La tenue du Conseil des ministres, dimanche dernier, est un événement politique marquant en ce début de rentrée sociale. Ce n’est pas seulement parce qu’il signe le retour au devant de la scène du président de la République qui a déjà procédé au cours des dernières semaines à un remaniement ministériel. Il met surtout fin à une série de rumeurs dont les relais, avec une insistance relevant de l’ordre du morbide, se réjouissaient d’une prétendue paralysie des institutions.
Les retrouvailles sous la présidence de Bouteflika des membres du gouvernement, dont certains viennent d’être fraîchement nommés, donnent le signal à des changements sur la scène politique. Les signes avant-coureurs sont déjà perceptibles avec en filigrane une recomposition du champ politique qui se traduit par des approches entre acteurs politiques. Nul doute qu’à la faveur de la tenue de la tripartite, du déploiement de l’activité gouvernementale, qui, à vrai dire, n’a pas connu de répit, les recommandations du chef de l’Etat trouveront pleine et entière traduction.
Les changements qui se profilent toucheront aussi la sphère économique qui semble tout autant, sinon plus, requérir l’attention du gouvernement et de ses différents partenaires. Dans le sillage de cet événement, c’est l’instance parlementaire qui se trouve du coup « libérée » avec bientôt des débats autour de dossiers sensibles.
L’APN et le Conseil de la nation vont rompre avec une pesante inactivité et redeviendront l’arène où se confrontent les avis et les conceptions différentes autour de textes importants. Certains d’entre eux, à l’image de la loi de finances de 2014 ou celle sur l’audiovisuel, remodèleront la face de l’Algérie. La première révèle les grandes orientations de la politique économique et sociale de la prochaine année avec des mesures qui ont une incidence directe sur la vie des citoyens. Elle est porteuse de mesures en matière de fiscalité qui conditionne la vie des ménages et des entreprises.
La seconde est un des axes principaux de la politique des réformes initiée par le pays. On ne peut concevoir une pratique démocratique, un sain exercice du pluralisme sans la sécurité et la diversité des opinions. L’ouverture de l’audiovisuel sonne le glas d’une époque et entrouvre les portes d’une autre où la parole sera critique et non destructrice. Si le terrorisme a pu un moment limiter l’exercice des libertés d’expression, le rétablissement de la paix permet aux pays d’entrevoir une nouvelle phase où la liberté et la responsabilité peuvent faire bon ménage. L’intérêt accordé au marché du livre, à l’enfance et à la révision de textes juridiques témoignent d’une volonté des pouvoirs publics qui ne parent pas seulement aux urgences. On édicte des règles, dessine des perspectives qui s’inscrivent dans la durée.
Le pays s’apprête à vivre des échéances électorales capitales. Beaucoup de chantiers politiques sont ouverts, notamment la révision de la Constitution. Les derniers mois de l’année 2013 seront ceux d’une vie politique intense. L’Algérie s’apprête à vivre dans la sérénité des rendez-vous, forte de la sérénité et de la stabilité de ses institutions.
H. Rachid