Le commandement général du réseau Al-Qaïda a confirmé, à travers un communiqué daté de mardi et diffusé vendredi par des sites islamistes, la mort de son chef Oussama ben Laden au cours d’une opération menée par un commando américain au Pakistan dans la nuit de dimanche à lundi.
“Oussama ben Mohamed ben Laden a été tué (…) par les balles de la trahison et de l’apostasie”, écrivent les auteurs du communiqué, qui s’engagent à suivre “la voie du jihad” tracée par le chef disparu et assurent que “les soldats de l’islam vont poursuivre” leur lutte sans relâche “par groupes et individuellement”. Si “les Américains ont pu tuer Oussama”, ont-ils pour autant réussi à tuer ce à quoi il a “consacré sa vie”, s’interroge encore le texte, qui menace les États-Unis de représailles “à l’intérieur et à l’extérieur du pays”. Le communiqué annonce, par ailleurs, la diffusion prochaine d’un enregistrement sonore de Ben Laden s’exprimant sur les révolutions arabes, enregistrement auquel il aurait procédé une semaine avant sa mort.
Peu de temps après la diffusion du message, la Maison-Blanche a réagi en assurant qu’elle est “tout à fait consciente” du risque d’attentats contre ses intérêts et ses ressortissants et qu’elle est “extrêmement vigilante quant à cette éventualité”.
Au rang des pays occidentaux menacés, la France se situerait en deuxième position, juste derrière les États-Unis, si l’on croit les propos de Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur (DCRI). S’exprimant dans les quotidiens Libération et Le Monde, dans leurs éditions respectives des 6 et du 7 mai, il a estimé que les intérêts français, qui sont pour l’instant “attaqués à l’extérieur”, peuvent l’être “à l’intérieur”. La menace viendrait d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), parce qu’“il y a une proximité géographique, une histoire coloniale passée, et il y a ces allées et venues et ces liens familiaux entre des gens en France et d’autres dans les pays du Maghreb et du Sahel”. En somme, selon ce spécialiste de la sécurité et du renseignement, si “les Américains sont la cible numéro 1”, “la France (est) la cible numéro 2”. Pendant ce temps, la gestion chaotique de la communication des Américains après l’élimination de celui qu’ils se plaisent à qualifier d’ennemi numéro 1 continue à faire des vagues. L’ONU demande des précisions sur les circonstances exactes de la mort de Ben Laden, tant les nombreuses versions officielles sont contradictoires.
Beaucoup de pays européens “regrettent” que Ben Laden n’ait pas été capturé vivant pour être jugé, manière élégante de reprocher aux Américains de l’avoir abattu. De plus, des manifestations pro-Ben Laden et antiaméricaines ont eu lieu dans plusieurs villes pakistanaises vendredi.
En Égypte et même en Turquie, des islamistes ont manifesté devant les ambassades US. Il n’y a pas jusqu’aux descendants des tribus apaches qui ne se soient élevés contre le parallèle infamant établi entre leur héroïque ancêtre Geronimo et le chef terroriste Ben Laden.
C’est dire que si l’élimination du chef d’Al-Qaïda est un succès certain, salué comme il se doit aux États-Unis et un peu partout dans le monde, elle n’en améliore pas pour autant l’image de l’Amérique à l’extérieur.