La tension persistait hier à Sanaa où les rebelles chiites armés contrôlaient des bâtiments publics tandis qu’une grande confusion entourait l’accord de paix signé la veille sous l’égide de l’ONU.
Signe d’une certaine accalmie, les habitants avaient commencé hier à sortir dans les rues de la capitale. Ils étaient restés terrés chez eux ces derniers jours en raison des affrontements meurtriers ayant opposé les rebelles aux miliciens affiliés au parti islamiste sunnite Al-Islah, selon l’AFP. Après des semaines de présence dans et autour de Sanaa, les combattants de la rébellion d’Ansaruallah, dits houthis, ont mené dimanche une offensive fulgurante et pris plusieurs bâtiments publics et militaires sans résistance des forces armées et de sécurité.
Ils étaient toujours déployés lundi aux entrées du siège du gouvernement, du Parlement et du QG du commandement général des forces armées, selon l’AFP. Des barrages étaient dressés sur les axes routiers y menant. La prise de contrôle de ces sites stratégiques a montré l’extrême fragilité du régime au Yémen, un pays limitrophe de l’Arabie saoudite confronté à une multitude de défis, dont l’essor d’Al Qaîda et un mouvement séparatiste dans le Sud. Sur les sites contrôlés à Sanaa, les combattants houthis côtoyaient des militaires, ont constaté les témoins.
«Nous travaillons côte à côte avec Ansaruallah pour protéger les bâtiments publics et préserver les biens du peuple», a expliqué un officier de la police militaire, le commandant Mehdi, en poste dans un quartier où se trouve la radio de l’Etat, contrôlée par les rebelles. Des houthis ont cependant perquisitionné dimanche soir et hier matin des résidences de personnalités du parti Al-Islah et du général Ali Mohsen al-Ahmar, un influent officier militaire et ennemi numéro un d’Ansruallah, a-t-on appris de sources concordantes.
Le maire de Sanaa, Abdelqader Hilal, a annoncé dans la nuit sa démission pour protester contre l’insécurité dans sa ville après que des houthis armés aient saisi sa voiture à un point de contrôle, selon des responsables. Les rebelles ont par ailleurs acheminé des renforts en hommes armés dans la nuit dans le nord et le nord-ouest de la capitale où ils campent depuis plus d’un mois, ont indiqué des sources tribales.
Ils ont décidé de renforcer leurs positions bien que des représentants d’Ansaruallah aient signé dimanche au palais de la présidence de la République un accord de paix censé mettre fin à la crise politique et au rétablissement de l’autorité de l’Etat dans la capitale. Destiné à trouver une issue à la crise politique, cet accord conclu en présence de l’émissaire de l’ONU Jamal Benomar, prévoit une cessation «immédiate» des hostilités, la nomination sous trois jours d’un nouveau Premier ministre et la formation dans un mois d’un nouveau gouvernement. Mais son application est rendue très incertaine par le refus des rebelles de signer l’annexe sécuritaire du document.
Le porte-parole d’Ansaruallah, Mohamed Abdessalam, a expliqué que son groupe ne signerait pas cette annexe tant que les autorités n’auront pas présenté des excuses pour la mort de partisans des rebelles lors d’une tentative d’assaut contre le siège du gouvernement début septembre. Par ailleurs, le démantèlement des campements des rebelles dans et autour de Sanaa ne doit intervenir qu’ «avec le début de la formation du nouveau gouvernement», selon le texte de l’accord publié à Sanaa.