Il a été remis à l’Algérie par les autorités britanniques «conformément aux procédures légales»
Hier à 17h15, une dépêche de l’APS annonçait sobrement sur une seule ligne que Abdelmoumène Khalifa a été remis aux autorités algériennes. C’était suffisant pour créer le branle-bas de combat à l’aéroport, mais aussi dans les rédactions et sur les télévisions privées.
Quelques minutes après cette dépêche, le ministère de la Justice confirme l’information dans un communiqué déjà prêt. L’ex-milliardaire est arrivé hier à Alger, à 18h dans le vol Londres-Alger. Il était accompagné de trois membres de la police judiciaire. Plusieurs dizaines de journalistes, de photographes et de cameraman étaient en attente à sa sortie de l’aéroport.
Il précise, notamment que Abdelmoumene Rafik Khalifa a été remis à l’Algérie par les autorités britanniques «conformément aux procédures légales et aux dispositions de la convention judiciaire» entre l’Algérie et le Royaume-Uni.

«Suite à l’épuisement de tous les recours auprès de la justice du Royaume-Uni et de la justice européenne, concernant l’extradition de M.Abdelmoumène Rafik Khelifa, la délégation (algérienne) qui s’est déplacée dimanche à Londres a finalisé toutes les procédures d’extradition pour la remise du concerné» a précise encore le communiqué du ministère de la Justice.
Annoncé pour le 27 décembre, Abdelmoumène Khalifa a été extradé plutôt que prévu. Condamné en mars 2007 à perpétuité par contumace par le tribunal de Blida pour sa responsabilité dans le plus grand scandale financier depuis l’indépendance, il a été notamment reconnu coupable d’association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux dans l’affaire de la faillite de Khalifa Bank.
Depuis l’annonce de son extradition, il y a une semaine, la justice algérienne était sur les dents. Le ministre de la Justice, Tayeb Louh, avait déclaré hier que l’Algérie a pris ses dispositions pour accueillir l’ex-magnat Rafik Khalifa qui devrait être extradé de Londres d’ici la fin décembre, et lui assurer un procès équitable.
Le ministre avait encore déclaré devant les députés de l’Assemblée populaire nationale: «Nous suivons cette affaire et mettons en place les procédures légales d’accueil de M.Khalifa et qu’il bénéficiera d’un procès équitable dans le cadre de la législation algérienne», a-t-il déclaré, tout en soulignant qu’il pourrait encore adresser un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme.
C’est le ministère de l’Intérieur britannique qui avait annoncé l’extradition de l’ex-magnat algérien, Rafik Khalifa, poursuivi par la justice française et algérienne pour banqueroute et détournement de fonds, et qu’il sera extradé d’ici la fin de l’année en Algérie après avoir épuisé ses recours au Royaume-Uni, a-t-il annoncé le 16 décembre dernier.
Le communiqué du Home Office avait notamment déclaré que M.Khalifa s’est vu refuser d’interjeter appel devant la Cour suprême le 3 décembre. Il va être extradé dans les 28 jours qui font suite à cette date. L’ancien golden boy est également réclamé par Paris, car Abdelmoumène Khalifa est poursuivi également en France pour banqueroute et détournement de fonds, la justice britannique l’avait arrêté en 2007 suite à un mandat européen délivré par la France.
Mais suite à plusieurs appels, il avait pu rester en territoire britannique. «Tous les recours de Rafik Khalifa» pour empêcher son extradition vers l’Algérie «ont été rejetés» par les autorités britanniques, a indiqué, pour sa part, lundi dernier la procureure-adjointe du tribunal correctionnel de Nanterre (région parisienne), Marie-Christine Daubigney, au cours d’une audience de procédure. Cette situation équivaut, selon elle, à une «décision définitive de la Grande-Bretagne» en faveur de l’extradition de l’ancien magnat algérien. Il devrait finalement être extradé vers son pays puisque la demande algérienne prévaut.
La Cour suprême ayant cassé en 2012 le jugement de 2007 suite à différents recours, M.Khalifa et 50 autres accusés doivent bénéficier d’un autre procès. Le procès en France du fondateur de l’empire Khalifa, poursuivi pour banqueroute et détournement de fonds, doit se dérouler du 2 au 20 juin 2014 devant ce tribunal. Rafik Khalifa s’est réfugié en Grande-Bretagne en 2003 quand a éclaté le scandale financier de Khalifa Bank et de plusieurs autres entreprises de son groupe.
En avril 2010, le ministère de l’Intérieur britannique avait autorisé son extradition, mais l’avocat de l’homme d’affaires avait introduit un appel auprès de la Cour suprême britannique suspendant cette décision.
Le procès en appel qui devait débuter le 2 avril 2013 à Blida (sud d’Alger), a été reporté à une date ultérieure en raison de l’absence d’accusés.
Selon Me Miloud Brahimi: «La durée pour la fixation d’une date du procès est indéterminée», précise-t-il. «La condamnation par contumace tombe automatiquement dès qu’il mettra ses pieds en Algérie. Il sera jugé seul. Toutes les personnes impliquées avec lui seront entendues, mais à titre de témoins parce qu’elles ont déjà été jugées», explique l’avocat.
Cette extradition de Abdelmoumène Khalifa intervient dans un contexte politique très flou, additionné à une élection présidentielle décisive pour l’avenir du pays.