? La victoire du Parti pour la Justice et Développement (PJD) aux élections législatives au Maroc remet sur le tapis l’avenir politique de toute une région.

La porte est déjà ouverte devant la déferlante du courant islamiste. Le PJD a arraché la première place avec les 80 sièges obtenus, alors que le taux de participation est de 44,5%. Ces résultats avancés par des officiels marocains sont encore provisoires. Une telle victoire permet aux islamistes marocains de prendre la tête du prochain gouvernement. Le roi procédera, ainsi, à la nomination d’un Premier ministre dans les rangs de ce parti, et ce, conformément à la nouvelle Constitution. Le prochain gouvernement au Maroc sera islamiste, même si des alliances s’imposent. En Tunisie, les jeux sont déjà faits. Ennahda, parti islamiste également, avait remporté de son côté les premières élections libres en Tunisie. Après le consensus trouvé avec les deux autres partis de gauche, CPR et Ettakatol, les islamistes d’Ennahda dirigent désormais le gouvernement tunisien. C’est Hamadi Jebali qui est désigné chef du gouvernement. En Libye, le Conseil national de transition annonce la couleur bien avant le rendez-vous électoral. Devant les caméras du monde entier, Mustapha Abdeljalil avait annoncé, juste au lendemain de la libération de tout le pays, l’application de la charia en Libye! En Mauritanie, le statut d’une République islamique est déjà consacré. L’enjeu reste cerné sur l’avenir de la République algérienne.

A moins de six mois des élections législatives, la question se pose quant à la nature du courant qui présidera le palais Zighout Youcef. Les islamistes, déjà motivés par la victoire d’Ennahda et du PJD, tenteront un remake en Algérie. L’enjeu est de taille, mais le jeu n’est pas facile. En tout cas, les islamistes algériens se frottent les mains, galvanisés par les victoires des voisins de l’Est et de l’Ouest. Les tractations sont d’ores et déjà engagées. Seulement, la donne est quelque peu différente en Algérie qui n’en est pas à sa première expérience avec les partis islamistes contrairement au Maroc et à la Tunisie. La mauvaise expérience des élections législatives de 1991 est toujours vivace dans l’esprit de chaque Algérienne et chaque Algérien. Mais les islamistes algériens, à leur tête le MSP de Bouguerra Soltani, un parti proche des deux formations victorieuses en Tunisie et au Maroc, se dit confiant de remporter les prochaines élections pourvu qu’on leur garantisse une élection libre et sans fraude. L’exploit du PJD et Ennahda se veut comme une bouffée d’oxygène pour les islamistes algériens. Ces derniers croient déjà, à une contagion dans tout le Maghreb. L’arrivée des islamistes au pouvoir représente-t-elle la seule alternative pour les populations locales? La réponse ne peut être affirmative vu que le taux de participation au Maroc reste très inférieur à la moyenne. Selon les premiers résultats le taux de participation à l’élection marocaine n’a pas dépassé les 45%. L’autre question qui mérite d’être soulevée est incontestablement liée à l’avenir de l’Union du Magreb arabe après l’arrivée à la tête de gouvernements des politiciens issus de la mouvance islamiste. Cette arme à double tranchant, Ennahda en Tunisie et le PJD au Maroc et arrivée des islamistes aux commandes en Libye, pourrait bien impulser cette union. Le risque contraire est plausible. La recomposition des systèmes politiques dans la région pourrait bien bloquer la construction ou la refondation de l’UMA. Quant aux relations Maghreb-Europe, elles seront, dans ce cadre, face à un avenir ambigu.

Le Maghreb s’islamise selon le modèle turc que l’Europe justement rejette. L’instauration d’un gouvernement islamiste modéré est une des cause de la non-adhésion de la Turquie au sein de l’Union européenne. L’Europe va t-elle, ainsi, rejeter un Maghreb islamique comme c’est le cas pour la Turquie? Wait ans see…