Après la fin de la grève des enseignants, Le business du rattrapage

Après la fin de la grève des enseignants, Le business du rattrapage
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Le spectre de l’année blanche estompé

Les parents d’élèves craignent que certains enseignants, peu scrupuleux, profitent du retard accumulé pendant cette grève d’un mois pour se remplir les poches avec les cours de soutien.

Après plus d’un mois de grève, les élèves reprendront aujourd’hui les cours. Le spectre de l’année blanche estompé, c’est le rattrapage du retard accumulé lors de cette grève qui inquiète les élèves et leurs parents.

Pis, ils craignent que certains enseignants, peu scrupuleux, profitent de l’aubaine pour se remplir les poches avec l’augmentation du volume des cours de soutien. Et ainsi, faire de ce rattrapage un business très juteux! «Déjà pendant la grève, certains enseignants grévistes profitaient de la situation pour faire plus de cours privés et avoir ainsi plus d’argent. Je vais plus loin en vous disant que certains assurent des cours particuliers dans les établissements», dénonce Ahmed Khaled président de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves (Unape). «Au lieu d’être dans les piquets de grève, ils se faufilaient vers des garages ou des maisons de particuliers pour y donner des cours privés», soutient M.Khaled. «Ils ne faisaient grève que pour l’enseignement public, dans les écoles privées de soutien scolaire où chez les particuliers, il n y avait pas de grève», ajoute M.Khaled qui précise cependant qu’il ne faut pas généraliser ce constat sur tous les enseignants. «Il y a encore certains qui ont encore une conscience professionnelle», précise t-il.

Néanmoins, ce constat fait durant la grève, laisse croire que ceux qui ont fait de l’enseignement un commerce, ne rateront pas l’occasion! Mais les parents joueront-ils le jeu? «Que voulez-vous qu’ils fassent? Il faut se mettre à leur place surtout si leurs enfants

sont en classes d’examens», rétorque t-il. Pour Ahmed Khaled, le pire dans cette histoire, est le fait que cette situation risque surtout de pénaliser les élèves dont les parents disposent de moyens limités, qui selon lui, représentent 70% de nos élèves. «Il faut savoir que ces cours de soutien scolaire ne sont pas donnés. Ils sont même excessivement chers. Une séance d’une heure pour une seule matière varie entre 200 et 1500 DA.

Ce qui représente 6000 DA pour quatre séances par mois. Vu la médiocrité des cours assurés en classe et le laisser-aller de certains enseignants, les élèves sont contraints de suivre des cours de soutien dans quatre, jusqu’à cinq matières. Ce qui revient en moyenne entre 24.000 et 30.000 DA par mois. Cela dans le cas des cours individuels. Concernant les cours par groupe, il faut compter 2000 à 5000 dinars par mois, et cela pour tous les paliers confondus», atteste t-il. «De ce fait, les parents d’élèves issus des couches sociales défavorisées se retrouvent dans l’impasse. Sans payer des cours à leurs enfants, ils ne rattraperont pas le retard accumulé.

C’est un peu comme du chantage», poursuit-il non sans donner un exemple concret. «Rien que la semaine dernière, on m’a fait part du cas d’une institutrice de troisième qui a dit à ses élèves de venir faire des cours chez elle, s’ils veulent mieux travailler…», dénonce t-il.

De ce fait, il dénonce le manque de contrôle de la tutelle qu’il appelle à réglementer ces cours de soutien dans le cadre des établissements pédagogiques. «Il faut ouvrir les établissements scolaires hors des heures de cours, et permettre aux enseignants qui désirent effectuer des heures supplémentaires, pour aider les élèves, à rattraper leurs lacunes. Tous les élèves auront droit à ces cours de soutien quels que soient les moyens de leurs parents. Ce sera réglementé, ils seront payés en heures supplémentaires, et nous, les associations des parents d’élèves on est prêts à financer ces heures supplémentaires», assure-t-il. «C’est la seule solution pour mettre fin au commerce des études et mettre à chance égales tous les élèves…», conclut-il.