Après la reformulation de l’article 87 bis, SNMG : grandes promesses, petits gains

Après la reformulation de l’article 87 bis, SNMG : grandes promesses, petits gains

À la faveur de cette redéfinition, ne seront concernées que les catégories de 1 à 3 qui percevront respectivement des augmentations oscillant entre 2 650 et 220 DA. Des broutilles, en somme.

Le nouveau décret portant redéfinition du SNMG commence à susciter des interrogations et des débats parmi les travailleurs et leurs représentants qui s’attendaient plutôt à son abrogation pure et simple. En l’absence d’explication et de débat autour de cette nouvelle disposition qui intervient dans une conjoncture marquée par la baisse du prix pétrole et la dégradation du pouvoir d’achat, les nouvelles dispositions du décret du 8 février sont diversement appréciées. Si pour certains, cette nouvelle redéfinition est un pas en avant pour d’autres, c’est “la montagne qui accouche d’une souris”, à l’image du syndicat Snapap qui a qualifié, hier, ces nouvelles dispositions, dans un communiqué de “fausses promesses”, arguant que cette redéfinition ne va, en fait, toucher que les catégories de 1 à 3 de la Fonction publique et non de 1 à 8 comme annoncé. “Les fonctionnaires classés aux catégories 1 à 3 vont percevoir respectivement 2 650,01 DA, 1 495,75 DA et 220,00 DA d’augmentation selon la nouvelle définition du SNMG”. Les syndicalistes du Snapap s’interrogent sur le silence des pouvoirs publics qui n’ont pas donné assez d’explications sur cette redéfinition en entretenant le flou sur le nombre des travailleurs qui bénéficient de ces augmentations. Le Snapap se prépare, selon son communiqué, à organiser une grève pour dénoncer ce qu’il a qualifié de “faux engagement” des pouvoirs publics. De son côté, le Cnapest, dont peu de fonctionnaires sont concernés par cette disposition, s’est montré prudent et réservé. Selon M. Larbi Nouar, coordinateur de ce syndicat, il y a crainte de tassement des salaires pour les basses catégories et leur dérèglement. D’autres syndicalistes, notamment de l’UGTA, ont salué cette initiative en soulignant que, contrairement aux affirmations du Snapap, des milliers de fonctionnaires seront touchés par ces augmentations. Cependant, certains d’entre eux disent ne pas en avoir fait la lecture pour juger de leur vrai impact sur les salaires des travailleurs. Pour Nouredine Bouderba, spécialiste des relations de travail et ancien membre du bureau de la fédération des pétroliers, si cette redéfinition constitue une avancée certaine par rapport à la situation actuelle, il n’en demeure pas moins qu’elle reste injuste, particulièrement, pour les travailleurs exerçant dans des conditions pénibles et dont le salaire gravite autour du SNMG, explique-t-il. Contrairement à ce qui a été annoncé, le secteur public économique n’est nullement concerné par cette “redéfinition”, c’est surtout le secteur privé qui sera le plus concerné. Mais en l’absence de conventions d’entreprise et de syndicats, les travailleurs exerçants dans ce secteur auront du mal à faire respecter cette nouvelle disposition, ajoute-t-il. Qualifié en 2005 par l’ancien chef de gouvernement “d’injustice”, l’article 87 bis qui devait être aboli en 2006 n’a été en fait que redéfini, contrairement à ce qui été annoncé par de nombreux responsables de l’UGTA alors que l’ex-ministre du Travail, Tayeb Louh, n’a cessé de parler de “redéfinition du SNMG”. Ses propos qui avaient provoqué, à l’époque, une vive polémique se sont avérés justes. Le spectre des tassements de salaires des travailleurs des basses catégories a été toujours une crainte pour le gouvernement et les syndicats, à moins que le gouvernement ne prenne la décision de revoir à la baisse l’IRG (impôt sur le revenu global), qui ne coûte rien à l’État, pour booster davantage les salaires et rectifier une injustice qui a été toujours décriée par l’UGTA. L’on se rappelle que la Centrale syndicale avait affirmé, selon un document en notre possession : “Il est inadmissible qu’un commerçant, professionnel, artisan, ou petit industriel, réalisant des revenus nettement supérieurs aux salariés, payent un impôt égal, voire parfois moins que le salarié.” Mais cette revendication, chère à l’UGTA, a été, curieusement, “oubliée” depuis.

M. T.