Après la défaite de l’équipe nationale: La responsabilité de la FAF et la grosse tête de Benchikha

Après la défaite de l’équipe nationale: La responsabilité de la FAF et la grosse tête de Benchikha
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L’ancien sélectionneur national Rabah Saâdane n’a jamais cessé de clamer que l’Algérie n’a pas d’équipe nationale. Il le disait quand l’équipe était au sommet de sa forme, au lendemain de sa qualification à la coupe du monde. Saâdane ne cessait pas de lancer des appels pour se «mettre au travail», faisant allusion à «l’importation» des joueurs pour l’équipe nationale.

L’équipe d’Algérie était bâtie sur du faux dans la mesure où la FAF n’a pas mis en place une stratégie lui permettant de disposer d’un grand nombre de joueurs à sélectionner en équipe nationale. Il s’agissait pour la FAF de parer au plus pressé, mettre sur pied à la hâte une équipe nationale en prévision d’échéances proches. Le résultat est, on ne peut plus, patent avec cette raclée prise contre le Maroc.

LA FAILLITE DE LA FAF

La défaite contre le Maroc vient ainsi confirmer que l’équipe nationale était l’arbre qui cachait la forêt. La qualification en coupe du monde s’est transformée en un leurre entretenu par les responsables de la FAF.

L’Algérie avait pu se qualifier au Mondial grâce à la volonté politique. Les plus hautes autorités de l’Etat s’étaient impliquées suite au caillassage du bus de l’équipe nationale au Caire. Il s’agissait d’une question de dignité nationale et il fallait accompagner cette équipe pour la qualifier au Mondial.

La stratégie a été payante et les joueurs ont pu se surpasser pour décrocher une qualification historique. Les responsables de la FAF et du football algérien ont cependant exploité cette situation à leur profit, sans pour autant continuer sur cette lancée par une dynamique qui aurait pu maintenir le football au sommet.

Pis encore, la FAF s’est mise pour à «démolir» tout ce qui a été entrepris depuis l’époque de de Saâdane, pour ainsi dire. Après le Mondial, la FAF a tout fait pour pousser Saâdane vers la porte de sortie. Elle a désigné Abdelhak Benchikha qui rêvait d’occuper le poste d’adjoint de Saâdane. C’est dire que l’équipe nationale mondialiste était d’un gros calibre pour Benchikha dont le palmarès demeure vide.

ABSENCE DE DTN ET DE FORMATION

Après sa démission, Saâdane s’attendait à être désigné au poste de responsable de la direction technique nationale (DTN) de la FAF. Une manière d’éviter la cassure au sein de l’équipe nationale, mais aussi d’apporter toute son expérience et savoir-faire au football algérien. Au contraire, la FAF a oeuvré sans relâche à effacer toutes les traces de Saâdane, allant jusqu’à réhabiliter les joueurs qu’il avait écartés de la sélection pour faute extrêmement grave.

Il est inconcevable pour un pays mondialiste de ne pas disposer d’une DTN, laquelle est considérée comme la colonne vertébrale de tout le système de développement et de formation. Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, s’était engagé au lendemain de son élection à recruter des compétences pour la DTN, «même s’il fallait aller les chercher du Japon», avait-il déclaré.

Or, la FAF demeure toujours sans DTN et l’équipe nationale s’est contentée de sélectionner des joueurs formés en France. Pis encore, les joueurs de l’équipe nationale des cadets qui avaient participé à la phase finale de la coupe du monde de la catégorie au Nigeria ont carrément disparu dans la nature. Aucun de ces joueurs n’a été promu en équipe nationale A.

Le même sort sera certainement réservé aux joueurs de la sélection olympique, la FAF préférant se tourner vers l’Europe pour des raisons qui demeurent mystérieuses. Le joueur Amir Sayoud que le Ahly du Caire n’a pas lâché et qui a fait oublier aux supporters cairotes le talentueux Aboutrika est également ignoré, malgré toute sa classe. Sayoud n’évolue pas en Europe et ne ferait pas les affaires de la FAF.

Quant à la formation au niveau national, les efforts consentis vont dans le sens de casser tout ce qui est entrepris, comme ce fut le cas du technicien allemand Peter Schnittger qui avait formé des entraîneurs ayant fait leurs preuves à l’exemple de Cherif El Ouazzani, Menad, Laradji ou Meddane. Schnittger, qui avait fait plusieurs pays d’Afrique, a été poussé par la FAF à quitter l’Algérie. Il nous disait à l’époque que «la FAF n’aimait pas les compétents».

BENCHIKHA SACRIFIÉ POUR CALMER LES ESPRITS

La démission de Benchikha est loin d’être une solution dans la mesure où il n’est qu’un fusible utilisé par la FAF. La «démission» de Benchikha nous rappelle celle de Djadaoui à l’époque du président de la FAF Omar Kezzal, quand l’Algérie a été battue par l’Egypte 5-2 au Caire.

On avait effrayé Djadaoui qui avait quitté l’équipe nationale dans la précipitation. Il en est de même pour Benchikha qui avait déclaré à la fin du match contre le Maroc qu’il allait prendre une décision à son retour à Alger. Mais dans la nuit de samedi à dimanche, il lui a été demandé de démissionner pour calmer les esprits. Il voulait certainement apporter ses vérités concernant la gestion de l’équipe nationale, mais il a été poussé vers la sortie.

Affaire à suivre… Or, avec ou sans Benchikha, le mal de l’équipe nationale demeure le même. Il faut, au passage, reconnaître à Benchikha son honnêteté puisqu’il a déclaré «assumer le résultat et prendre tout sur son dos». Ce qui ne semble pas être le cas de la FAF qui ne veut pas reconnaître son échec.

L’ÉQUIPE NATIONALE VICTIME DU CONFLIT FAF-MJS

Ce qui arrive à l’équipe nationale est, en partie, une conséquence des relations conflictuelles entre le ministère de la Jeunesse et des Sports avec la FAF.

Pour rappel, le MJS avait instruit la FAF d’engager un entraîneur étranger de renom en janvier dernier. Le ministère s’était engagé à prendre en charge le salaire de l’entraîneur étranger. Mais la FAF avait préféré désigner Benchikha, prétextant «faire confiance aux compétences nationales». En vérité, il s’agissait pour la FAF de s’opposer au MJS, lequel s’était opposé à son tour au limogeage de Saâdane après le Mondial sud-africain

Aussi, à la FAF où les injonctions dans les affaires de l’équipe nationale sont une réalité, la venue d’un coach étranger n’arrangerait pas les affaires des responsables de la Fédération. Aussi, il est incompréhensible qu’une fédération où l’argent coule à flots n’engage pas un technicien de renom pour l’équipe nationale et un responsable pour la DTN. On préfère le bricolage au professionnalisme. La débâcle de l’équipe nationale au Maroc en est la douleureuse conséquence.

Kamel Mohamed