La saisie de 2.3 tonnes de drogue à Oran laisse supposer que les réseaux de trafic de stupéfiants continuent, malgré les coups qui leur sont portés par les services de sécurité, d’accorder à notre pays une grande place dans leur organisation.
Ainsi, ces réseaux qui tentent d’exploiter toutes les voies de transit ont osé plusieurs expéditions de drogue aussi bien à travers les pistes du sud du pays que par les voies du nord.
La dernière prise réalisée à Oran constitue un coup décisif et l’exploitation des informations, récoltées dans le cadre de l’enquête actuellement en cours pourra renseigner sur les ramifications du réseau, ses complicités et surtout son mode opératoire.
Il est intéressant de rappeler qu’un baron ne s’aventure pas à expédier une aussi grande quantité de drogue s’il n’a pas reçu des assurances lui permettant de faire voyager sa cargaison avec le «risque zéro».
Dans ce contexte, il faudra revenir au début des années 2000 pour retrouver une aussi grande saisie réalisée à Oran.
A cette époque, le réseau Zendjabil avait profité de complicités qui lui avaient même permis de faire sortir de prison un détenu pour convoyer la marchandise via le port d’Oran jusqu’au port d’Alicante.
Et pour la récente saisie, il semble que le réseau ait calqué son mode opératoire sur celui de Zendjabil, dit Ahmed Chelfi.
Car on voit mal un trafiquant s’aventurer à organiser un départ de drogue à partir des zones de production au Maroc sans prendre des précautions. Perdre aussi facilement 60 milliards de centimes n’enchanterait pas les trafiquants qui préfèrent «acheter la route» (pour leur emprunter leur jargon) en soudoyant et en impliquant, de gré ou de force, tous ceux qui pourraient leur être utiles.
Et c’est pourquoi considérer Oran comme zone de transit ou comme zone de consommation suppose une enquête poussée qui pourrait révéler des complicités peut-être insoupçonnables.
Il faut reconnaître dans ce cadre le mérite des services de police qui ont su mettre en place une souricière, et surtout se montrer patient pour réaliser un aussi beau coup de filet.
Les trafiquants qui avaient l’habitude d’emprunter les pistes du sud avaient abandonné Oran depuis des années.
Et en voyant la succession de prises réalisées sur la bande frontalière et même dans la région de Ouargla, ils se sont rabattus sur Oran, avec l’espoir de réactiver les complicités et soutiens dormants.
La prise est un coup fatidique pour ces filières, mais il s’agit aujourd’hui de démembrer et désarticuler toute leur organisation.
F. Ben