Après la déconstruction organique, Le FLN menacé d’implosion

Après la déconstruction organique, Le FLN menacé d’implosion

Une vue du dernier congrès

Saâdani a décidé de jouer le tout pour le tout et tenté un coup de force pour s’offrir un congrès à sa mesure.

Pris à son propre jeu, l’actuel secrétaire général du FLN se sent, pour conserver son poste, dans l’obligation d’agir vite, au risque de provoquer une situation inédite au sein du parti. Vraisemblablement surpris par la montée de la contestation au niveau de la base militante du parti, Amar Saâdani s’engage dans une course contre la montre pour conserver sa mainmise sur le parti.

Il sait parfaitement que pour s’assurer le contrôle du FLN, la meilleure chose à faire est d’en renouveler les structures pour en éloigner les cadres protestataires. Un pari difficile à imaginer pour un parti comme le FLN, mais Saâdani, qui donne l’impression d’être acculé, a décidé de jouer le tout pour le tout et tenté un coup de force pour s’offrir un congrès à sa mesure et renforcer son contrôle sur les instances dirigeantes du FLN.

A voir l’évolution des rapports de force au sein du comité central et du bureau politique, le passage en force est la seule alternative pour l’actuel secrétaire général du parti, dont les jours à sa tête sont désormais comptés, au regard de la grogne qu’il suscite à tous les niveaux de responsabilité du FLN.

En plus d’une année de responsabilité, Saâdani a mis en place son réseau et l’on a vu cela à travers l’autre «passage en force» à l’échelon local, à travers l’installation de mouhafadhas au mépris des règles régissant le parti. La «déconstruction» organique, méthodiquement opérée par l’actuel patron du FLN, donne à ce dernier des leviers à utiliser lors du prochain congrès pour prendre de court ses contradicteurs et placer «ses hommes» aux instances de commande du parti.

Il reste que la célérité mise dans l’organisation des assises du FLN amène à penser que la lutte sera rude pour les places de congressistes. Entre aujourd’hui et la fin de la confection des listes de représentants des militants qui auront leurs sièges à la Coupole du 5 Juillet, une lutte acharnée fera rage dans les instances locales du FLN.

Les observateurs de la scène nationale et notamment ceux qui connaissent bien le vieux parti, s’attendent à des bagarres, sans doute bien plus féroces que celles déjà vécues par le FLN par le passé.

En effet, l’enjeu n’est ni programmatique, ni simplement organique. Il s’agira d’imposer l’hégémonie d’un clan au détriment de la base militante du parti. La lutte sera d’autant plus rude que la multiplication des mouhafadhas jette un voile de suspicion sur les militants. Qui aura le droit de siéger au congrès? Qui représente qui? et d’autres interrogations sans réponse en raison de la «déconstruction» organique feront sortir la guerre interne dans la rue.

Pareil scénario serait la plus mauvaise chose qui puisse arriver au FLN, mais aussi au pays. Jouer sur la stabilité du premier parti du pays, c’est manifestement mettre le pays dans une position d’équilibre instable. Cette perspective que beaucoup d’observateurs estiment réaliste, est justifiée par la tension qui couve au sein du FLN et que l’annonce du congrès aura tôt fait d’exacerber.

Cela, au moment où le gouvernement passe par une période, disons-le, difficile. Le malaise latent qui semble concerner l’Exécutif avec toutes les attaques que beaucoup de ministres subissent de la part de l’opposition, est un facteur aggravant de la crise que Saâdani a provoquée en décidant unilatéralement de fixer la date du congrès du FLN au 28 mai prochain.

En définitive, en voulant conserver coûte que coûte son poste à la tête de la première formation politique du pays, Amar Saâdani passe outre toutes les règles écrites et non écrites et se lance dans une aventure solitaire qui met son parti sur le fil du rasoir et lui fait prendre un gros risque, celui de la dislocation. Le rendez-vous est pris. Le compte à rebours a commencé.