La banque française Société Générale a présenté ses excuses au peuple et à l’Etat algériens suite à sa diffusion par ses soins d’un CD jugé «obscène, insultant et irrespectueux» envers l’Algérie et son peuple.
Toutefois, il convient de relever que le mea-culpa de la filiale algérienne de la banque française est passé inaperçu puisque publié dans une revue mensuelle. Cette publication, même si elle est crédible, a un impact et une diffusion limités. Ce qui est considéré par certains milieux comme une insulte supplé mentaire à l’égard de l’Etat et du peuple algériens.
La gravité des faits reprochés à Société générale Algérie (SGA) est telle que les excuses de celle-ci auraient dues être diffusées à grande échelle, «via par exemple un communiqué officiel qui serait diffusé dans l’ensemble des titres de la presse nationale et même à la télévision et à la radio», estiment ces milieux. Cet état de fait a d’ailleurs été relevé par notre confrère El-Khabar, dans son édition d’avant-hier.
Les faits remontent au mois de mai dernier. Société Générale organisait une grande réception pour célébrer ses dix années –très rentables, du reste – d’exercice en Algérie. Etaient présents à la cérémonie les «grands clients» de la banque, ses partenaires, ses cadres et employés algériens et étrangers. Au cours de cette rencontre, un CD censé relater le bilan de SGA a été distribué aux participants. Ceux-ci furent grandement surpris en découvrant son contenu plus tard.
«En fait, ce CD est un procès en règle qui est fait à l’Algérie, à ses dirigeants et à la politique économique menée par le gouvernement», écrivait notre confrère le Maghreb, quelques jours après cet incident.
«Mieux, ce CD est agrémenté de photos obscènes qui portent atteinte à la dignité des Algériens et des Algériennes particulièrement», relatait encore le même journal qui précisait que «la réaction d’une partie des cadres algériens travaillant dans cette banque et du comité de participation a été immédiate, et les systèmes informatiques ont été bloqués durant deux jours (de grève, NDLR), causant un arrêt de travail de toutes les agences bancaires».
Selon El-Khabar qui se réfère au placard «d’excuses» publié par SGA, le complot des CD insultants a été monté par le responsable de l’agence étrangère de publicité et de communication, Euro RCG en l’occurrence, partenaire de SGA, avec la connivence du directeur commercial de celle-ci.
Le responsable d’Euro RCG serait, selon la même source, «un étranger portant plusieurs nationalités» et qui aurait été expulsé d’Algérie après cette affaire. Deux enquêtes ont été ouvertes, l’une interne à SGA et l’autre par les autorités algériennes, pour déterminer les tenants et les aboutissements d’un tel agissement.
Dans tous les cas, Société Générale a fait preuve d’ingratitude. En effet, SGA a vertigineusement fructifié ses affaires depuis qu’elle s’est installée en 2000 en Algérie. En témoignent ses chiffres pour les trois dernières années.
Elle a, en effet, réalisé un résultat de 900 millions de DA en 2007, 1,4 milliard de DA en 2008 et près de 2,5 milliards de DA en 2009. Un pactole amassé grâce notamment aux crédits à la consommation – des produits français surtout – et sans aucun investissement notable dans l’économie nationale.
S. T.