Après la révision de la marge bénéficiaire du prix du pain,Le consommateur s’estime lésé

Après la révision de la marge bénéficiaire du prix du pain,Le consommateur s’estime lésé

Si les boulangers ont des conditions de travail à défendre et que le ministère du Commerce compte prendre en charge, le consommateur algérien, lui, souhaite que les choses se fassent dans le respect des normes.

Contrairement à d’autres secteurs, les protestations soulevées par la corporation des boulangers, ceux d’Oran notamment, n’ont pas tardé à obtenir réponse et réaction de la part du ministère du Commerce. Mustapha Benbada a, en effet, donné écho à cette protection en assurant d’abord qu’aucune augmentation ne touchera le prix du pain et ensuite affirmant que la marge bénéficiaire du prix de la baguette sera révisée. Au moment où la Fédération algérienne des boulangers (FAB) se réjouit de cette réponse, les consommateurs se demandent pourquoi la baguette du pain dont le prix est de 8,5 DA se vend à 10 DA et que cette dernière pèse moins que son poids approprié et ordinaire. Autrement dit, pourquoi la loi n’est pas appliquée vis-à-vis des lois des tarifs et des mesures. Ainsi, si la marge bénéficiaire sera appliquée, c’est inévitablement le poids de la baguette qui sera remis à la baisse, soit moins de 200, voire 180 g et c’est justement la question que se posent les Algériens si adeptes de ce mets. Pour les boulangers, les choses se présentent autrement. Ils contestent la cherté des charges de la production. Après avoir obtenu une réponse favorable de la part de la tutelle, la Fédération algérienne des boulangers a accueilli favorablement les dernières déclarations du ministre du Commerce sur la révision de la marge bénéficiaire des boulangers. C’est du moins ce qui a été déclaré à la presse par le président de la FAB, M. Kelfat. Et d’affirmer que la fédération n’envisageait aucune grève ou protestation pour la satisfaction de ses revendications. Il convient de souligner dans ce contexte, que les boulangers de la wilaya d’Oran qui ont observé une journée sans pain le 31 décembre dernier envisagent de recourir à une grève illimitée si leur cahier revendicatif n’est pas pris en charge. Au menu, les artisans d’Oran réclament une baguette à 12 DA sinon la diminution du poids de la baguette, entre autre. Le ministre Benbada, avait déjà affirmé que son département procédera à la révision de la marge bénéficiaire des boulangers qui fabriquent le pain uniquement, notamment dans les petites villes et en milieu rural, reconnaissant que ces derniers rencontraient des problèmes liés à la marge bénéficiaire. Il a précisé à ce propos, que le ministère du Commerce a été destinataire de propositions de la Fédération nationale des boulangers actuellement en cours d’examen. M. Kelfat a souhaité d’autre part, une «solution concrète» aux revendications des boulangers notamment celles liées à l’augmentation de la marge bénéficiaire pour amortir le coût de la préparation du pain, pour régler «définitivement» le dossier des boulangers. Le président de la FAB, affiliée à l’Union générale des commerçants et artisans algériens, a rappelé que celle-ci avait formulé fin décembre une série de propositions au ministère du Commerce à la demande de celui-ci. Ces propositions s’articulent essentiellement autour de la réduction du poids de la baguette de pain à 200g au lieu de 250g et du prix du quintal de la farine de 2000 DA à 1500 DA et l’augmentation du prix du pain à 10 DA. En 1996, l’Etat a fixé le prix du pain à 7,5 DA et à 8,5 DA pour le pain amélioré. Par ailleurs, la fédération avait présenté au ministère du Commerce une «étude exhaustive» sur le coût de la baguette de pain. M. Kelfat a indiqué à cet effet, que le prix du pain s’élève sur la base de cette étude, à 9,85 DA, ce qui a mené l’ensemble des boulangers à ne plus respecter le poids du pain. Selon lui, la marge bénéficiaire des boulangers était estimée à 20% en 1996 mais avec l’augmentation des matières premières (farine et levant) et l’augmentation de la main- d’œuvre, le coût du pain dépasse nettement celui de la vente.



Par Yasmine Ayadi