Les législatives du 10 mai dernier ont pratiquement mis hors circuit les islamistes qui depuis 1996, date de leur entrée au gouvernement, ont pris l’habitude de prendre part à la gestion des affaires publiques. Leur déroute a été d’autant plus ressentie qu’elle survient sous le printemps dit arabe, qui partout ailleurs a consacré la victoire des islamistes.
Pour autant pour ne prendre que l’exemple du seul Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Bouguerra Soltani, on se rend compte que ce parti a préservé presque son score des législatives de 2002 où il avait obtenu
7 % des sièges. On peut donc supposer que la part qui revient au MSP dans le cadre de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV)
laquelle avait obtenu 10,39 % des sièges, se rapproche sensiblement de ces 7 %, les 3, 39 % restant, pouvant revenir aux deux autres membres de l’AAV, à savoir El Islah et Ennahda. Mais par rapport aux législatives de 2007 où le MSP était crédité de 9,71 % des sièges, le reflux devient plus perceptible, puisque ce taux recoupe à peu près celui obtenu non pas par le seul MSP, mais par les trois formations réunies. La défaite islamiste n’est donc nullement réductible et imputable au score que cette tendance a pu obtenir, mais plutôt comme on vient de le voir au fait que la conjoncture internationale a permis ailleurs des victoires de ce courant par la voie démocratique. Les islamistes eux-mêmes ont montré qu’ils croyaient beaucoup en ce printemps dit arabe. Le MSP est allé jusqu’à se retirer de la coalition pour ensuite créer l’Alliance de l’Algérie verte à l’effet de parer à la dispersion des voix. L’échec cuisant qu’ils ont essuyé est donc proportionnel à toute cette circonspection qu’ils ont mise pour prendre part aux législatives du 10 mai 2012. Tout le monde est donc en droit de s’attendre à ce que les autorités tirent à leur tour les conclusions qui s’imposent. Les réformes qu’elles entendent poursuivre, devraient donc ne plus suivre la logique des scores, étant donné que ce sont ces mêmes scores qui ont permis par le passé au MSP d’imposer ses valeurs conservatrices et rétrogrades à la société. La signification à prêter aux résultats des législatives du 10 mai dernier, doit être donc mise sous le signe du choix contraire à celui entériné par Ennahda en Tunisie et les Frères Musulmans en Egypte. Théoriquement, le Parlement n’aura à avoir aucun écueil pour faire passer les réformes allant dans le sens du progrès : abolition ou amendement du code de la famille, réforme du système éducatif afin d’asseoir une école citoyenne et faire tarir la matrice idéologique de l’islam politique, qui prétend réglementer le mode de vie des Algériens jusqu’à contrôler leur tenue vestimentaire et leurs mœurs au quotidien. Du reste, l’irruption massive de l’élément féminin dans l’assemblée est de nature à légitimer les mesures allant dans le sens de la protection de la famille et des enfants, un dossier autrefois défendu par une réunion presque exclusivement formée par les hommes. Sinon rien ne servirait d’élire des femmes si ce n’est pour avoir une incidence zéro sur la direction du parti sur la liste duquel elles se sont présentées. Leur intégration dans le système de représentativité parlementaire devrait être interprétée à l’aune de leur perception spécifique des problèmes de la société qu’à leur appartenance à un parti donné.
Par : Belkacem Laoufi