Aprés la énième mise en garde de la revue el-djeïch à la presse, Messieurs les militaires, arrêtez avec votre morale, nous sommes assez mûrs

Aprés la énième mise en garde de la revue el-djeïch à la presse, Messieurs les militaires, arrêtez avec votre morale, nous sommes assez mûrs

L’ANP, à travers un éditorial paru dans la revue El-Djeich, s’en est pris violemment à certains articles de presse, les qualifiant de papiers d’agitation et de surenchère.

Avant toute chose, l’ANP a voulu préciser que cette approche concerne «essentiellement» l’ensemble de la presse nationale, sous toutes ses formes, qu’elle soit publique ou privée», car il est de son devoir d’accorder de l’importance aux questions d’intérêt national et de traiter les événements de manière positive sans verser dans l’agitation et la surenchère».

La revue mensuelle de l’ANP a, hier, dans son éditorial du numéro de novembre, pour la célébration de la Journée nationale de la presse (22 octobre), relevé l’importance de promouvoir une information «objective» et «sincère» par les acteurs de la scène médiatique.

«L’ensemble des partenaires sur la scène médiatique est appelé à promouvoir et à développer une information objective et sincère, reposant sur l’information véridique, précise, vérifiée, laissant le domaine du commentaire, de l’analyse, libre et ouvert au débat», est-il écrit dans l’éditorial.

Et de poursuivre sur un ton menaçant : «L’information crédible est celle qui évite les jugements définitifs sur la base de convictions propres ou de visions et de positions personnelles, il incombe à l’information, quatrième pouvoir, de ne pas s’ingérer dans les prérogatives (des autres pouvoirs) et de les remplacer (…) bien au contraire, il doit les aider, coopérer et coordonner avec eux».

Cette mise au point destinée à l’ensemble de la presse nationale est elle nécessaire et en vertu de quoi l’armée se donne-t-elle le droit de jouer au moralisateur de la vie politique nationale, de l’information, de la justice ou de tout autre domaine en relation avec les activités ayant lieu à l’intérieur des frontières du pays ?

L’armée est garante de la sécurité du pays et doit le protéger de tout danger pouvant émaner de l’extérieur. Son rôle doit se limiter à ça, elle ne doit en aucun cas s’ingérer dans le débat politique car en étant l’armée de tous les Algériens, quelle que soit leur couleur politique, elle doit adopter une position de neutralité.

N’est-elle pas aujourd’hui devenue une armée professionnelle et qu’a ce titre, elle doit exercer ses fonctions de gardienne des institutions du pays et de la sécurité nationale du pays. Pourtant, l’ANP n’avait pas pour habitude de donner des leçons à la presse nationale ou de tenter de la caporaliser. Jamais l’ANP n’a osé hausser le ton avec une telle virulence.

La presse a payé un lourd tribut durant la décennie noire avec son lot de martyrs et a apporté sa contribution à la neutralisation et à l’élimination du terrorisme. Cette sortie médiatique de l’ANP n’est pas fortuite. Elle est même étrange au vu de la tournure que prennent les choses.

A la veille d’une élection présidentielle des plus incertaines, l’ANP n’aurait-elle pas du déclarer sa neutralité ? Si la chronique du journaliste d’El-Khabar, Saâd Bouakba «Noqtat Nidham» (Point d’ordre) a irrité au plus haut point le ministère de la Défense nationale, il est de son droit de répondre à ce confrère ou à se réserver le droit de «poursuites judiciaires» contre le journaliste sans pour autant mettre dans le même sac tout le monde.

Ce ne sont pas tous les journalistes qui ont ironisé sur l’armée ou sur une prétendue «campagne tendancieuse menée par certaines plumes contre l’institution militaire ces derniers temps».

Hocine Adryen