Les événements de Toulouse ont clairement réorienté la campagne présidentielle vers un thème: «La sécurité»
Mort, Mohamed Merah a emporté avec lui les dessous de «la crise de Toulouse» mais aura surtout permis au candidat Sarkozy de revenir à la surface.
Un fait divers devenu une affaire d’Etat. Sorti de son contexte normal, un crime crapuleux, l’affaire de Toulouse, manipulée et instrumentalisée à outrance, est devenue une affaire politique providentielle qui permet au président sortant de sortir la tête de l’eau et de revenir dans la course à l’Elysée, alors qu’il y a quatre jours il était donné archi-battu au second tour par le candidat socialiste, François Hollande. M.Sarkozy nous administre la leçon magistrale de retourner une situation tout à son profit. Il est évident que l’assassinat d’enfants, quelle que soit leur origine et confession, est toujours abominable, mais il ne fallait pas sortir le crime de Toulouse de son contexte jusqu’à faire croire que le petit truand de cette ville, peut-être autre chose que ce qu’il était en réalité. Quand on a voulu en faire un «terroriste» attitré d’Al Qaîda, ce qui donna au candidat Sarkozy de prononcer ces paroles grandiloquentes, définitives: le tueur du sud-ouest de la France «voulait mettre la République à genoux»…. «mais la France n’a pas cédé» Voyez-vous ça! Lamentable! Le volet sécuritaire vient ainsi s’inviter à cette campagne présidentielle donnant à M.Sarkozy de rebondir sur son sujet favori «la sécurité et l’immigration». Effectivement, ainsi, un individu, un truand fiché par les polices de France et de Navarre est soudain devenu l’ennemi public numéro un, Merah capable donc, à lui-seul, de «mettre à genoux» la France. Une crise bienvenue, qui profite surtout et en premier aux candidats de la droite, en particulier M.Sarkozy, lui donnant ainsi d’endosser le costume du «président protecteur de la République», et de «rassembleur». De fait, c’est flagrant, Nicolas Sarkozy est le seul bénéficiaire de la tuerie de Toulouse jusqu’à faire écrire au New York Times: «Toulouse change le ton de la campagne en faveur de Sarkozy» Nicolas Sarkozy a réussi à «se mettre dans un rôle de président rassembleur et protecteur, plutôt que dans celui d’un candidat qui divise», poursuit le journal. «La capacité à réagir en situation de crise est considérée comme une des qualités de M.Sarkozy et les événements de ces dix derniers jours à Toulouse lui ont permis de rappeler aux Français ce qu’ils apprécient chez lui, plutôt que ce qu’ils n’aiment pas». Pour le Wall Street Journal, les événements de Toulouse ont clairement réorienté la campagne présidentielle vers un thème: «la sécurité», alors qu’elle était auparavant largement focalisée sur l’économie. Selon le quotidien économique, ce changement de cap est susceptible de donner un «avantage» à Nicolas Sarkozy, alors que M. Hollande a été «bien moins visible durant la crise». Mort, Mohamed Merah, a emporté avec lui les dessous de «la crise de Toulouse» mais aura surtout permis au candidat Sarkozy de revenir à la surface. Le tueur au scooter, a été abattu par les hommes du Raid alors qu’il tentait de prendre la fuite. Né le 10 octobre 1988 à Toulouse, Mohamed Merah, auteur de 18 faits de violence, était jusqu’alors seulement considéré comme un «petit délinquant» de quartier, qui trempait dans des affaires de dégradations, de manquements à l’autorité, de vols… En décembre 2007, il est condamné pour le vol d’un sac à main à 18 mois de prison ferme. Il reste en cellule jusqu’en septembre 2009. C’est peu après qu’il part, selon les autorités politiques et sécuritaires françaises, en Afghanistan et au Pakistan pour rejoindre des groupes djihadistes. Affirmation mise en doute par les services de renseignements américains et de l’Otan qui disent que Merah était inconnu de leurs services. Il fallait donc trouver une «assise» terroriste au petit truand de Toulouse. Plusieurs membres du gouvernement français ont estimé hier qu’il fallait tirer les leçons de l’affaire Mohamed Merah, qui suscite des interrogations sur l’efficacité des services de renseignements français dans la surveillance des personnes suspectes. De plus, l’opération ou plutôt les négociations ont duré trente heures. Trente heures de siège pour un seul homme! Honte aux forces de sécurité françaises! Qui plus est, un homme, aussi armé soit-il, est arrivé à passer entre les filets des forces de sécurité françaises, car au final, le but des négociations était de l’avoir vivant. Coup monté, manipulation, propagande, antisémitisme, terrorisme (…) autant de scénarios qui reviennent à l’esprit, alors que cette affaire a pris des proportions complètement démesurées. Mais qui était ce phénoménal personnage qui a failli mettre la «France à genoux?» Expression reprise de la déclaration de mercredi dernier du président français. «Le Pakistan et l’Afghanistan, mais aussi les forces américaines et celles de l’Otan dans ce pays, assurent n’avoir aucune trace des séjours de Mohamed Merah, contrairement aux déclarations des autorités françaises», a rapporté jeudi l’AFP. Les autorités et le renseignement afghans ont également assuré n’avoir pas d’information sur la présence de Merah. Au Pakistan, plusieurs hauts responsables des forces de sécurité et des services de renseignements, l’ISI (Inter-Services Intelligence), ont affirmé aussi à l’AFP n’avoir aucune trace de son passage dans leur pays. Les informations fournies par le ministère de l’Intérieur français sont-elles réellement fiables? Ou fallait-il accréditer, au prix d’un mensonge, l’appartenance de Merah au «terrorisme» international? Aussi, les précisions des services afghans, pakistanais et américains ont de quoi jeter le discrédit sur ces informations et mettent carrément en doute la crédibilité des autorités françaises…Il semblerait qu’au final, Mohamed Merah n’était qu’un petit délinquant français qui, pour des raisons pas très claires, a assassiné sept personnes de différentes confessions. Cependant, une chose est sûre, la crise de Toulouse est tombée à pic pour relancer la cote de Nicolas Sarkozy dans les sondages.