Une attitude intrigante lorsqu’on sait que les autorités algériennes ont eu à réagir pour bien moins que cela.
Après avoir exposé Abdelaziz Bouteflika à la risée des médias français, les responsables algériens s’enveloppent dans un silence troublant, voire coupable.Silence radio du côté du Palais d’El-Mouradia. Silence radio aussi du côté du Palais du gouvernement, au moment même où les images de l’audience accordée par le président Abdelaziz Bouteflika au Premier ministre français, Manuel Valls, donnent matière à plaisanterie dans les médias français. Une attitude intrigante lorsqu’on sait que les autorités algériennes ont eu à réagir pour bien moins que cela, notamment l’illustration d’un article publié dans le quotidien Le Monde, par la photo du chef de l’État.
Le contenu de l’article ne remettait pas en cause Abdelaziz Bouteflika, mais son entourage immédiat, cité dans le scandale planétaire d’évasion fiscale Panama Papers, à l’exemple du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb. Le gouvernement avait alors réagi sur-le-champ, dénonçant une “atteinte au prestige du président de la République”. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait convoqué l’ambassadeur de France à Alger, Bernard Emie, pour protester contre “une campagne de presse hostile à l’Algérie et à ses institutions”. Il a même été exigé que “des autorités françaises qualifiées marquent clairement leur réprobation de cette campagne”. Des tensions qui ont failli d’ailleurs provoquer l’ajournement du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) algéro-français tenu samedi et dimanche, à Alger. Mais, dès son retour à Paris, le Premier ministre français, Manuel Valls, a publié sur son compte tweeter, une photo de son audience avec le président Abdelaziz Bouteflika.
Quelques minutes après, c’était déjà le buzz sur les réseaux sociaux. Les médias français ont remis la machine en branle, notamment France Inter où une chronique à la limite “humiliante” a été réservée à la personne d’Abdelaziz Bouteflika. Du côté d’Alger, il n’y a eu que la presse et l’opinion publique qui se sont indignées. Quant aux officiels algériens, ils se sont distingués par un silence troublant, voire coupable. Coupable en ce sens que les Algériens ont surtout accablé de leurs reproches l’entourage du Président, pour l’avoir exposé de la sorte à la caricature outrancièrement négative des médias français.
Très fatigué, le regard hagard, le geste lent et l’air absent, Abdelaziz Bouteflika donnait l’apparence d’être dans les “vapeurs”, ne réalisant pas trop à l’évidence ce qui se passait autour de lui. Et dans leurs commentaires, dans la rue comme sur les réseaux sociaux, les Algériens considèrent qu’on n’avait pas à présenter le Président dans une telle posture. Maintenant que le mal est fait, ce sont l’image de l’Algérie, mais aussi le “prestige” du Président qui en prennent un coup sérieux. Étrangement, la réputation de l’Algérie comme celle de son Président ne semblent pas, cette fois-ci, préoccuper les décideurs. Après la forfaiture, il y a eu comme une attitude irresponsable.