Après avoir mené des attaques contre une base syrienne : Washington conditionne la solution politique par le départ d’El-Assad

Après avoir mené des attaques contre une base syrienne : Washington conditionne la solution politique par le départ d’El-Assad

Pas de solution politique en Syrie avec Bachar al-Assad. C’est ce qui émane des déclarations de l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley. « Il n’existe aucune option où une solution politique pourrait intervenir avec Assad à la tête du régime », a estimé, hier, Mme Haley sur CNN. La porte-voix de Trump change à son tour de ton, et de paroles, sur fond d’un revirement qui n’en est pas forcément un.

«Si vous regardez ses actions, si vous voyez la situation, ce sera difficile de voir un gouvernement stable et pacifique avec Assad», a-t-elle ajouté, non sans faire du changement du régime syrien une quasi-certitude. «Nous pensons qu’un changement de régime est quelque chose qui va arriver », a-t-elle d’ailleurs encore dit dans cette perspective, ajoutant toutefois que Washington est aussi focalisé sur la lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI) et sur la fin de l’influence iranienne.

Une sortie diplomatique sans doute assez musclée et qui pourrait présager d’un renversement déjà programmé du président syrien par l’usage des armes dans le sillage des attaques menées vendredi par les forces américaines contre une base aérienne syrienne. Une stratégie qui, si elle venait réellement à être mise en place, renverrait inexorablement la planète à l’heure interminable des escalades menées par la coalition en Irak et en Libye pour le même motif, préfabriqué, de l’impasse politique.

Pour sa part, le secrétaire d’État américain Rex Tillerson place la défaite de l’EI au-devant des priorités de son pays, selon l’extrait d’un entretien accordé à CBS. «Une fois que la menace de l’EI aura été réduite voire éliminée, je pense que nous pourrons alors tourner notre attention directement vers la stabilisation de la situation en Syrie », a-t-il déclaré. Les thèses américaines sous l’ère naissante de Trump rejoignent donc celles qui prévalaient sous Barrack Obama, lorsque ce dernier répétait souhaiter le départ d’Assad.

A la veille des déclarations faites par Mme Haley et M. Tillerson, Bachar el-Assad avait affirmé, via le site de la présidence iranienne, que «l’attaque américaine intervient après les défaites lourdes des terroristes et leur désagrégation. Elle constitue un effort pour leur donner du moral et affaiblir le peuple et l’armée syrienne ».

El-Assad venait de recevoir une nouvelle fois le soutien de l’Iran par la voix de son président, Hassan Rohani. « La nation iranienne se tient aux côtés de la nation syrienne dans la lutte contre le terrorisme et la sauvegarde de l’intégrité territoriale de la Syrie », a déclaré Rohani samedi soir selon un communiqué de la présidence iranienne.

Il a ajouté que les « allégations selon lesquelles Assad serait derrière cette attaque chimique sont sans fondement et ont été créées par des groupes rebelles pour influencer l’opinion publique mondiale ». La veille, les chefs des armées russe et iranienne ont exprimé leur volonté de poursuivre leur coopération militaire en soutien au président Assad, «jusqu’à la défaite totale des terroristes et de ceux qui les soutiennent».