Quelques jours après une grève d’une journée enclenchée par le bâtonnat d’Alger pour dénoncer les violations des droits de la défense, le ministre de la Justice a tenu à répondre indirectement à ce mouvement tout en estimant que «les avocats sont des partenaires à part entière dans le travail judiciaire».
Alors que la corporation des avocats semble enfin décidée à faire face à toutes les menaces qui mettront en péril notre métier ainsi que l’atteinte de l’exercice du droit de défense, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Charfi Mohamed, a tenu à «rendre justice» au rôle et à la place qu’occupe ce corps dans son secteur. Ne s’inscrivant vraisemblablement pas dans l’agenda ordinaire de Charfi, cette déclaration plutôt «calmante» intervient quelques jours après la grève d’une journée observée par les avocats pour dénoncer «la dégradation continue et dangereuse des conditions d’exercer la profession d’avocat».
Outre cette situation catastrophique du secteur, le boycott des audiences de la cour d’Alger a été pris notamment suite à l’incident survenu lors d’une affaire criminelle. Un différend qui a eu lieu entre le président du tribunal criminel près la cour d’Alger, le juge Hellali et le bâtonnier de la même juridiction,
Me Abdelmadjid Sellini. Les meneurs de cette manifestation n’écartent pas, par ailleurs, un durcissement du ton et les recours à d’autres mouvements plus larges pour s’insurger contre les multiples formes d’atteinte au droit de la défense. Pour sa part, le ministre de la Justice n’a pas manqué de souligner l’importance du rôle que jouent les avocats dans ce secteur.
C’est à l’occasion d’une visite de travail qu’il a effectuée jeudi à Tlemcen que le ministre a indiqué, que «les avocats sont des partenaires à part entière dans le travail judiciaire aux côtés des juges». Le ministre s’est adressé à de jeunes avocats pour leur expliquer la nature des relations devant exister entre tous les intervenants dans le travail judiciaire. «Les avocats ont une lourde tâche à assumer et doivent aider et conseiller les magistrats pour le bien des justiciables», a-t-il souligné dans ce contexte. «Les relations responsables que doivent entretenir magistrats et avocats et la complémentarité de toutes ces compétences permettront à la justice algérienne d’être plus crédible», a-t-il ajouté.
Ces propos n’auront, par ailleurs, pas à dissuader les avocats de faire marche arrière et de se taire sur la situation préoccupante de l’exercice de leur métier.
Il est à signaler dans ce sens, que l’assemblée générale des avocats du barreau d’Alger, prévue mercredi au siège de la Centrale syndicale n’a pas eu lieu. Elle est renvoyée au 11 mai. Les membres du bureau du barreau d’Alger expliquent ce report avec l’autorisation de la wilaya d’Alger qui n’a pas reçu le préavis à temps. Autrement dit, le partenaire social des avocats compte bien revenir à la charge et avec des mouvements plus larges à l’avenir. C’est ce qui sera décidé, en fait, lors de la prochaine assemblée générale des avocats prévue pour le 11 mai prochain.
Yasmine Ayadi