Après la fermeture d’El Watan TV, mettre un terme à l’ambiguïté qui caractérise le secteur de l’audio-visuel

Après la fermeture d’El Watan TV, mettre un terme à l’ambiguïté qui caractérise le secteur de l’audio-visuel

La chaine de télévision privée, El Watan a fait l’objet d’une fermeture lundi en fin de matinée par la police qui a agi sur ordre du wali d’Alger, suite à une demande du ministère de la communication. « Ce matin des policiers se sont présentés au siège, ils ont demandé aux journalistes de prendre leurs effets personnels et de quitter l’endroit, raconte, en larmes Imane B, journaliste à la rubrique culturelle, nous avons essayé de les empêcher d’agir mais ils nous ont évacué de force et ont mis les scellées sur la porte d’entrée ».

Devant le siège de la télévision situé à Draria, un véhicule de la police était encore visible, au moment de notre passage. « les choses se sont déroulés dans le calme, nous avons remis l’ordre de fermeture au directeur qui était en présence de son avocat », explique pour sa part une source policière.

Même si les 140 travailleurs de cette chaine, non agrée officiellement et proche de la mouvance islamiste, ont du mal à accepter cette décision de fermeture, ils s’y attendaient depuis quelques temps. En effet, El Watan TV est allée très loin en diffusant un entretien avec l’ex chef terroriste de l’AIS Madani Mezrag. Ce dernier menaçait carrément le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, après que ce dernier lui a clairement signifié qu’il ne pouvait créer son parti politique.

« Le Président est dans un état qui ne lui permet pas de prendre des décisions. Il s’était déjà trompé sur notre compte en 2009 dans un discours à Oran. Notre réponse a été très forte et aujourd’hui le Président refait la même chose. Quelle que soit la partie ou le conseiller qui est derrière, il nous oblige de lui répondre avec virulence. On va lui rappeler notre réponse de 2009, et s’il ne revoie pas sa position, il va entendre parler de moi ce qu’il n’a jamais entendu auparavant », menaçait-il.

LG Algérie

Il est vrai que les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation ont fait croire à l’ex égorgeur des militaires qu’il pouvait revenir sur la scène politique, comme si de rien n’était. Cependant, il faut souligner cette grave faute politique commise par Ahmed Ouyhaia, en recevant sous les ors de la présidence Madani Mezrag, en tant que personnalité nationale, dans le cadre des consultations sur la révision de la constitution. Ce qui a sans doute fait croire qu’il pouvait revenir sur la scène politique.

En juillet dernier Maadani Mezrag avait tenu clandestinement une université d’été dans la région de Jijel où il avait annoncé devant ses ex partisans son intention de créer un parti politique, le « Front Algérien pour la réconciliation et le salut » (FARES).

Cela étant, c’est la deuxième fois que les autorités ferment une télévision privée, après la chaîne Atlas TV. Cette fermeture d’El watan TV, qu’on dit proche du MSP, pose le problème de l’ambiguïté qui caractérise le secteur de l’audio- visuel en Algérie. En effet, il y a des chaines des droit étranger, qui ont des autorisations d’émettre, mais il en existe d’autres qui n’ont aucune existence légale, mais qui sont tolérées, tant qu’elles ne dérangent pas. C’est le cas d’El Watan TV qui a visiblement franchi la ligne rouge en offrant son plateau à un ex chef terroriste qui avait froidement revendiqué la décapitation de jeunes militaires algériens, allant même jusqu’à dire qu’il ne regrettait rien et qu’il était prêt à refaire la même chose, ce qui n’est ni plus ni moins que de l’apologie de terrorisme.