Sous l’angle de l’investissement direct étranger, celui des alliances stratégiques dans le secteur des hydrocarbures, les échanges économiques entre les deux pays restent en deçà des attentes.
Les résultats de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau traduisent la densité des échanges entre l’Algérie et la France. Les deux parties ont exprimé la volonté de renforcer la coopération dans différents domaines : sécuritaire, économique, enseignement supérieur, recherche, énergie, culture… L’accent est mis sur la poursuite des efforts en matière de
formation, notamment la mise sur pied de quatre grandes écoles, dont le management, la logistique, l’économie industrielle avec le concours de la France.
Cette coopération touche en profondeur les bases d’un développement économique durable, fondé sur la réindustrialisation du pays : la formation de ressources humaines qualifiées, services de qualité d’accompagnement à l’entreprise : métrologie, normalisation, contrôle de qualité grandes écoles de formation professionnelle (l’une dédiée à l’automobile), grande École des arts et métiers.

C’est là, la main de maître Jean-Louis Levet, délégué par la partie française pour booster les relations économiques entre les deux pays. Il a bien vu que cela passait par une coopération algéro-française de qualité pour rehausser le niveau de l’université algérienne, les grandes écoles, renforcer la recherche scientifique à travers les échanges de chercheurs, la mise en place d’instruments qui manquaient dans l’environnement de l’entreprise algérienne. Au tableau rose également, l’invitation à une colocalisation réciproque. En termes simples, les entreprises algériennes sont autorisées, côté français, à s’implanter en France ou à reprendre des entreprises françaises en faillite.
En dépit de tous ces efforts, nous sommes encore loin du partenariat d’exception recherché par les deux parties. Commençons par l’investissement : peu d’entreprises françaises ont parié sur l’avenir de l’industrie algérienne en injectant de gros montants dans des projets industriels. Sanofi et Lafarge font partie des exceptions. Également, peu d’entreprises françaises dans les secteurs stratégiques, si ce n’est la vente d’équipements ou de services. Il reste à espérer qu’avec l’intérêt d’Airbus pour le montage d’hélicoptères en Algérie, la tendance sera inversée. Que des accords, à l’instar d’Alstom avec Ferrovial, pour le montage de tramways se multiplient.
Dans le secteur des hydrocarbures, Sonatrach et Total n’ont pas pu trouver d’accord sur la réalisation du complexe vapocraquage d’éthane d’Arzew et le développement du gisement de gaz de l’Ahnet au Sud-Ouest. Alger ne comprend pas également le refus de la France d’un accès de Sonatrach au marché français en contrepartie d’actifs pétroliers en Algérie. Là aussi, on est loin d’un partenariat stratégique entre les deux pays.
Il est clair, aujourd’hui, que le renforcement de la relation économique entre les deux pays passe par la diversification en matière de partenaires. Il est positif que l’Algérie soigne son partenariat avec la France tout en développant ses échanges économiques avec l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Chine, les États-Unis, la Turquie et le Portugal. Il y va du développement rapide de l’industrie algérienne. Avec l’Allemagne, l’Algérie a entrepris un processus de montage de véhicules industriels sous la marque Mercedes et des engins de travaux publics de marque Liebherr, des tracteurs avec les Américains, des navires avec les Chinois, des produits sidérurgiques avec les Turcs.
L’Algérie a également intérêt à développer les partenariats industriels avec d’autres pays émergents comme le Brésil, l’Argentine et l’Inde, si elle veut réduire sa dépendance à l’égard de ses principaux partenaires économiques.
Mais pour profiter de toutes ces opportunités de partenariat, il convient de surmonter les obstacles que connaissent nos entreprises : un climat des affaires encore défavorable, une bureaucratie trop pesante et les lenteurs à dynamiser le tissu industriel.
K. R