A quelque chose malheur est bon le marché du GPL, dont les prix à la pompe sont maintenus à un niveau incomparablement inférieur à celui du gasoil ou encore du sans-plomb, retrouve une seconde jeunesse. Grâce à l’aide de l’État, à hauteur de 50% du coût total, des installateurs ont du travail. C’est la ruée des conducteurs. Les ventes de kits connaissent un réel essor. Est-ce pour autant que les a priori ont disparu ? Qu’en pensent les utilisateurs ? C’est ce que nous avons voulu savoir.
Hamid, 58 ans, retraité des assurances : «Le GPL, une bonne affaire ? C’en est une très bonne !»
Naïla, 36 ans, employée de bureau : «J’hésite par peur»
«Depuis deux ans, je ressens effectivement l’effet prix du carburant sur mon budget. Pourtant, j’hésite encore à franchir le pas. Je me suis même déplacée chez un installateur pour faire le devis. 55 000 DA m’avait-il demandé, subvention incluse. Pourtant, ce qui me rebute n’est pas tant la dépense que cette crainte à traîner dans mon coffre une bonbonne de gaz sous pression.
L’installateur a eu beau me rassurer sur la fiabilité des kits équipés de soupapes de sécurité, j’ai toujours à l’esprit les images des accidents domestiques provoqués par les bouteilles de gaz butane. C’est bête, mais c’est ainsi. Moins grave mais tout aussi important, c’est la dimension de la bouteille, quasiment plus de coffre !»Salim, 48 ans, commerçant : «Le GPL, c’est bien, des stations en nombre, c’est encore mieux»
«Je roule en GPL depuis deux années, mais mon réservoir d’essence est toujours plein. C’est vrai que le coût de rouler au gaz de pétrole liquéfié est incomparable avec l’essence, mais cela n’empêche pas d’avoir un œil attentif sur l’aiguille du niveau d’essence. Si le réseau se densifiait plus, ce serait parfait parce que là, il faut connaître toutes les stations équipées au risque de se retrouver en panne sèche. C’est pour moi le seul désagrément mais apparemment Naftal semble accélérer la cadence. Il y a de plus en plus de stations qui sont équipées», déclare Salim qui revient sur ses craintes premières à s’équiper en GPL. «dans les années 90, j’y ai songé mais à chaque fois je faisais marche arrière. A cette époque où l’insécurité était partout, les automobilistes roulant au gaz se faisaient contrôler à tous les barrages et même plusieurs fois par jour. Pour moi, c’était exclu quand bien même la sécurité n’avait pas de prix. A ce jour, certains réflexes persistent encore. Je vous donne l’exemple de nombreux parkings couverts ou à étages qui nous sont refusés comme ceux des centres commerciaux ! Ce n’est pas normal, non ?»Halim B., 29 ans, installateur de kits GPL : «L’économique prend le dessus sur l’écologique et les concessionnaires devraient s’y mettre»
Halim B., ingénieur électronicien, travaille chez l’un des 100 installateurs homologués par l’Aprue, l’agence gouvernementale en charge de mener le plan de conversion des véhicules dans le cadre du programme national de rationalisation de la consommation de l’énergie. Pour lui, «certes, le GPL n’est pas la solution qui réglera le problème des transports ni de la facture d’importation des carburants dans les années à venir. Mais c’est certainement l’une des solutions qui permettra de diminuer la dépendance et de dégager un plus de pouvoir d’achat aux citoyens pris au cou par toutes les augmentations de ces dernières années. Parmi beaucoup d’autres alternatives, actuellement, c’est la seule qui soit opérationnelle d’autant que les transports en commun n’offrent pas encore assez de confort et de régularité», croit savoir Halim avant de nous révéler que «la préoccupation environnementale n’est pas le motif premier des clients qui viennent nous voir». «Elle n’est même pas listée. Par contre, je dois rassurer les automobilistes qu’à version égale, un modèle d’occasion au GPL est vendu au même tarif, souvent plus cher, que son homologue à essence. Un moteur GPL est un moteur propre et qui le reste longtemps», ajoute-t-il. Par ailleurs, Halim attire l’attention sur les concessionnaires qui trouvent toujours prétexte à faire sauter la garantie des véhicules convertis. «Les seuls problèmes restent que les constructeurs n’en proposent pas de série bien que cela soit de vigueur dans d’autres pays, y compris les leurs. Je pense que s’ils s’y mettaient, le client gagnerait en confiance par rapport à toutes les idées reçues sur le GPL. Cela accélèrerait le processus.»Farida, déléguée médicale : «N’hésitez pas, sautez le pas !»
«J’en viens presque à regretter toutes ces années et ces sommes gaspillées en essence. Je suis déléguée médicale, par conséquent appelée à faire trois à quatre fois plus de kilomètres que la moyenne. Je suis tout le temps sur les routes et croyez-moi en GPL ou en essence, cela se ressent sur la bourse. Je roule au GPL, mon véhicule s’en porte très bien. Bientôt 190 000 km sans aucun problème. Fiabilité excellente et réseau de distribution en amélioration. J’ai amorti mon investissement. J’en suis totalement ravi. L’économie est évidente surtout pour ceux qui roulent beaucoup. Certes, il faut préparer les déplacements. Avant de faire ce choix, j’ai longuement hésité et j’ai donc consulté pendant des mois différents avis autour de moi et forums sur le net : il n’y a pas de doute, les avis favorables sont largement plus nombreux que les rares avis négatifs. Si j’ai une recommandation, ce serait celle-là : n’hésitez pas, sautez le pas !»
