Après la démission forcée de Hosni Moubarak,Le monde salue la victoire du peuple égyptien

Après la démission forcée de Hosni Moubarak,Le monde salue la victoire du peuple égyptien

Sitôt la nouvelle de la démission de Hosni Moubarak connue, alors que la veille encore il affirmait sa volonté de terminer son mandat, les déclarations se sont multipliées à travers le monde pour se féliciter du dénouement de 18 jours de manifestations grandioses, riches en rebondissements et violemment réprimées au début.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui s’est réjoui que “la voix du peuple ait été entendue”, a affirmé “suivre le développement de la situation” et a appelé, une nouvelle fois, à “une transition transparente et pacifique” vers la démocratie et un “retour rapide à un pouvoir civil”.

Les pays occidentaux ont salué sans réserve le départ du raïs, mais se sont montrés plus réservés, parfois même inquiets, sur le devenir du pays, l’ensemble des pouvoirs étant désormais concentrés entre les mains de l’armée. “Le peuple égyptien a parlé, sa voix a été entendue et l’Égypte ne sera plus jamais la même”, a déclaré le président américain Barack Obama, très présent le long du soulèvement qui a fini par emporter Moubarak. “Les Égyptiens ont clairement dit que rien ne serait acceptable à part une démocratie véritable”, a-t-il ajouté. Et d’appeler l’armée à assurer “une transition crédible aux yeux du peuple égyptien”, avant de prévenir que des “jours difficiles” pourraient s’annoncer pour le pays. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a salué la démission du président égyptien, qui ouvre la voie à “des réformes plus rapides et plus profondes”. Elle a proposé l’aide de l’Union européenne pour accompagner l’Égypte dans la construction de sa démocratie et a demandé que “tous les abus” constatés lors du soulèvement populaire fassent “l’objet d’enquêtes”. Pour le président français Nicolas Sarkozy, la démission de Moubarak a été “une décision courageuse et nécessaire” et a qualifié le moment d’“historique”, avant d’exprimer le vœu de la France de voir les nouvelles autorités égyptiennes s’atteler à “l’établissement d’institutions démocratiques issues d’élections libres et transparentes”.

La chancelière allemande Angela Merkel, l’une des toutes premières à avoir réagi, tout en se félicitant du départ de Moubarak, a demandé “au régime futur égyptien qu’il poursuive le processus de paix au Moyen-Orient en s’en tenant au traité conclu avec Israël”, insistant sur la nécessité que “soit garantie” la sécurité de l’État hébreu. Le Premier Ministre britannique David Cameron a insisté, de son côté, pour que l’Égypte aille “vers un gouvernement civil et démocratique”.

La plupart des autres pays européens ont réagi en saluant la victoire du peuple égyptien et en émettant le vœu d’une démocratisation du pays, tandis que la Suisse a publié une ordonnance demandant aux banques de geler les avoirs éventuels de Moubarak et de son entourage. En Russie, les autorités semblent gênées et aucune réaction officielle n’a été enregistrée dans la soirée de vendredi, sinon celle du ministre des Affaires étrangères appelant au “rétablissement de la stabilité” suite “aux derniers évènements”, sans avoir mentionné la démission du raïs.

Le chef de la diplomatie turque a félicité le peuple égyptien et souhaité qu’“un système répondant à (ses) attentes voie le jour”. Dans les pays arabes et musulmans où souffle le vent de la révolte, exception faite de l’Iran qui appelle de ses vœux à une république islamique d’Égypte, le Qatar qui a émis le souhait de voir l’Égypte continuer à jouer son rôle de leader dans la région et les Émirats arabes unis qui se sont déclarés confiants en la capacité de l’armée égyptienne à diriger le pays, les autorités officielles ont fait preuve d’une grande discrétion. A contrario, les peuples, eux, n’ont pas caché leur joie de voir les Égyptiens réussir une entreprise qui semblait pharaonique.

Le Hezbollah libanais, le Hamas palestinien et les Frères musulmans jordaniens ont, pour leur part, clairement exprimé leur satisfaction. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, lui-même égyptien et potentiel candidat à la succession de Moubarak, a salué le “changement historique en Égypte”, et appelé au “consensus national”. En Israël, enfin, on estime que “le moment est trop crucial pour se livrer à des commentaires à chaud”, selon un responsable, qui a requis l’anonymat, et qui a néanmoins exprimé le vœu que la transition en Égypte, et éventuellement chez ses voisins, se fasse “sans secousses”. Au total, les réactions ont été nombreuses et globalement positives. Il n’en demeure pas moins que l’ombre de certaines craintes se glisse derrière le propos aux apparences lisses.

Pour les Égyptiens eux-mêmes, malgré l’euphorie de la victoire, la crainte est réelle de voir leur révolution dévoyée. Soit par la reconduction de l’ancien système à peine revu et corrigé, soit par l’émergence d’un pouvoir théocratique. Pour Israël et ses alliés occidentaux, une poussée islamiste représenterait un danger dont ils n’osent même pas imaginer les conséquences. Pour les régimes arabes et islamiques, enfin, c’est l’avènement de la démocratie en Égypte qui prendrait des allures de catastrophe.