Le sujet, qui alimente ces jours-ci les discussions à Béchar, en cette période de grandes chaleurs caniculaires, où la lassitude et l’ennui se sont carrément installés dans la vallée de la Saoura , rendant toute activité difficile pour ne pas dire impossible, c’est le retour du ministère de l’Education nationale à la délivrance des réquisitions de transport par train aux enseignants, à l’occasion de leurs congés annuels pour séjourner dans les villes côtières du pays.
Les spéculations vont bon train et chacun y va de ses
explications et arguments. Canicule oblige, cela fait tourner la tête à tout le monde, notamment à la frange des enseignants. Après une gratification par des augmentations de salaire et des rappels conséquents, les membres de la « famille » de l’éducation ne ratent aucune occasion pour paraître et faire parler d’eux. Ils excellent dans l’art d’être toujours sous les feux de la rampe.
En effet, depuis la mise en service du train de voyageurs reliant la capitale de la Saoura à la ville d’Oran, la question, qui revient dans la bouche de beaucoup d’éducateurs à Béchar, c’est le retour à l’application de l’ordonnance 50-66 du 26 février 1966, accordant aux fonctionnaires, exerçant dans les régions du sud du pays, durant leurs congés annuels, le droit au transport gratuit en aller et retour pour séjourner dans une ville du nord par un moyen de locomotion économique.
Cet avantage, qui a existé auparavant, a été ensuite gelé avec l’arrêt du train et un contentieux pour défaut de paiement de la SNTF par le ministère de l’Education nationale, pour ce qui est des enseignants, a vite surgi, nous a fait savoir un cadre de la direction de l’Education de la wilaya à la retraite.
Il poursuivit : «Les enseignants et autres fonctionnaires des administrations et établissements publics ont continué à bénéficier, uniquement, du remboursement des frais de voyage quand ils se rendent dans les villes du nord pendant leur congé annuel, conformément à l’ordonnance précitée.»
Selon certains observateurs de la scène locale, ces éducateurs veulent tout simplement saisir le retour du train, après une éclipse de 20 ans, pour rappeler à leur tutelle de leur restituer ce droit à la réquisition du transport par voie ferroviaire à l’occasion des grandes vacances, dont le règlement des factures, par la suite, était imputé sur le budget de leur ministère de tutelle.
Contacté, un groupe d’enseignants dira : «Nous nous heurtons, chaque année, à des problèmes d’insuffisance de crédits de paiement pour nous faire rembourser nos frais de voyage du congé annuel.
Le retour à la réquisition de transport mettra fin à ces tracasseries de remboursement et permettra aux enseignants de ne pas être lésés, tout le temps, dans un droit acquis depuis plus de 40 ans», ont souligné nos interlocuteurs, avant de poursuivre : «D’ores et déjà, il faut que notre tutelle envisage de réintégrer l’application de cet avantage, qui semble contenter tous les enseignants des régions du sud notamment et allège beaucoup les dépenses du budget de l’Etat consacré aux remboursements des frais de voyage.»
Ainsi, le retour du train dans la région du sud semble-t-il avoir réveillé la conscience de certains éducateurs et les pousse-t-il même à évoquer la restitution d’un droit acquis, dont tout le monde se souvient.
Par ailleurs, l’absence de structures touristiques devant accueillir spécialement les enseignants des régions du sud pendant leurs vacances annuels fait que beaucoup de ces éducateurs ne se déplacent pas, préférant rester chez eux supporter l’épreuve des grandes chaleurs caniculaires.
Le comité des œuvres sociales du secteur de l’Education n’a jamais pensé à construire une quelconque structure devant accueillir ces enseignants, lors de leurs congés dans les villes du nord, en dépit de son budget conséquent, grâce au ponctions de 3 %, opérés sur leur masse salariale, qui l’alimente, nous a signalé un syndicaliste de ce secteur.
Un éducateur a besoin de changer un peu d’air, d’effectuer un voyage quelque part pour faire un décrassage après une longue année de labeurs et d’efforts pour que, à la rentrée des classes, il se trouvera en excellente forme, a relevé notre interlocuteur.
Pour d’autres, l’enseignant est un fonctionnaire au même titre que tous les fonctionnaires et, à ce titre, il doit savoir s’organiser et planifier son congé et le payer de sa poche puisqu’il est payé comme tous les travailleurs. Il faut qu’il s’abstienne à demander toujours l’aide et l’assistanat des pouvoirs publics. Il doit compter, en premier lieu, sur lui-même et uniquement sur lui-même.
En tous les cas, les éducateurs du sud restent victimes des aléas climatiques et de la position géographique de leur région, qui ne les gâte guère et les pousse toujours à se demander pourquoi eux n’ont pas les mêmes privilèges et avantages que leurs homologues du nord. C’est du moins le sentiment d’injustice qu’éprouvent beaucoup d’enseignants.
Bahadji Hadj