Pour lui, les subventions accordées aujourd’hui indistinctement devraient être plus ciblées pour bénéficier uniquement aux franges nécessiteuses de la société. De même que certains projets d’infrastructures doivent être abandonnés.
La dégringolade du prix du pétrole, qui fait réagir de plus en plus spécialistes et observateurs, ne préoccupe pas moins le Conseil national économique et social (Cnes) de Mohamed Sghir Babès.
Lors d’un point de presse tenu, hier, en marge d’une rencontre internationale sous le thème : “Les mécanismes institutionnels pour le suivi de l’équité sociale et l’amélioration des politiques publiques”, co-organisée avec l’Unicef, à Alger, M. Babès a reconnu que la chute du prix du pétrole risque de se répercuter “négativement” sur le développement de l’Algérie dont l’économie est basée à 98% sur la rente pétrolière. “La chute du prix du pétrole risque d’engendrer des effets négatifs et/ou inhibiteurs sur notre économie, donc sur le développement du pays”, a souligné le président de cette institution consultative, non sans insister sur la nécessité d’œuvrer désormais à repenser l’économie nationale en procédant à sa diversification et de booster la production des biens, des services et de la valeur ajoutée, de façon à ne plus dépendre exclusivement des hydrocarbures. “Si la crise (chute du prix du pétrole, ndlr) venait à persister, il est évident que nous devons revoir notre politique dépensière et, pourquoi pas, commencer par revoir les subventions de l’État aux produits de consommation, tels que le lait, la semoule et bien d’autres produits”, a suggéré le président du Cnes, pour qui cette subvention doit se faire de manière ciblée.

Il s’explique : “On ne peut pas continuer à subventionner autant de produits sachant que cette subvention ne sert pas forcément les citoyens ; elle encourage plutôt le gaspillage et la fuite des produits subventionnés vers les pays voisins.” D’où sa recommandation de “cibler des catégories à subventionner”. Rappelant les politiques sociales “extrêmement poussées” menées, depuis l’Indépendance, par les gouvernements successifs, M. Babès avertit que la période de la “manne financière n’est pas éternelle” et que “le temps est venu pour aller vers une vraie économie diversifiée”. “Nous suivons avec attention tout ce qui se passe sur le marché du pétrole”, a ajouté le président du Cnes, insinuant sur la nécessité de penser, désormais, à freiner les investissements, notamment dans les infrastructures de base, dont les coûts sont souvent trop élevés et sans retour sur investissement. Paradoxalement, M. Babès juge que “si la situation se dégrade, on sera davantage acculé à mettre l’accent sur la nécessité d’équité sociale”. Il explique que la diversification de l’économie permettra la création d’emplois et la fondation d’une économie basée sur le savoir et la connaissance, laquelle engendrera inévitablement l’équité sociale.
Comment éliminer les iniquités sociales ? Quels mécanismes institutionnels faudrait-il mettre en place à même de permettre le suivi et l’amélioration des politiques publiques devant prendre en charge les inégalités au sein de la société ? Quelles stratégies faudrait-il adopter pour accroître le développement économique et social du pays ? Ce sont autant de questions auxquelles tenteront, d’ailleurs, de répondre les invités du Cnes à l’occasion de ce symposium international qui s’étale sur deux jours (hier et aujourd’hui, ndlr).
En quête de mécanismes institutionnels devant œuvrer à l’élimination des inégalités sociales, M. Babès compte s’inspirer de l’expérience de certains pays de la région Mena et d’Amérique latine, notamment le Mexique avec qui une “convention de partenariat” est d’ores et déjà annoncée.
F .A